économie
Après 5 800 tonnes en 2021, la production d'huile d'olive française est de 3 200 t en 2022. Si le climat peut être pointé du doigt, le président de France Olive, Laurent Bélorgey, met en cause la productivité insuffisante du verger.
Cette année encore, l'Espagne, premier producteur mondial d'huile d'olive, devrait perdre environ 56 % de sa récolte.
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En 2022, la production française d'huile d'olive est en forte baisse, à 3 200 tonnes. Après deux belles années, le président de France Olive, Laurent Bélorgey, s'inquiétait déjà l'an passé du manque de stock pour effectuer la jonction, alors que la production avoisinait précédemment 5 600 t... "Alors que dire cette année ? Les conditions climatiques (pic de chaleur pendant la floraison, sécheresse, orage à l'automne...) sont autant de causes expliquant nos difficultés actuelles, mais nous ne pouvons pas nous en contenter. La production du verger français reste insuffisante, alors que la valorisation de nos huiles d'olive devrait assurer à tous les acteurs de la filière une rentabilité confortable." En effet, le point faible de la France reste "la technicité de nos oléiculteurs. Le dernier recensement agricole de 2020 fait état de 7 500 oléiculteurs professionnels exploitant 17 000 hectares. La surface moyenne - 2,2 hectares par exploitation - et le nombre de techniciens oléicoles ne permettent pas de suivre individuellement chaque producteur". Face à cette problématique, France Olive mise sur la technicité en mettant en place un technicien virtuel, via l'application gratuite Oléiculteur de France. À partir des données saisies et des connaissances de France Olive et de toute la filière, l'application accompagnera l'oléiculteur dans la protection de son verger, sa nutrition, son irrigation et le déclenchement de la récolte, en fonction de la maturité des olives.
La Fédération de l'industrie et du commerce des huiles d'olive de France (Fedico) s'inquiète également de la mauvaise récolte d'olives au-delà de l'Hexagone. "Les stocks actuels sont très bas, avec une récolte 2022 en baisse de 25 % au niveau mondial et de 50 % en Espagne, premier producteur européen." Cette année encore, l'Espagne devrait perdre environ 56 % de sa récolte, le Portugal 25 %, l'Italie 23 %. Les bonnes récoltes programmées de la Grèce (+ 59 %) ne parviendront cependant pas à compenser le manque d'olives à presser, soit environ 800 000 t pour les principaux producteurs du bassin méditerranéen. "À l'issue de la dernière récolte, la cotation à Jaen (Espagne) avait déjà passé la barre des 5 000 €/t. Depuis deux mois, la hausse s'intensifie pour dépasser les 6 000 €/t, laissant craindre une envolée continue sur l'été", observe la Fedico. Pour Hubert Bocquelet, délégué général de la Fédération nationale des industries des corps gras (FNCG), "nous risquons d'être dans une situation de pénurie, particulièrement sur l'huile d'olive vierge extra, qui est encore davantage sous tension".
Climat
Face aux effets du changement climatique, l'oléiculture doit s'adapter pour protéger ses vergers et leur productivité. Gestion de l'eau, de la fertilisation et de la taille sont à raisonner selon les conditions et situations de production.
Entre sécheresse à répétition, vagues de chaleur, hivers doux et autres aléas, les vergers d'oliviers sont mis à rude épreuve.
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Sécheresses à répétition, coups de chaud, précipitations irrégulières, hivers doux... les conditions climatiques sont de plus en plus complexes à gérer. "Depuis quelques années, la pluie tombe souvent d'un coup sans infiltrer les sols, l'eau n'arrive pas forcément où il faut, quand il faut, et les arbres continuent de fonctionner l'hiver en raison de la douceur des températures. Tout cela impacte la mise en réserve de l'olivier, l'induction florale, la pousse de l'automne et l'effet d'alternance sur la production", observe Fanny Vernier, technicienne arboricole de la Chambre d'agriculture du Var et animatrice du groupe 'Dephy en oléiculture', qui rassemble une dizaine de producteurs varois.
Dans ce contexte, irrigation, fertilisation et taille sont autant d'éléments qui se réfléchissent au cas par cas. "La situation oblige à s'interroger et à revenir aux bases de l'agronomie en oléiculture. L'objectif est de mettre en place une conduite économe et efficace", insiste-t-elle.
