"Depuis mon enfance, je suis hyper-empathique, je perçois très fortement les émotions des autres. Je viens d'une famille de Gordes, où il y a eu beaucoup d'éleveurs, de bergers et de gardiens de troupeaux, une famille où la relation avec les animaux fait partie du quotidien", explique Daniel Silvestre, fondateur de Lucky Horse.

En 1976, ses parents étant tombés gravement malades, il devient soutien de famille et, à 18 ans, commence à travailler dans le bâtiment. "En 1980, j'ai été embauché sur un chantier, très dur mais rémunérateur, de captation souterraine de rivières. Il y avait énormément d'accidents, et j'ai rapidement évolué vers des fonctions de prévention hygiène et sécurité." Il poursuit ensuite dans ce domaine, en rejoignant le chantier de la ligne D du métro de Lyon. "Pour exercer au mieux cette fonction, j'ai fait beaucoup de formations en cours du soir, en psychologie bien sûr, mais aussi en arts martiaux, qui apprennent la conscience et la maîtrise du corps."

Virage associatif

En 1988, Daniel Silvestre arrête ce travail de responsable hygiène et sécurité, crée un cabinet de psychothérapie, et s'investit bénévolement dans une association lyonnaise, qui s'efforce de populariser de nouvelles pratiques venues d'Extrême-Orient telles que le shiatsu, le yoga, mais aussi la psychologie.

"Très rapidement, j'ai commencé à travailler avec des personnes en situations difficiles, non-voyants, femmes victimes de violences, personnes en rupture professionnelle, prostituées, etc." Assez vite, l'association se déplace vers le Massif du Pilat, dans la Loire, pour amener les personnes en difficulté dans un environnement plus naturel. "Sortir de la ville, rencontrer la nature fait énormément de bien aux personnes en difficulté, notamment parce que cela leur permet de mieux et plus utiliser leurs sens", explique Daniel.

Fondation de l'équihomologie

En 1996, il acquiert à titre personnel une ancienne ferme à proximité de Saint-Étienne, et s'efforce d'y reconstituer la ferme de ses grands-parents, laquelle comptait nombre d'animaux, dont les chevaux. "Mon grand-père était réputé pour son travail d'éducateur avec les chevaux. Et très rapidement, quand j'ai eu chez moi quelques chevaux, j'ai retrouvé ces savoir-faire que j'avais vus exercer par mon aïeul."

Au début des années 2000, Daniel Silvestre décide de se consacrer pleinement aux chevaux. Il acquiert une centaine de chevaux semi-sauvages, apprend à communiquer et interagir avec eux dans leur milieu naturel. "C'est à ce moment-là que j'ai commencé à construire mon approche spécifique, l'équihomologie, que je définis comme étant la pratique, autant que l'étude, des relations entre l'homme et le cheval. Nous émettons, sans nous en rendre compte, un langage non verbal, fait de nos attitudes corporelles - gestes et postures - mais aussi des émotions que nous ressentons. Le cheval perçoit ce langage, et y réagit : il est donc le miroir de ce que nous émettons."

Retour dans le Vaucluse

Il donne conférences et spectacles, afin de faire connaître cette méthode alors que, dans le même temps, le film 'L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux', de Robert Redford, popularise l'équitation éthologique. Mais un grave accident de sulky, en septembre 2005, l'amène à vendre la ferme ainsi qu'une quarantaine de chevaux. Il décide alors de rejoindre son Vaucluse natal, et s'installe à Mazan en 2006, avec l'une de ses collaboratrices, Mathilde Charvin, spécialisé dans le tourisme équestre.

La SCEA Lucky Horse est créée en 2007, et propose autant une activité sociale autour de l'équihomologie qu'un travail de centre équestre classique. En 2012, les deux activités se disjoignent, Mathilde Charvin continuant à développer son centre équestre d'un côté du chemin d'Aubignan, tandis que Daniel Silvestre construit, de l'autre côté, le Lucky Horse actuel. Marion Vogel le rejoint pour développer l'association IsoFaculté, qu'elle préside. Sportive de haut niveau en athlétisme, professionnelle de l'ingénierie sociale, Marion Vogel développe en quelques années l'action d'IsoFaculté, et constitue une solide équipe professionnelle.

Aujourd'hui, le Lucky Horse et IsoFaculté assurent l'accompagnement de près de 600 personnes chaque année. "Femmes en difficultés, personnes en situation de handicap, mineurs sous-main de justice, auteurs de violences, personnes en addictions, demandeurs d'emploi, enfants placés... mais aussi pour la petite enfance et les seniors."

Pour chacun d'eux, autour de la relation avec le cheval, un parcours de formation et de sensibilisation vers une meilleure conscience de soi, de ses attitudes internes et de leurs conséquences sur leurs interactions avec les autres. "Nous avons construit récemment un espace d'accueil de séminaires, afin de proposer aussi nos prestations et notre approche spécifique aux entreprises, pour du team building par exemple, ou un travail sur l'exercice du management et du leadership", précise Marion Vogel. Car, à tous, les chevaux ont quelque chose à apprendre. 

19 ans d'existence à Mazan

600 personnes en difficulté accueillies chaque année

15 hectares de terrain

6 salariés

2 salles de séminaires de 20 m²