Gard, PACA, Auvergne-Rhône-Alpes 01/07/2022
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FRAOC Sud-Est

ZNT, flavescence, réformes : la vigilance à tous niveaux

Ils avaient besoin de refaire le point, les actualités ne laissant que peu de répit aux AOC du Sud-Est. Au cœur de l'assemblée générale de la fédération, le 20 juin à Châteauneuf-du-Pape, la protection du territoire et les positionnements d'avenir...

En compagnie de l'ODG locale, la Fédération des AOC du Sud-Est organisait son assemblée générale dans le cellier de l'emblématique château de Châteauneuf-du-Pape.

© Crédit photo : ML

Châteauneuf-du-Pape est une appellation emblématique, avec près de 86 000 hectolitres de rouge et de blanc rentrés l'année dernière, et environ 300 déclarations de récoltes, plus de 3 000 hectares en surface, 13 cépages, quatre types de sols... "La grande diversité de nos vins sous cette belle bannière", résumait simplement Amélie Barrot-Vidal, présidente de l'Organisme de défense et de gestion (ODG). Une appellation emblématique pour ses vins à l'élaboration inscrite en 2019 par l'Unesco à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France. Une appellation emblématique, aussi, pour son histoire et sa géographie.

Alors quoi de plus logique pour l'appellation et la commune du même nom que d'accueillir en son historique château l'assemblée générale de la Fédération des AOC du Sud-Est (Fraoc) ce lundi 20 juin dernier ? "Vous avoir ici, c'est rappeler l'importance des AOC, particulièrement face aux projets auxquels nous sommes de plus en plus confrontés, notamment en urbanisme où l'on nous impose le Sraddet1", rappelle Claude Avril, maire de Châteauneuf-du-Pape. Ces combats, il les connaît bien : celui des carrières du Lampoudrier occupe bien son temps (voir encadré). Pour protéger le territoire, la profession continue d'interpeler les élus sur les dégâts engendrés par de tels projets, mais également "l'urbanisation décomplexée qui génère aujourd'hui une certaine appétence pour les zones agricoles ou naturelles", développe Emmanuel Estour, délégué territorial Sud-Est de l'INAO. Que les moyens soient ou non réglementaires, "il faudra une réflexion collective pour  impliquer davantage nos élus", et leur faire comprendre que l'agriculture fait également partie de la sphère économique.

Changement climatique et assurance récolte

Alors que, dans la filière, tous pensaient être sortis de la situation délicate du Covid, les difficultés se poursuivent. "La période a été difficile. Cela dit, nous ne pouvons que constater un certain don pour la résilience", souligne Éric Pastorino, président de la Fraoc. Il admet cependant que les difficultés s'accumulent : "Il est encore compliqué de dire que l'on est complètement sorti du Covid. D'autant qu'en plus de cela, nous faisons face à la guerre en Ukraine et à un contexte d'inflation inédit, qui aura probablement un impact sur la filière".

À cela s'ajoute un changement climatique que tous ont bien en tête. "On en parle beaucoup, mais on le constate surtout. Une année il gèle, l'autre on a localement de forts épisodes de grêle, ensuite on a de la sécheresse", liste le président. La multiplicité des aléas et leur récurrence lui donne raison.

Face à ce basculement, de nombreux sujets reviennent sur la table. Parmi eux, l'irrigation. "Avant, il n'y avait que dans le sud qu'on en parlait. Aujourd'hui, quand on fait notre congrès de la Cnaoc2(Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin sous appellation d'origine contrôlée, ndlr) fin avril, ce sont tous les vignobles qui en parlent. Même en Alsace", alerte Éric  Pastorino. Pour répondre aux plus frileux, il rassure : "La réglementation sur le contrôle de l'irrigation et la date du 15 août doivent évoluer rapidement, mais cela doit se faire de manière raisonnée. Il faut des garde-fous pour également s'assurer d'une bonne gestion de la ressource en eau".