Considérant la fréquence et l'intensité accrue des périodes de sécheresse, l'eau est un facteur particulièrement limitant. Sur des vergers au sec, il est essentiel de travailler sur la capacité d'absorption et de rétention du sol, notamment avec des apports de matière organique ou de l'enherbement, qui vont favoriser l'infiltration de l'eau et protéger les sols. "Un couvert limite l'évapotranspiration et aide les oliviers à mieux résister à la sécheresse. Attention toutefois à la concurrence hydrique, au printemps et à l'été. Il faut raisonner la gestion de l'enherbement pour que le sol capte et fixe l'eau, mais sans venir concurrencer les arbres aux périodes critiques. Il faut donc réfléchir le moment et le mode de destruction du couvert", explique Fanny Vernier.
Pour les vergers irrigués ou arrosés, l'important est d'apporter l'eau au bon moment et au bon endroit. "En plein hiver, l'arbre n'a pas de gros besoins en eau. Il est bon de pouvoir en apporter à l'automne, pour la mise en réserve, au printemps et en fin d'été, quand c'est possible", indique la technicienne arboricole. Pour Denis Pietri, moulinier et producteur à La Cadière-d'Azur, "il faut également veiller à être régulier", particulièrement après la fructification. "Si les olives gonflent puis flétrissent, et ainsi de suite, ça impacte le rendement en huile de la même manière que quand il y a une grosse pluie juste avant la récolte. Mieux vaut tenir les olives à la limite du flétrissement", estime-t-il.
Le positionnement de l'irrigation dans l'espace est par ailleurs essentiel. "Au fur et à mesure que l'arbre grandit, les racines fines d'absorption s'éloignent de l'arbre. Il faut donc arroser en périphérie et pas au pied, où l'olivier ne captera pas l'eau et où l'humidité peut favoriser le développement de champignons", souligne Fanny Vernier.
Étroitement liée à l'eau, la fertilisation se réfléchit aussi dans le temps et dans l'espace. "Quand on peut, le mieux est de faire coïncider arrosage et fertilisation pour solubiliser les engrais, car sans eau dans le sol, il n'y aura pas de migration jusqu'aux racines", rappelle la technicienne. Ainsi, sur un verger au sec, la fertilisation peut être apportée en plein, alors que les apports seront plus localisés sur un verger irrigué.
En conditions très sèches, l'apport d'engrais au sol n'est pas forcément efficace. Il peut alors être intéressant d'assurer une partie de la fertilisation en pulvérisation foliaire. "Après, on ne peut évidemment pas tout faire en foliaire. Ne sachant pas à l'avance s'il va pleuvoir ou non, il convient d'anticiper et de fractionner les apports, pour éviter les lessivages. Rien ne sert d'apporter un festin en une fois, alors que l'arbre ne va pas pouvoir tout avaler. Au printemps, on optera plutôt pour un engrais à libération lente. Il faut être régulier et en faire le moins possible, avec une efficacité optimale pour avoir un verger le plus résilient possible. Les apports d'engrais doivent être progressifs et raisonnés", conseille Fanny Vernier.
Sans oublier que l'analyse de sol est un prérequis d'importance pour piloter finement sa fertilisation, et répondre ainsi aux besoins de chaque parcelle.
Enfin, la taille est un autre levier de conduite des vergers à bien maîtriser. "Toute taille est affaiblissante. L'enjeu est donc de bien gérer son capital feuille de manière régulière. Car les feuilles, via la photosynthèse, c'est 95 % de l'alimentation de l'arbre", résume Fanny Vernier.
Dans l'idéal, une taille annuelle est préconisée pour éviter les à-coups. À défaut, faute de temps pour les grands vergers, on sectorisera la taille.
