Luberon
Mongana Goungaye a enchaîné les expériences depuis la sortie de son école d'ingénieurs. Durant quelques années, elle navigue entre conseil et technique. Mais finalement, en 2018, elle décide de devenir viticultrice à plein temps. Aujourd'hui, à 38 ans, l'agricultrice s'épanouit dans le Luberon, où elle écrit une partition qui tend de plus en plus vers un vin à son image.
© Crédit photo : ML
L'histoire entre la vigne et Mongana Goungaye prend son point de départ à Bordeaux, où elle se forme en tant qu'ingénieure viticole et œnologue, et en Toscane, où elle se perfectionne également à la vendange.
Assez vite, elle atterrit à la Chambre d'agriculture de Vaucluse, et occupe un poste de conseillère en viticulture pendant trois ans. "J'avais 25 ou 26 ans à l'époque. En sortant de l'école, on ne voit pas les choses de la même façon, et si m'installer un jour était dans un coin de ma tête, je n'aurais pas osé me lancer immédiatement", avoue la viticultrice. Alors, elle accumule les expériences. "J'ai gagné en connaissance des produits, des palissages, en compétences technique sur les stratégies de traitement, les engrais, la plantation, la taille...", énumère-t-elle.
Pendant un moment technico-commerciale, puis directrice technique du Domaine des Peyre, à Robion, elle mesure aisément la complémentarité des connaissances acquises au fur et à mesure. Dans ce dernier poste, qu'elle occupe de 2013 à 2016, elle s'investit pleinement en matière de responsabilités. "À l'époque, il y avait un gros projet de restructuration du vignoble, car il sortait de la cave coopérative de Maubec. Tout était à faire pour mettre sur pied une cave particulière", se souvient-elle.
En parallèle, la recherche de terres est amorcée, mais le souhait ne se matérialise pas. Elle part donc à la découverte des différents postes ouvriers, entre autres, pour gagner de l'expérience en taille et en vinification. En décembre 2018, Mongana finit par s'installer.
"Il y a d'abord eu un projet de portage avec la cave coopérative Terres Valdèze, qui cherchait à conserver des terres pour ses apports", explique la vigneronne. Elle décidera très vite de les racheter. Aujourd'hui, Mongana Goungaye dispose de 15 hectares sur Mirabeau, ainsi que quelques parcelles, en fermage, à La Tour-d'Aigues.
L'année dernière, elle a également pu bénéficier d'un nouveau portage de quatre hectares supplémentaires, avec la cave d'Ansouis, portage facilité par la Safer avec la SCIC Terre Adonis. "Ce genre d'initiative est un vrai plus, car acquérir du foncier, ou trouver le fermage idéal, est une vraie difficulté aujourd'hui. Il n'y avait rien sur la région", rapporte la viticultrice.
À ce jour, elle estime que, si déjà les jeunes issus de familles d'agriculteurs sont en difficulté pour s'installer, le travail à accomplir lorsqu'on ne possède rien est encore plus difficile. "Moi, je n'avais pas du tout de terre dans la famille, et celles que j'ai récupérées à Mirabeau n'étaient pas véritablement en très bon état. J'ai dû enlever des chênes, faire des remplacements de parcelles entières... Le canal arrive seulement, et cette source potentielle d'irrigation devrait nous aider à avancer plus vite", énumère-t-elle.
Par-dessus tout, le changement climatique ne lui laisse que peu de repos. "Depuis que je me suis installée, il n'y a pas eu une seule année que l'on pourrait qualifier de normale. Fortes pluies, gel, chaleur, grêle, sécheresse... Ça réclame une capacité d'adaptation constante." Elle est par exemple vigilante par rapport au gel. Déjà, en 2021, elle avait taillé tardivement et attendu avant d'attacher sa vigne. "Je fais d'autant plus attention avec les parcelles gélives. Mais bon, il faut tout de même avancer : on ne peut pas toujours se permettre d'attendre le dernier moment. À Mirabeau, la taille vient d'être faite avec des saisonniers. Ici, à La Tour-d'Aigues, je préfère la faire moi-même, car les vignes sont jeunes, et je souhaite m'assurer que chaque sarment est taillé correctement", reconnaît la viticultrice.
De ses expériences passées, elle a effectivement pu tirer des enseignements pour le vignoble. Taille douce et physiologique respectant les flux de sève à laquelle elle s'est formée, enherbement, restructuration du vignoble. Petit à petit, Mongana Goungaye fait son chemin et modèle ses vignes à son image.
"J'ai replanté quelques syrahs, car il en manquait un peu pour l'appellation Luberon. Il permet de faire du rouge comme du rosé, et, même si la tendance va à ce dernier, je pense qu'il y a encore des choses à faire en rouge. Même avec la crise dans le Bordelais, même avec le Covid : ce sont des cycles", explique-t-elle, optimiste. Mongana a également décidé de tester de nouveaux cépages, comme le gros manseng : "Ce n'est pas du tout un cépage local, mais il garde de l'acidité et pourrait très bien s'acclimater par chez nous".
Ce type de test et les pratiques environnementales qu'elle met progressivement en place ne sont cependant pas toujours simples à valoriser à la cave. Alors, elle s'interroge pour l'avenir, afin de voir comment réussir à sortir une partie de ses récoltes pour réaliser des cuvées particulières. Le chemin est encore long, mais après avoir déjà tant évolué depuis le début de son parcours professionnel, pourquoi ne pas aller encore plus loin ?
"Pour le moment, je ne compte pas agrandir mon exploitation. J'ai déjà des terres nues qui me permettent de faire ma restructuration et de laisser reposer les sols", affirme-t-elle. Pour elle qui travaille actuellement autour de 18 ha, passer au-dessus de 30 nécessiterait une autre gestion du personnel qu'elle ne se sent pas prête à gérer pour le moment. À l'instant, le fonctionnement avec le petit groupement d'employeurs - qu'elle a créé avec son mari, lui-même viticulteur, et un troisième vigneron - suffit amplement à mutualiser le personnel, tout en augmentant sa fidélité au territoire.
La réflexion se poursuit en revanche sur le passage en bio : "J'ai souhaité le faire dès le début. Mais, sur Mirabeau, il y a une humidité matinale que je ne connaissais pas, donc j'ai vite changé mon fusil d'épaule. Aujourd'hui, j'apprends à gérer les solutions de biocontrôle, même si je ne suis pas encore en conversion". Une viticultrice qui prend son temps donc, mais qui ne regrette pas d'avoir cédé à l'appel de la vigne une seule seconde !
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