Sébastien Genre et son associé Morgan Imbert se sont lancés il y a quatre ans dans la production de chanvre d’une qualité optimale en agriculture biologique, avec la maîtrise du process du CBD jusqu’à la commercialisation. (© Canebiera)
Entre la lavande et la fleur de CBD il n’y a qu’un pas. En tout cas, Sébastien Genre lavandiculteur depuis une douzaine d’années l’a franchi avec sérieux. Mais entre les deux productions, les approches culturales restent quand même bien différentes.
La lavande, Sébastien, en maîtrise très bien la culture. Il en produit depuis une douzaine d’années aux côtés de son père qui s’est lancé avec succès sur Aix-en-Provence il y a 32 ans. Mais il y a quatre ans, l’essor du marché du cannabis thérapeutique qui s’annonce à l’étranger et en France titille le fiston. Son background de commerce et le constat qu’il dresse avec un ami très investi dans le e-commerce de vins d’exception mûrissent leur réflexion. « Le CBD est un produit que l’on connaissait déjà. Des proches se soignaient avec sur des pathologies lourdes. Nous avons regardé ce qu’il se passait dans les pays limitrophes comme en Suisse et le développement déjà très important aux États-Unis et en Israël », rapporte le jeune homme. Les deux amis mais partent du constat d’un marché encore pas organisé, mais surtout caractérisé par des produits de qualité médiocre et une traçabilité très opaque pour se lancer ensemble dans l’aventure. « Il était, lui, dans le commerce de vins hauts de gamme et moi dans le local, le bio et le 100 % français. On s’est dit que la Romanée Conti du chanvre était à notre portée ! », plaisante Sébastien.
Leur projet se concrétise par l’adoption d’un credo simple mais ambitieux : produire du chanvre d’une qualité optimale sur de petites surfaces en agriculture biologique, tout en maîtrisant le process jusqu’à la commercialisation.
Pour verrouiller leur projet, les deux producteurs en herbe le présentent auprès de différentes autorités. « Nous nous sommes adressés à la gendarmerie, la police nationale, les douanes, le ministère de la Santé, l’ANSM, l’ARS, la sous-préfecture… nous n’avons pas toujours eu de retours mais certains nous ont malgré tout encourager dans cette voie », rapporte Sébastien.
Si développement du chanvre est à ce jour très limité dans la région, on estime une centaine de producteurs en France. Mais à miser sur la production et la commercialisation de CBD Bio, Sébastien et son acolyte Morgan Imbert sont les premiers. « Nous avons commencé doucement, sans faire de bruit, en tâtonnant, en faisant de la recherche et développement à notre échelle », commente Sébastien.
Culturalement, la lavande est beaucoup plus rustique que le chanvre. « Si la plante est stressée en raison d’un excès de chaleur, de froid, d’un manque d’eau, d’une branche cassée par exemple elle se met en sécurité et devient hermaphrodite. Elle ne devient pas impropre à la consommation mais sa valeur se voit divisée par 5 », indique-t-il. Cette plante fragile, dont on va favoriser la production de fleurs femelles, demande un suivi rigoureux, beaucoup d’eau et énormément de soins. « Nous avons appris petit à petit en essuyant les plâtres et compris qu’il fallait aborder la plante comme un arbre, avec une taille spécifique pour produire le maximum de fleurs par pieds, en optimisant la qualité, etc. Tout est fait à la main, rien n’est mécanisé et nous sommes certifiés en Agriculture Biologique, une certification obtenue auprès d’Ecocert », explique Sébastien.
La plante réagit au soleil et dépend vraiment de la lumière. Les plantations s’effectuent généralement entre mars et avril et les récoltes s’effectuent en octobre. Sébastien conserve des pieds mères qu’il fait analyser pour réaliser ensuite des boutures.
Pour contrôler si les têtes sont prêtes pour la récolte, c’est au microscope que le stade des trichomes, ces petits fils de résines présents sur les fleurs, est évalué. Pour obtenir les taux optimums de CBD, il faut récolter les fleurs avant que les trichomes deviennent ambrés. Après la cueille manuelle, les fleurs sont séchées à l’envers une dizaine de jours à une certaine température et hygrométrie.
Sébastien procède ensuite à une manucure des fleurs pour écarter toutes les feuilles. Ses produits bénéficient en plus d’un affinage de trois mois dans des bocaux en verre.
Le savoir-faire soigneusement préservé permet au producteur d’atteindre des taux de CBD très élevés, de l’ordre de 13,1 % jusqu’à 13,7 %, ce qui constitue un gage essentiel de qualité. Sur le marché français, les taux qu’il obtient sont d’ailleurs les plus élevés.
« Ce que l’on trouve actuellement sur le marché français provient essentiellement de Suisse et d’Italie. Là-bas, les taux autorisés de THC sont plus importants qu’en France (1 %). Aussi pour le marché français, les fleurs reçoivent un ‘washing’ qui permet de faire descendre ce taux de THC. Mais ce lavage au CO2 fait aussi descendre le taux de CBD. On se retrouve avec un produit qui n’a rien de naturel, dont les vertus thérapeutiques ont été réduites fortement », aux antipodes de ce que propose Sébastien et son associé proposent. À savoir un produit naturel sans modification génétique.
Canebiera, la société des deux associés, c’est aujourd’hui une gamme d’une dizaine de variétés de fleurs. La petite entreprise développe aussi des produits annexes élaborés à partir des éléments végétaux issus de la manucure des fleurs. Sur le site de e-commerce, on peut y trouver aussi de l’huile, mais également de la bière ! Certains de ces produits sont aussi présents en pharmacie, dans des boutiques spécialisées, des magasins bio, etc.
Fort de leur succès et de la demande qui se développe, les deux associés s’apprêtent à tripler leur surface de production pour la prochaine campagne et ont surtout fait l’acquisition d’un terrain de 5 hectares pour étendre bientôt leur production sur 3 000 à 4 000 m2.
Sébastien regrette aujourd’hui un manque de communication sur le marché, sur le CBD en général et l’origine et la traçabilité des produits proposés. Aussi avec un produit qualitatif, sain et 100 % français, « nous sommes presque trop en avance, mais le secteur commence à s’éduquer. L’essor du marché ne fait pas de doute. La législation n’est pas encore claire, c’est le problème, mais nous sommes au tout début d’un marché en expansion », assure le lavandiculteur chanvrier.
Emmanuel Delarue
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