Par rapport au changement climatique, en conditions sèches et chaudes, il convient de garder des étages bas : ces derniers vont en effet protéger la base de l'arbre et ses racines, mais aussi faciliter la récolte. L'intensité de la taille va dépendre à la fois de l'état général du verger et des ressources disponibles pour les arbres. "Sur un verger poussant, on peut tailler plus que sur un verger plus poussif. Le but est de veiller à avoir un renouvellement suffisant du feuillage, sans trop affaiblir l'arbre. Mais une taille d'aération est toujours utile pour favoriser la photosynthèse, limiter le développement des maladies du feuillage et pour une meilleure application des traitements", développe Fanny Vernier. Les conditions de récolte doivent également être prises en compte en termes de hauteur. "Le secret, c'est la lumière. Il faut donc aussi faire attention à la densité de plantation, pour que les arbres ne soient pas trop serrés", poursuit-elle.
À La Cadière-d'Azur, sur son verger expérimental, Denis Pietri s'oriente sur la taille en godet polyconique qui favorise le passage de la lumière. "Au-delà de 20 % du feuillage enlevé, la taille devient trop sévère. C'est un traumatisme pour l'arbre. Avec la taille en gobelet polyconique, on va pouvoir faire un renouvellement léger, ce qui va préserver l'olivier. On tâtonne encore, mais l'idée est de laisser passer la lumière tout en ombrageant le pied et les racines", témoigne-t-il.
Membre du réseau 'Dephy en oléiculture' animé par la Chambre d'agriculture du Var, le producteur plaide pour le mouvement. "De toute façon, dans les conditions que l'on connaît, ce qu'il faut retenir, c'est qu'il faut savoir évoluer. Tout change, et il nous faut aussi changer nos façons de conduire nos oliviers pour s'adapter au climat, aux lieux et aux arbres. Il n'y a pas de recette miracle, mais différentes solutions à tester et à combiner", défend-il.
Dans le même esprit, Fanny Vernier invite à réfléchir à la possibilité de décalage de la récolte. "Pendant que l'olivier est occupé à faire des olives, il ne l'est pas à pousser. Si on récolte plus tôt, l'arbre peut commencer sa mise en réserve plus tôt, sans que l'on soit perdant ni en quantité, ni en qualité de production, au contraire. Et puis cela peut entraîner l'économie d'une application d'argile contre la mouche de l'olive, ce qui représente aussi un gain de temps et d'argent", lance-t-elle.
"La clé, c'est d'observer son verger et de noter comment il se comporte, selon les circonstances et les fluctuations du climat, pour avoir ses propres références. Rien ne doit se faire de façon systématique, et il faut garder en tête que tous les excès sont néfastes à l'arbre et à sa production. L'objectif, c'est la régularité", conclut la technicienne de la Chambre d'agriculture du Var.
énergie
Pour bien s'y retrouver sur le marché de l'énergie, comprendre les termes de son contrat et faire les choix les plus judicieux, faites-vous accompagner !
Comme tous les autres secteurs agricoles, celui de l'huile d'olive doit faire face à la flambée des coûts de production, imputable notamment à celui de l'énergie.
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Face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, avoir quelques clés en main pour bien comprendre les contrats proposés est indispensable. Il n'y a en effet pas de contrat standard et, en fonction des situations et des profils de consommation, les offres peuvent être très variables sur le marché de l'énergie.
Que l'on soit en cours de contrat ou que l'échéance du terme se profile, il est important de "faire le point sur sa situation, d'anticiper avec l'objectif d'éviter les surprises et de réduire la note", observait Mylène Prost, de chez Capitole Énergie, qui intervenait à l'occasion de la conférence annuelle Techno'huile, le 2 juin dernier, à Aix-en-Provence. Comme à son habitude, la conférence s'adressait à tous les professionnels de l'huile d'olive, de sa fabrication à sa mise en marché. Car, comme dans tous les autres secteurs agricoles, la filière doit faire face à la flambée des coûts de production, imputable notamment à celui de l'énergie.
Le courtage n'est pas réglementé sur le marché de l'énergie, d'où la nécessité de bien savoir où l'on met les pieds. Pour optimiser les coûts énergétiques, les entreprises peuvent jouer sur deux leviers : le pilotage de leur consommation et l'achat d'énergie. Comment est fixé le prix de l'électricité ? Qu'est-ce qui influe sur les tendances ? Quand faut-il négocier au meilleur moment son contrat ? Voilà les questions auxquelles se proposait de répondre l'experte sur la question énergétique.
