Pour la première fois, les scientifiques des filières prunus et abricot se sont rassemblés en symposium, et c'était en Avignon, au cœur du centre des congrès du Palais des Papes. "Notre rôle est de vulgariser vos recherches, mais aussi de mettre en commun nos expertises. Ce congrès international est non seulement une opportunité pour présenter vos travaux, mais aussi de faire se rencontrer pour la première fois les deux filières", souligne Jean-Marc Audergon, ingénieur Inrae et co-organisateur de la rencontre, auprès des 104 chercheurs de 22 nationalités différentes présents dans la salle en cette fin avril.

Ce symposium est pour eux à la fois un défi, mais aussi et surtout un événement d'une importance cruciale pour maximiser l'impact des discussions, en particulier dans un contexte de changement climatique beaucoup plus rapide que ce qui était attendu par la communauté scientifique.

Organisé en six sessions sur diverses thématiques, le symposium se tenait donc du 23 au 26 avril, avec de nombreuses conférences assorties de visites de terrain. "Un des défis est d'aller jusqu'à l'impact de nos recherches, en rencontrant les professionnels des filières et discutant des perspectives", ajoute la co-organisatrice et directrice de recherche à Inrae, Bénédicte Quilot.

Penser à tous les maillons de la chaîne

"En France, nous avons la chance d'avoir des financements importants sur la table. Mais avoir beaucoup de moyens n'est utile que si on sait où l'on va. Quand les changements sont importants comme aujourd'hui, il y a une tension entre court et long termes, ce qui nous oblige à imaginer à la fois le long terme, mais aussi ce que seront les trajectoires de transformation pour que l'agriculture reste viable dans le temps", explique Christian Huyghe, directeur scientifique 'Agriculture' d'Inrae. Et c'est bien en ce sens que travailler ensemble pour anticiper le changement climatique techniquement, et de façon organisationnelle, est nécessaire. "De plus, une fois qu'on a pensé à tout ça, il faut aussi avoir en tête le fonctionnement du territoire ! C'est une échelle qu'on a désertée, mais la réponse sera locale, notamment en matière de gestion des variétés", complète le chercheur.

Il souligne par ailleurs la nécessité de rencontrer la demande des consommateurs, tout en gardant en mémoire le niveau de consentement à payer : "Sans prendre en compte l'élasticité des prix, on ne peut pas le comprendre. Ce qui est sûr, c'est que les régimes alimentaires changent déjà". Selon les pays, qu'il s'agisse de l'abricot ou de la prune, les marchés fonctionnent en effet très différemment selon les pays, qu'ils produisent ou soient importateurs. L'autre priorité est bien entendu d'avoir en tête les problématiques des producteurs, notamment concernant la protection des cultures et leur viabilité.

Toutes ces questions doivent rester intriquées les unes dans les autres, pour pouvoir envisager la recherche, en abricot comme en prunus. "Face au changement climatique il y a par exemple peu de marge de manœuvre pour la recherche variétale, avec des variétés qui ont besoin de peu de froid dans nos régions, mais qui restent sensibles au froid puisque leur floraison est précoce", note Bénédicte Quilot. La solution peut ici résider en des croisements avec des espèces sauvages : "Il y a des traits à récupérer pour lutter contre le stress biotique, mais aussi une question de calendrier. Aujourd'hui, le pool commercial est trop restreint : il faut prendre en compte les besoins de toute la chaîne", insiste la directrice de recherche.