Vacances terminées, c'est le retour sur le banc de l'école pour les élèves et étudiants des lycées publics agricoles du département ! Les effectifs sont bons et se renouvellent, augmentant d'environ 4 % dans la région Paca. Chez certains, il y a de quoi se satisfaire.

"C'est bien, car nous nous sommes donné beaucoup de mal, nos actions ont payé. Si les dossiers sont tous confirmés, nous devrions être le lycée agricole public qui augmente le plus dans la région", s'enthousiasme Bertrand Lequette, directeur du Campus Provence Ventoux. Cette année, l'établissement passe de 298 à 337 élèves et le nombre de contrats d'apprentissage augmente également, avec près de 390 contrats, dont environ 70 en cours de signature.

Une tendance également observée par Éric Varnier, directeur de l'EPL de la Durance et des Sorgues (lycées Pétrarque à Avignon, et La Ricarde à L'Isle-sur-la-Sorgue) : "La bonne surprise, c'est l'augmentation en agroéquipement à l'Isle, où nous avons généralement des difficultés à accrocher les jeunes. Il y a sûrement un lien à confirmer avec les nouvelles technologies". Il faut dire que les deux lycées agricoles ont mis le paquet pour dynamiser et rajeunir leurs formations. Une mission endossée bien volontairement par les différents établissements du département.

À Orange, quelques places sont encore disponibles en BTSA ' Technico-commercial en vins, bières et spiritueux', "et les entreprises cherchent des apprenants", précise Marianne Desmis, chargée de communication de l'établissement.

La technologie, un outil parmi d'autres

Intégrer l'innovation au quotidien n'est pas devenu un objectif afin d'en faire le cœur des formations, mais plutôt de soutenir celles-ci dans leur relation à la nouveauté. "Nous ne devons pas être résumés à ça : nous n'allons pas soudainement remplacer nos enseignements. L'intégration de techniques innovantes est nécessaire pour accrocher de nouveaux étudiants. Elle donne une image différente de nos lycées, et est utile sur nos exploitations", affirme Éric Varnier. Une façon de dépoussiérer l'enseignement agricole auprès des élèves.

L'EPL de la Durance et des Sorgues s'est appliqué à adapter son offre, notamment avec l'apparition des drones dans ses cours. Hervé Munoz, formateur de l'Unité de formation par l'apprentissage (UFA) a ainsi pu passer son brevet de télépilote. Il donne aujourd'hui des cours aux jeunes des deux lycées, et intervient également auprès d'autres établissements, ainsi que de la Chambre d'agriculture. Si ce genre d'équipement a un coût, il apporte toutefois "une véritable valeur ajoutée au diplôme", assure le formateur.

Un drone multispectral avec caméra RGB et infrarouge rejoint d'ailleurs la flotte de l'établissement, avec les quatre simulateurs de conduite d'engins qui arrivent au compte-goutte. Une salle dédiée devrait être créée sur le site de La Ricarde.

Les autres lycées ne sont pas en reste. Le Campus Provence Ventoux dispose, par exemple, d'ombrières photovoltaïques sur un de ses vergers de cerisiers. Cette parcelle a récemment été visitée par une délégation du Conseil économique, social et environnemental (Cese) de la Région Sud. Un moment important d'après Bertrand Lequette : "Alors que nous avons eu un bilan très positif de notre forum Ventoux Futur, nous sommes très satisfaits de voir qu'une dynamique de réflexion est enfin lancée sur les panneaux photovoltaïques en agriculture. Cette visite en est la preuve !".

Enseigner en mode projet

Pour aller dans le sens des évolutions entamées ces dernières années, les établissements vauclusiens poursuivent la refonte de leurs enseignements. De plus en plus, les programmes passent en mode projet. "La rénovation des programmes se poursuit dans cette forme de pédagogie", assure Brigitte Bouvier, directrice du lycée viticole d'Orange baptisé, en avril, Pierre Le Roy de Boiseaumarié. Comme à l'habitude, les classes travailleront plusieurs matières pour mener à bien un projet spécifique.