Il faut d'abord comprendre que sur la construction des prix, le marché de l'électricité fonctionne selon le système de l'ordre de mérite. Le coût marginal de production est aussi différent selon les sources d'énergie : par exemple, il est élevé pour les énergies fossiles. Mais le prix s'établit aussi en fonction de la demande. Lorsque celle-ci est forte, les énergies renouvelables et la production nucléaire peuvent ne plus suffire pour répondre aux besoins du marché. Il est alors nécessaire de mettre en route des centrales thermiques. Dans ce cas, le prix de vente de l'électricité s'aligne alors sur le coût marginal de production des centrales à gaz. "Le prix de l'électricité est fixé par rapport à la dernière unité de production que l'on a utilisée pour produire l'énergie demandée. C'est la raison pour laquelle le prix de l'électricité peut être corrélé à celui du gaz. Et c'est aussi ce qui a expliqué la flambée du prix de l'électricité, quand celui du gaz a flambé avec la guerre en Ukraine", explique Mylène Prost.
L'offre peut baisser, mais la demande, elle, ne baisse pratiquement pas, sauf peut-être "un peu à mi-saison. Et nous sommes actuellement sur une période de transition entre deux saisons, une bonne fenêtre d'achat".
Après un passage à vide lié aux conséquences du Covid et à la mise en maintenance d'un certain nombre de centrales nucléaires ces derniers mois, la production française d'électricité se redresse aujourd'hui petit à petit. Le prix du contrat Cal 2024 (voir encadré ci-contre) est finalement repassé sous la barre des 200 €/MWh au mois d'avril. Un prix d'avant crise. Aujourd'hui, les prix de l'énergie n'ont donc jamais été aussi bas depuis un an et demi. Il existe cependant une inquiétude liée à un autre phénomène qui impacterait les prix dès septembre, d'après l'experte. "La canicule conduit EDF à utiliser l'eau pour refroidir les réacteurs. Si ce n'est pas possible en raison d'un manque d'eau, ces derniers ne seront pas utilisés au maximum, ce qui conduira EDF à baisser l'offre", résume Mylène Prost.
Concernant le gaz, c'est la première fois, depuis plusieurs mois, que les prix semblent se maintenir dans un corridor compris entre 45 et 55 €/MWh. Aucun problème d'approvisionnement n'est donc envisagé pour l'hiver, car les États-Unis et la Norvège augmentent leurs exportations de Gaz naturel liquéfié (GNL).
Quand on négocie un contrat, il n'y a en réalité qu'une seule stratégie d'achat à adopter, estime Mylène Prost : elle repose sur l'anticipation. "Les contrats de court terme, de 12 mois, sont très chers et doivent répondre à un vrai besoin. Sur trois ans, le prix moyen pondéré sera moins cher. Il est donc important de commencer à négocier son contrat de deux ans à un an avant les échéances. Et la meilleure période pour acheter de l'énergie se situe entre début mars et fin juin-début juillet."
L'autre point concerne les délais de prise de décision, car la fluctuation des prix est journalière. "Préparez-vous à prendre des décisions très rapidement, le jour de la remise de l'offre", conseille l'experte.
Dans les contrats, certains mécanismes peuvent varier et avoir un impact important sur le budget. "Il est donc important d'être accompagné par des experts du marché de l'énergie pour vous permettre d'optimiser votre achat d'énergie et de prendre les meilleures décisions", commente la directrice commerciale de Capitole Énergie, dont les services sont gratuits pour les entreprises, le spécialiste en courtage étant rémunéré par les fournisseurs.
La mutualisation des achats peut revêtir également des avantages : au lieu de s'adresser individuellement à un fournisseur pour trouver le bon contrat d'énergie, le groupement d'achat est tout à fait envisageable. Dans l'énergie, plus les volumes sont importants, plus la négociation est facile. Néanmoins, il y a des conditions à remplir avant d'envisager une telle solution et bénéficier des avantages de la négociation mutualisée. À commencer par "celle d'avoir la même stabilité financière et le même profil de consommation. Au final, la décision est commune, mais les contrats restent indépendants", précise Mylène Prost.
