Petit épeautre de Haute-Provence
Le petit épeautre de Haute-Provence se fait un nom. Doucement mais sûrement, la céréale trouve sa place dans les productions céréalières du territoire et son ampleur s'agrandit. L'année dernière, sept producteurs ont rejoint le syndicat, apportant à l'IGP une trentaine d'hectares supplémentaires.
Quatre anciens présidents accompagnent Sandrine Faucou au Syndicat du petit épeautre de Haute-Provence. De gauche à droite : Aimé Faucou, Patrice Maronnier, Fabien Begnis et Étienne Mabille.
© Crédit photo : ML
Cette année, le cadre de l'assemblée générale du Syndicat du petit épeautre de Haute-Provence et son association de producteurs est exceptionnel ! Surplombant les plaines vauclusiennes sous l'œil bienveillant du Ventoux, et le regard porté sur les Dentelles, les producteurs se sont donné rendez-vous au château du Barroux, vendredi 12 mai dernier.
Pas de hasard dans ce choix de lieu : tenu de main de maître par la famille Vayson de Pradenne, il cache - dans ses salles basses - une malterie et une distillerie. Fanny et Jean-Baptiste1 y valorisent... le petit épeautre, évidemment, sous forme de whisky ! Pari risqué au pays du vin, que le couple relève brillamment. Le premier whisky arriva en 2025, un jeu de patience pour devenir, à terme, "une vitrine, tant pour le whisky que le petit épeautre", affirme Jean-Baptiste.
En attendant le délicat spiritueux, les néo-distillateurs se penchent déjà sur l'avenir de la filière, au contact de la start-up agroalimentaire 'Green spot technologies', venue tout droit de Nouvelle-Zélande, mais récemment installée à Carpentras. Au programme : la réflexion autour de la valorisation des déchets issus de la fabrication de whisky. "C'est une façon de fermer le circuit, et de construire véritablement une filière exhaustive et locale", poursuit-il.
Un joli préambule à cette assemblée générale qui rassemblait une quarantaine de participants (quorum atteint). Malgré une année 2022 très impactée par des conditions exceptionnellement sèches, le syndicat n'a pas à rougir de ses résultats.
"J'ai l'impression que les années se suivent et ne se ressemblent pas", lance Sandrine Faucou, présidente du syndicat depuis 2018. Covid, grève et inflation grandissante la laissent perplexe. Pour elle, la curiosité des événements entraîne un changement de paradigme. Elle perçoit dans la demande alimentaire une certaine contraction du marché bio - elle qui est également présidente de la commission qui se rapporte au label pour la Chambre régionale d'agriculture (CRA Paca) - mais aussi une demande assurée pour la céréale.
"Au niveau du marché, l'engouement pour le végétal et la diminution de la consommation de viande sont une opportunité. Il y a des enjeux forts dans la détermination de la valeur de notre produit et dans la traduction de celle-ci auprès des consommateurs", note la présidente.
Bien qu'équipés et préparés à répondre à la demande des consommateurs, "les aléas climatiques con- tinuer d'influer sur l'agriculture et notre production finale". Le plan filière dans lequel le syndicat est engagé - dans sa dernière année - a cependant permis d'avancer en finançant de nombreuses actions en 2022. Rencontres techniques, recherche de nouveaux producteurs au sein de l'aire géographique de l'Indication géographique protégée (IGP), avancement dans la modification du cahier des charges...
Les financements du plan de filière ont en effet permis au syndicat d'initier "une action nouvelle, ayant pour objectif de mieux appréhender les effets du changement climatique", explique Sandie Ricard, animatrice du syndicat. Des parcelles sont suivies selon la méthode de diagnostic 'Diagchamp' développée par Arvalis. Mais l'étude ressortant principalement lors de l'assemblée générale est celle de la modélisation de l'évolution d'indicateurs climatiques sur le territoire de l'IGP, en partenariat avec la Chambre d'agriculture drômoise.
Une question d'anticipation développée par Jean Champion, conseiller 'Grandes cultures' de la Chambre. "Il s'agit d'un travail important qui nous permet de créer une base de données éclairante, d'évaluer l'anticipation nécessaire pour l'avenir de notre culture, en vue de potentielles modifications du cahier des charges", estime la présidente.
Des audits, à la fois interne et externe ont, quant à eux, permis de définir une nouvelle stratégie pour la promotion du petit épeautre de Haute-Provence et la communication du syndicat. "Trois grandes orientations stratégiques ont été proposées par Boostacom [l'agence qui a audité l'organisation, ndlr] et validées par les administrateurs : affirmer son positionnement et informer clairement, développer sa notoriété, et moderniser l'image et ses usages", déroule Sandie Ricard. Ainsi, le logo a-t-il été repris pour une meilleure mise en avant du territoire de Haute-Provence, le site est en cours de refonte, tandis qu'une modernisation des supports imprimés, la réalisation de supports pour la vente en circuits courts ou la participation à des événements sont programmés. 2023 sera elle aussi une année de projets, même si cette dernière étape du plan de relance - il faudra donc repartir à la recherche des financements et œuvrer à la pérennisation des subventions des collectivités malgré la fin du programme -, restera dans la continuité des projets déjà entamés.
À l'aube des 15 ans de l'IGP, les efforts restent constants. "15 ans, c'est l'âge de l'adolescence. Il a fallu du temps, de la foi, du courage, de la méthode, de l'inconscience. Il y a parfois eu des doutes, beaucoup de paperasseries, des découragements, puis il y a eu l'accouchement de cette longue gestation. Cette IGP est une histoire de rencontres, un patrimoine commun dont nous avons la responsabilité collective", exprime avec émotion Sandrine Faucon.
Elle remercie les chevilles ouvrières de la filière, sans qui rien de tout cela ne serait arrivé. Tous ont une grosse pensée pour René Liardet, décédé en 2011 et premier président du syndicat, dont la volonté reste ancrée dans les mémoires. Toujours entourée de quatre anciens présidents, Sandrine Faucou se sait bien épaulée dans ses fonctions.
Les CHIFFRES clés de la récolte 2022-
Cette année, le syndicat disposait d'un stand au SIA sur lequel ils ont pu faire connaître et vendre leur céréale IGP.
© Crédit photo : Syndicat du petit épeautre de Haute Provence
Déjà, en 2022, l'association avait participé au Salon de l'agriculture, afin d'amplifier sa promotion. En 2023, les producteurs étaient de retour. Du 24 au 26 février, des animations à destination des enfants, notamment des ateliers de fabrication des pâtes, ont été organisées sur les stands du département de la Drôme et des Alpes-de-Haute-Provence. Sur le stand de la région, du 3 au 5 mars, une boutique éphémère prenait place, afin de commercialiser grains et farines de petit épeautre de Haute-Provence. Une opération marketing et communication réussie, puisque le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est autorisé un détour par le stand en délégation avec l'INAO.
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