Assortie à la multiplication des aléas climatiques, la réforme du système assurantiel est toujours très attendue et fait encore couler de l'encre. Le nouveau système - qui entrera en vigueur en 2023 - semble encore trop flou pour les professionnels. "Il faut encore attendre de voir les textes et comment ça va se transposer en pratique", estime Denis Guthmuller, président du Syndicat des Côtes du Rhône et secrétaire général de la Fraoc. Plus possible toutefois de "rouler sans frein", selon Pierre Combat, le trésorier de la fédération : "Ça fait bien longtemps que l'on sait qu'on n'est pas éligibles aux calamités, donc au bout d'un moment, il faut se prendre en main. Aux banques aussi de faire comprendre aux jeunes que s'est important de s'assurer". Certes mais c'est difficile de motiver des jeunes quand d'autres, assurés, se désengagent car pas convaincus du système. Là encore, la réforme apportera peut-être du grain à moudre. 

Avancer sur tous les fronts

Pour la Fraoc, se retrouver à Châteauneuf-du-Pape aura également été l'occasion de célébrer la petite victoire contre le rapport 'BECA', posé au niveau européen par le Comité spécial de lutte contre le cancer en décembre dernier. "Il y a de plus en plus une vision anti-alcool poussée par des lobbies. Ça a été une surprise de voir ce rapport arriver, d'autant plus que la filière a toujours beaucoup avancé sur la prévention contre le cancer et les notions de responsabilisation de la consommation", affirme Éric Pastorino. Le président attire la vigilance : "Ce texte a été contourné avec un accord satisfaisant, mais ce n'est que le premier".

Alors que le vin se trouve quelque peu boudé par le consommateur qui se tourne davantage vers la bière3, ce rapport venait ajouter aux difficultés rencontrées par la filière. Difficultés que les vignerons retrouvent aux champs, avec les traitements et le voisinage. "Désormais, les zones non traitées sont étendues aux lieux accueillant des travailleurs de façon régulière à proximité des traitement", annonce Raphaël Brandazzi, directeur de la Fraoc. Alors que les textes sur les Zones de non traitement (ZNT) viennent tout juste d'être réécrits, un recours a déjà été déposé contre le nouveau dispositif par plusieurs maires. Les chartes riverains doivent être revues avant le mois de juillet 2022. "Nous attendons du gouvernement qu'il tienne compte des difficultés de notre métier, et qu'il ne rajoute pas de contraintes supplémentaires à des réglementations franco-françaises", expliquent les membres de la fédération. Ils attendent particulièrement la validation d'un principe de réciprocité, afin que les règles de ZNT soient également applicables aux aménageurs et constructeurs.

Parallèlement, l'évolution de l'étiquetage environnemental, la loi de finances et de financement de la sécurité sociale, la loi Sempastous ou encore les réformes des Indications géographiques et de la Pac sont d'autres sujets surveillés de très près.

Améliorer la prospection de la flavescence dorée

"Pour être efficace, la lutte contre la flavescence dorée doit être collective", rappelle le directeur de la Fraoc. La position, bien que partagée par l'ensemble des professionnels de la filière en Paca, ne traduit pas la réalité du terrain. "Il y a des difficultés à créer une émulation autour de la prospection, mais le sujet est toujours aussi important. Tout le monde peut être touché", déplore Éric Pastorino.

La stratégie d'éradication actuelle semble effectivement ne pas fonctionner : il va falloir vivre avec cette maladie. "La situation dans les vignes mères et les pépinières est plutôt saine. Mais, en production, la pression se déploie", explique Jean-Yves Cothenet, chargé de mission à la Draaf Paca et FranceAgriMer. D'où l'importance de la traçabilité et du passeport sanitaire pour les plants qui, Éric Pastorino le rappelle, "même traités à l'eau chaude, ne sont pas exemptés de traitements". Il faut donc bien traiter les plants et prospecter dans les vignes. "Le problème, c'est que la prospection est plus simple aux alentours du 15 août, seule période où le vigneron peut s'autoriser une rare semaine hors des vignes", se désole Pierre Combat. 

Par dessus le marché, la question du financement de la prospection est dans toutes les bouches. "On a un État qui essaie de sortir de ses obligations", explique Olivier Nasles, président du Comité national de l'agriculture biologique de l'INAO et vice-président de la Fraoc. Si une enveloppe de 20,5 millions d'euros vient d'être votée et que la question de la cotisation obligatoire commence à s'imposer, tous restent en attente. "On a besoin d'avoir une garantie", conclut le président de la Fraoc. 

Manon Lallemand •

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