Enfin, il est bon à savoir que, sur les contrats d'électricité, une part du prix est due à la fourniture d'énergie, une autre aux taxes de l'État. Le Turpe (Tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité) en est une. C'est la redevance facturée aux fournisseurs, puis aux consommateurs, pour l'utilisation du réseau et la livraison de l'électricité jusqu'au compteur. Une composante de soutirage de cette taxe est variable et dépend de la puissance du compteur. "Il peut être judicieux d'établir une étude de la puissance de vos compteurs, pour s'assurer qu'elle correspond bien aux besoins réels. Avec un ajustement, et dans le cas où ils sont inférieurs à ce que l'on a précédemment souscrit, il est possible d'économiser rapidement sur une facture. À noter aussi que les frais de dépassement coûtent également souvent plus cher. Mais certains clients ont pu économiser 2 000, 3 000 voire 4 000 € sur l'année avec une telle optimisation de leur puissance de compteur", assure la spécialiste.
À retenir-
Pour garantir des prix fixes à leurs clients professionnels ou particuliers, les fournisseurs d'électricité ont la possibilité de signer des contrats d'achat d'électricité pour une fourniture future. Ils peuvent le faire sur différents marchés. Ce qui différencie ces marchés est le moment auquel l'électricité est livrée. Elle peut être délivrée dans les jours, les semaines, les mois, les trimestres ou les années à venir, à un prix fixé à la date de conclusion du contrat. En résumé, l'électricité est achetée immédiatement pour être consommée plus tard.
Dans le cadre d'un contrat CAL, les MWh d'électricité s'échangent sur le marché à terme, c'est-à-dire pour une livraison à moyen-long terme. Cela correspond à une livraison de l'électricité plusieurs mois ou plusieurs années après la date de conclusion.
Par exemple, un CAL 24 ou CAL 2024 est le prix de l'électricité achetée à un moment T pour être livrée et consommée en 2024.
Matières organiques
Alors que les rendements d'olives ne cessent de faire le yo-yo ces dernières années, il est temps de replacer l'agronomie au centre de la production. Dans ce cadre, la matière organique est un composant essentiel. Preuves sur le terrain.
Bruno Theuerlacher utilise un broyat grossier sur son exploitation, dans l'objectif d'avoir un jour un sol autofertilisant.
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Pour la première fois, le Groupement oléiculteur de Vaucluse organisait une 'Journée de l'olivier' au Domaine des Teyssières, à Mazan. Objectif ? Rassembler les oléiculteurs dans toute leur diversité et parler des problématiques de tous, à commencer par la matière organique. Dans l'idée, une seconde journée serait organisée peu avant la récolte, avec l'espoir d'inspirer les départements voisins sur le modèle proposé.
Principalement conduit avec les variétés Aglandau et Bouteillan, le verger de Bruno Theuerlacher du Domaine des Teyssières, à Mazan, est particulier. Les arbres hauts, et plantés serrés à la mode des années 2000, représentent environ sept hectares de plantation et produisent entre 1 000 et 1 200 litres d'huile d'olive par hectare depuis 2016.
Passé en bio depuis 2009 - lorsque des solutions ont commencé à apparaître contre la mouche de l'olivier -, il fait triturer sa production par la coopérative oléicole La Balméenne à Beaumes-de-Venise, et ne récupère qu'une toute petite partie, environ 10 %, pour la vente directe.
France Olive compte le domaine parmi les vergers experts. "La production étant très fluctuante et plutôt faible sur le verger français, ils viennent voir ceux qui produisent bien et régulièrement, et essaient de comprendre pourquoi. Depuis un an, une observation est menée avec une analyse des feuilles, un décryptage des pratiques, la vérification de l'impact de la météo", explique l'oléiculteur.
En cette qualité, et par ses pratiques - verger 100 % enherbé, apport important de matière organique, taille en étages -, le Groupement des oléiculteurs de Vaucluse organisait chez lui sa première journée de l'olivier, le 21 juin. Une façon de réunir tous les producteurs, amateurs comme professionnels, et de leur permettre d'échanger autour de thématiques variées.
