Alors que la campagne 2023 débute tranquillement, la Fédération des caves coopératives de Vaucluse s'est rendue à Cabrières-d'Aigues, pour son assemblée générale.

Malgré une année 2022 éprouvante au vignoble pour bon nombre de vignerons, la Fédération a su maintenir ses activités tout au long de l'année : assemblées générales, visites des stations expérimentales d'Étoile-sur-Rhône et de Piolenc, vendanges, formations, rencontres avec le ministre ou divers partenaires, participation au salon Med'Agri en octobre... Ni la structure, ni les caves n'ont chômé.

Une façon d'anticiper au maximum sur 2023, afin de naviguer au mieux dans les méandres des aléas potentiels et des réglementations mouvantes. "La situation sur l'inflation et l'approvisionnement en verre reste difficile à ce jour. Pour ma cave, par exemple, le Cellier des Princes à Courthézon, nous avons surstocké car nos fournisseurs sont limités en volume. Ils nous ont clairement fait comprendre qu'ils ne pourraient pas produire plus que l'année dernière", témoigne Joël Choveton-Caillat, président de la FCVCV. D'après lui, les soucis apparaissent plus souvent sur les bouteilles blanches ou armoriées.

Dans l'ensemble, le marché reste tendu, particulièrement sur le vrac où les retraits ne se font plus que lorsque la certitude de vendre est présente. "C'est dommage, car nous avons un très beau millésime. Nous avons encore de l'espoir pour la distillation des rosés de millésimes antérieurs, mais nous verrons", ajoute le président. Il n'a pas d'inquiétude pour les crus qui, bien que peu concernés par des sorties de gros volumes, restent bien valorisés. En revanche, l'inquiétude est plus marquée pour les caves réalisant environ 20 % de vrac. Le ministre est donc attendu au tournant sur cette décision.

La vigilance est à présent de mise. Le stade de développement de la vigne étant déjà bien avancé, chacun redoute un épisode de gel, à l'image des printemps précédent. D'autres ne savent pas bien dans quel état ils vont prochainement retrouver leurs parcelles. "Pendant la taille, nous avons remarqué des vignes qui n'étaient pas belles chez certains qui n'irriguent pas : elles avaient séché à cause de la sécheresse", explique Joël Choveton- Caillat.

Apporter du conseil aux coopérateurs sur le foncier

Afin de maintenir le potentiel viticole des caves coopératives du Vaucluse, la fédération a estimé que le foncier était un enjeu prioritaire et se mobilise, afin de fournir aux caves un service innovant de conseil et d'accompagnement sur le sujet. La FCVCV travaille par ailleurs en étroite collaboration avec la Safer, les caves, les banques et les vignerons coopérateurs eux-mêmes, de manière à suivre au plus près les portages et autres actions foncières.

"Nous avons, cette année, clôturé les trois fonds européens agricoles pour le développement rural [Feader, ndlr] en lien avec la Région Sud, le 28 février. Nous sommes maintenant en attente de retours sur le sujet", rappelle Alain Brusset, avocat et conseil de la fédération. Pour rappel, les deux premiers Feader datent de 2018, le troisième de 2019.

La FCVCV est également présente en Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPenaf). "Au sujet de l'agrivoltaïsme, nous sommes particulièrement vigilants concernant l'aménagement du territoire, afin qu'il ne se fasse pas au détriment des parcelles", poursuit l'avocat. Et Christophe Cortasse, vice-président, de compléter : "En 2021, nous avons vu les prémices de l'arrivée des panneaux dans les parcelles, et la pression a augmenté en 2022. Nous sommes donc allés à la recherche de retours d'expérience en visitant les stations expérimentales, et ça nous a donné des idées. Nous restons cependant sur nos gardes, car les projets sont de plus en plus nombreux et, avec la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, il faut s'attendre à une grosse année 2023 en perspective". La fédération va prochainement se rapprocher des communes, afin de voir comment et où monter ce type de projet.

Niveau communication, la FCVCV essaie également de se booster. Un flash bimensuel est dorénavant envoyé aux adhérents, la page Facebook, ouverte en 2021, se développe tranquillement et mise sur le groupe 'jeunes', dont les portraits de présentation sont actuellement partagés.

Un groupe 'jeunes' pour porter les valeurs de la coopération

Créé fin 2021, le groupe ambitionne de redonner du dynamisme à la fédération, mais surtout de resserrer les liens entre tous. Cette année, ils se sont interrogés sur les raisons du désamour des jeunes pour les caves coopératives, et comment les séduire. "Nous avons fait un constat : la coopération fait face à un problème de renouvellement des générations qui touche particulièrement notre département. Nous devons nous adapter, dans un contexte compliqué et un désintérêt manifeste pour le monde rural", synthétise Raphaël Choveton-Caillat. Pour cette raison même, la fédération s'est enquise de connaître l'opinion des jeunes encore en études sur la coopération, en faisant passer un questionnaire. Celui-ci a ensuite été regardé à la lumière de données dont dispose la Chambre d'agriculture. Des 23 réponses, on comprend que la coopération leur semble être une bonne idée. Pourtant, l'image qu'ils en ont reste moins prestigieuse, voire bas de gamme ou encore vieillotte.

"Un élève de BTS nous a même dit qu'au lycée, on ne leur parlait jamais des coopératives. Nous avons une carte à jouer dans les interventions en milieu scolaire, mais aussi en ouvrant plus souvent la porte de nos caves", estime Andréa Brès, chargée de missions juridiques et environnementales.

Ce ne sont pas les vignerons du groupe 'jeunes' qui diront le contraire. Au nombre de huit en 2021, ils sont désormais 16 de huit caves différentes. Pourtant les vignerons eux-mêmes n'ont pas toujours une bonne image de leur propre système, ont constaté les personnes qui ont analysé leurs réponses issues d'un deuxième questionnaire. "Les mécontents ont pris le temps de répondre", remarque Jonathan Bressy, un des membres du groupe. Il est donc temps de travailler à une nouvelle image et de se renouveler. Le président a assuré que la fédération allait très rapidement se pencher sur le sujet.

Pour une meilleure image, mais aussi une meilleure représentation dans les différentes instances et auprès des différents acteurs nationaux en lien avec la filière, la FCVCV présentera quatre caves pour le futur conseil d'administration des Vignerons coopérateurs Sud, le 25 avril. "L'objectif est d'abord de travailler avec cette nouvelle entité et ensuite, si tout se passe bien, nous pourrons envisager de fusionner, à l'image des Fédérations des Bouches-du-Rhône et du Var", a annoncé Joël Choveton-Caillat. Un vent de renouveau semble décidément souffler en Vaucluse... 

Les 23 et 24 mars derniers, le groupe 'jeunes' de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura était reçu par celui du Vaucluse. Ces deux journées - riches en visites de caves, de parcelles et de dégustations - auront été le théâtre d'un moment d'échanges entre vignerons et de découvertes, tant du terroir que des caves coopératives du département. Les jeunes viticulteurs et viticultrices sont ainsi passés par les caves de Maubec, Gigondas, Sainte-Cécile-les-Vignes et Villedieu.

Une occasion également de faire le point sur l'avancée des deux groupes 'jeunes'. Pour rappel, le groupe vauclusien a vu le jour fin 2021, et les échanges avec la Fédération des caves coopératives de Bourgogne-Jura font écho à la création de la Confédération Bourgogne-Jura-Vaucluse, en 2020.