C'est par exemple le cas avec la mise en place de la 30^e édition du Salon des vins d'Orange, qui aura lieu le samedi 25 novembre. Un événement anniversaire qui tournera autour de la gastronomie et l'art de vivre à la française, avec la présence de chefs de la Vallée du Rhône dont les noms sont encore gardés secrets... Le Château Mongin, l'exploitation du lycée, fêtera également ses 60 ans au printemps 2024.

Pour l'EPL de la Durance et des Sorgues, c'est le lancement d'une production de houblon et d'une micro-brasserie qui mobilisera à l'avenir toutes les filières. La production agricole se fera au lycée islois, la transformation et l'analyse à celui d'Avignon. "L'objectif est de faire travailler ensemble nos trois BTS, pour que chacun puisse comprendre l'intérêt de ce que font les autres", ajoute le directeur de l'EPL. L'étude de marché est achevée et le matériel nécessaire ciblé. Ne reste plus qu'à développer ce bel outil pédagogique. À La Ricarde, le mode projet pourra également s'organiser autour de chantiers collectifs, grâce à la connexion des simulateurs de conduite entre eux.

Travailler ensemble plutôt qu'en concurrence

Au-delà des élèves, ce sont les enseignants et les établissements eux-mêmes qui doivent travailler conjointement. "Aujourd'hui, il est question de travailler ensemble plutôt qu'en concurrence. Sur les salons, il s'agit par exemple de représenter l'enseignement agricole de la région, plutôt que de faire du chacun pour soi", affirme Éric Varnier.

À ce titre, les directeurs d'exploitation de la France entière se retrouveront pour leurs rencontres nationales annuelles au Campus Provence Ventoux, du 24 au 26 octobre. "C'est une très bonne chose que ces rencontres aient lieu. Les directeurs/trices se trouvent souvent seul(e)s et ont peu de temps pour rencontrer leurs pairs. Cette rencontre laissera une belle possibilité d'échanger sur le rôle pédagogique et l'expérimentation sur les exploitations", affirme Brigitte Bouvier. De son côté, Bertrand Lequette se réjouit d'accueillir la rencontre dans son établissement : "C'est une grosse logistique, certes. Mais c'est une belle image à renvoyer au niveau national, d'autant que des conférences autour de l'adaptation au changement climatique sont programmées, et que la thématique est vitale et doit être urgemment prise en compte à tous les niveaux. Ce sera un gros temps fort de notre année".

Des partenaires pour avancer

Pour continuer de développer les formations autant que les manifestations dans les établissements, chacun se plie en quatre pour trouver de nouveaux partenaires. "Nous continuerons de travailler avec le Festival d'Avignon et relancerons nos liens internationaux. Nous avons par exemple des projets avec La Galice, pour 2024, et allons renforcer l'anglais technique pour nos futurs techniciens commerciaux", liste Brigitte Bouvier.

Pour le lycée La Ricarde, c'est un tracteur pédagogique et sa valise de diagnostic qui seront mis à disposition, pour six mois renouvelables, par le fournisseur Michel Équipement. "C'est important de montrer l'équipement aux futurs agriculteurs, qu'ils sachent ce qui se fait au moment de leur installation", note Thierry Techer, directeur de l'UFA de l'EPL de la Durance et du Pays des Sorgues.

Pour tous, ces partenariats relèvent de la valeur ajoutée et permettent à de nouvelles formations d'émerger. Depuis cette rentrée, un bachelor'Biotechnologie et environnement' est, par exemple, monté entre le lycée Pétrarque et l'école Isara-Isema, et mène les jeunes étudiants vers les sciences de l'ingénieur ; de même, un BTS'Univers du jardin et des animaux de compagnie' et une option'Activités sportives de pleine nature' se développent à Carpentras. À Pierre Le Roy de Boiseaumarié, un nouveau BTS se prépare pour 2024, en parallèle du lancement du Viticampus Rhône-Orange. De quoi promouvoir un enseignement attractif à la pointe de l'innovation !