pernes-les-fontaines
Elles voulaient absolument travailler ensemble : leur amitié montée en graine a finalement donné une pépinière de petite surface, proposant des plants potagers, aromatiques et floraux, à Pernes-les-Fontaines.
d'Elfi Guenier et Ola Nowak
© Crédit photo : PN
Michel de Montaigne disait, au sujet d'Étienne de la Boétie, qu'ils étaient amis "parce que c'était lui, parce que c'était moi". Il en va certainement de même d'Elfi Guenier et Ola Nowak. Ces deux trentenaires sont amies depuis 11 ans, et la complémentarité naturelle entre elles deux en a fait les parfaites associées du futur Gaec 'Le jardin d'Elfi & Ola', à Pernes-les-Fontaines.
"Nous nous sommes rencontrées en 2012, dans un camping des gorges du Verdon, où nous étions toutes deux saisonnières", se souvient Elfi. "Je venais du Var, Ola de la région parisienne. Mais nous nous sommes tout de suite trouvées, et nous nous sommes rapidement aperçues que notre complémentarité nous permettait de vraiment bien travailler ensemble."
Pendant dix ans, elles vivent chacune de leur côté le parcours du combattant du jeune adulte en recherche d'un métier qui soit bien plus qu'un gagne-pain. "J'ai commencé par des études en gestion des entreprises", explique Ola Nowak, "puis j'ai travaillé dans le domaine du tourisme équitable et solidaire, avant de faire un master en géographie de l'environnement, spécialité agriculture et développement durable".
Elfi, de son côté, a commencé par l'histoire de l'art et l'anthropologie, avant de passer, elle aussi, un master en management des activités touristiques et culturelles. "Pendant ce master, j'étais en stage à Paris, hébergée chez la mère d'Ola. Nous avons passé beaucoup de temps à essayer d'imaginer quelle activité nous pourrions faire ensemble", explique Elfi.
Et puis le déclic se fait. Elfi, née dans une commune rurale, décide de passer un BPREA au Campus Louis Giraud, à Carpentras Serres. Elle fait son stage chez un maraîcher bio pernois, Frédéric Deloule, puis enchaîne par une série d'expériences de woofing dans diverses exploitations agricoles du Vaucluse. Dont celle de Félix Droin, à Venasque. "Félix cultive les pois chiches et l'épeautre et, à cette époque-là, il avait une activité de pépiniériste", se remémore Elfi. "Alors que je m'apprêtais à partir travailler en Amérique du Sud, il m'a dit qu'il cherchait un repreneur pour son activité de pépinière, car il voulait s'orienter vers la transformation et la restauration."
Elle part tout de même, d'abord pour le Mexique, puis le Pérou, où elle retrouve son amie Ola. "C'était en novembre 2018, nous étions ensemble, à des milliers de kilomètres de la France, et on s'est dit que c'était peut-être bien ça, le projet que nous pourrions monter ensemble", raconte Ola. "Et nous sommes revenues le mois suivant !"
En janvier 2019, les deux amies déposent leurs valises à Venasque, chez Félix Droin. "On est arrivécomme des fleurs, avec plein d'énergie. Il produisait environ 150 variétés, des fleurs, du potager, des aromatiques, ça nous semblait énorme. De plus, sa ferme est à 500 mètres d'altitude, avec des gels très tardifs." Elfi et Ola retroussent leurs manches, apprennent le métier sur le tas, sous l'œil protecteur et attentif de Félix. "Il veillait sur nous, mais nous laissait toute liberté aussi", se souvient Elfi.
Au printemps 2019, elles commercialisent leur production sur quatre foires, dans le Var, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. "Nous avons fait un bon chiffre, ça nous a rassurées." Elles décident alors de quitter Venasque pour aller planter leur serre à Pernes-les-Fontaines, sur un terrain de la famille Deloule, chez qui Elfi avait fait son stage de BPREA. "Là aussi, ça a été un apprentissage : monter la serre, installer des tables chauffantes, faire venir l'électricité, l'eau du canal de Carpentras. Mais on a réussi et, pour le printemps 2020, nous étions fin prêtes à proposer nos 200 variétés dans les foires qui nous avaient accueillies l'année précédente !"
Mais là, patatras : la pandémie de Covid-19, et ses confinements. "Toutes les foires ont été annulées. On s'est retrouvé au printemps, avec 20 000 plants que nous ne savions pas comment vendre...", se rappelle Ola. "Coup de chance, les plants potagers sont passés en produits de première nécessité, donc nous avions le droit de faire un point de vente, à condition qu'il respecte les distances de sécurité. On a fait jouer le réseau des amis maraîchers et les réseaux sociaux. Et il s'est trouvé que le public, à ce moment-là, a redécouvert l'intérêt d'avoir un jardin, ou quelques pots sur un balcon. Résultat, une file d'attente tous les mardis et les vendredis, et nos 20 000 plants écoulés avant même la fin de la saison".
Le succès se prolonge en 2021, au point d'amener les amies à monter une seconde serre, et à développer un catalogue en direction des professionnels. Aujourd'hui, elles font huit foires par an, plus la vente sur place. Elles vivent de leur activité, et parviennent aussi à se garder du temps pour se former, et vivre leurs vies de famille respectives. "De janvier à juin, nos compagnons et nos familles ne nous voient quasiment pas ! Mais après, ça se calme un peu", explique Elfi.
Après avoir été'Espace test agricole', puis salariées d'une Société coopérative de production (Scop), elles sont en train de monter leur Gaec. Et elles aimeraient, à l'avenir, proposer des ateliers pédagogiques pour initier le public aux joies des plantes et du monde végétal. Histoire, à leur tour, de susciter des vocations !
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