"C'est une journée intéressante pour les producteurs, avec des objectifs différents d'une conférence plus magistrale. Sans remplacer cette dernière, une journée de ce type vient en complément et pourrait être dupliquée dans d'autres départements", s'enthousiasme Alex Siciliano, conseiller-formateur en oléiculture, invité pour l'occasion à apporter son expertise en matière de taille, de fertilisation et de biologie des ravageurs.
Au début, l'oléiculteur a commenwcé avec du compost, acheté environ 20 € hors taxe la tonne. En améliorant la structure des sols, il espérait ainsi favoriser l'aération et la fertilité de ceux-ci.
Puis, une opportunité s'est présentée : il y a deux ans, Bruno Theuerlacher récupère 600 tonnes de broyat brut "très grossier, car le broyeur de l'organisme était en train de tomber en panne, ça a donc été un broyat a minima". Le tas livré est aujourd'hui toujours en cours d'utilisation.
"J'évite de l'enterrer car comme ce n'est pas composté, ça consommerait tout l'azote dans le sol pour décomposer le tout", rappelle-t-il. Il apporte 15 à 20 t par hectare chaque année. "J'ai décidé un peu comme ça, mon repère étant la quantité de compost utilisé avant la plantation. Parfois, on me dit que je devrais tout de même réduire, au risque de devoir également apporter de l'azote. On verra si je passe ce stade. Le but ultime serait d'arriver à un sol autofertile", explique Bruno aux autres oléiculteurs présents.
"Après, pour arriver à 15-17 kilogrammes par arbre, il faut être clair avec les producteurs ! En plus des pratiques de Bruno, il faut aussi des grandes frondaisons et du volume de feuillage", ajoute Yves Boudoire, moulinier à Mérindol. S'il est impossible de considérer la matière organique comme une solution miracle, il est en revanche aisé de comprendre que chaque expérience menée chez les uns ou les autres peut avoir un intérêt.
"Si vous apportez déjà à vos sols le broyat des bois de taille, ça constitue un bon entretien. Je comprends qu'il y ait des inquiétudes par rapport à l'éventuelle transmission de maladies, mais j'ai pris le risque", note Bruno. Et d'Alex Siciliano de compéter le propos : "Il n'y a pas qu'une façon de faire mais, concernant les maladies, si votre bois n'est pas composté, il peut y avoir un risque. Le compostage est utile pour l'éviter".
"Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'arriver au même niveau prend une dizaine d'années. Il ne faut pas croire qu'il suffit d'apporter de la matière organique pendant deux ans pour que ce soit suffisant", ajoute Éric Mathieu, président du Groupement des oléiculteurs.
Mais trouver suffisamment de broyat pour son verger n'est pas une mince affaire. Au tout début, lorsqu'il utilisait du compost, Bruno Theuerlacher s'approvisionnait auprès de Suez, puis de moins en moins, jusqu'à ce que le Civam passe un partenariat avec l'agglomération Luberon Monts de Vaucluse, qui faisait broyer ses déchets verts. Le compost était alors livré. Cette convention de 2019 s'achève deux ans plus tard.
"Au printemps 2021, la CoVe a entendu parler de notre idée et s'est rapprochée du Civam avec sa composterie à Loriol. En 2022, une convention est passée entre le Civam, la CoVe et quelques agriculteurs. Ça a pris du retard, mais il y a tout de même eu quelques livraisons", raconte l'oléiculteur. Livraisons qui avaient principalement lieu chez lui et sur deux autres exploitations pour leur accessibilité.
La prestation est cependant remise en cause, en lien avec la difficulté de gestion des refus, les bois ne passant pas dans le broyeur. Un rapprochement avec un forestier pourrait être envisagé, mais bon nombre de questions sont encore à discuter, notamment la participation aux frais au transport.
"Jusqu'ici, il n'y avait jamais eu de démarche collective, car on ne trouvait pas un moyen de livrer directement aux exploitations. Il y a pourtant une grosse demande de la part des agriculteurs. Il faudrait faire un appel d'offre pour le transport", avance-t-il. Il aimerait bien voir la collectivité continuer à gérer cette question, mais comprend les difficultés. Il conclut néanmoins sur un point qui ne fait pas débat : "Ne vaut-il pas mieux stocker le carbone dans le sol des agriculteurs que de le laisser se relâcher dans l'atmosphère ?"
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