100 % collecté, 100 % recyclé cette année, en France. Telle est l'ambition de l'éco-organisme de la filière agricole, Agrivalor (Agriculteurs, distributeurs industriels pour la valorisation des déchets agricoles), pour la collecte et le recyclage des films de paillage utilisés en maraîchage. Un changement de braquet radical car, encore aujourd'hui, ces films ne peuvent être recyclés quand ils arrivent en fin de vie à cause de leur taux de souillure supérieur à 65 %. De ce fait, ils sont envoyés dans des Installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) pour leur enfouissement. Or, cette pratique sera prochainement interdite. Par ailleurs, les réglementations environnementales européenne et française poussent au recyclage et à l'incorporation de plus de matières plastiques recyclées dans des produits neufs. Aussi, pour relever ce défi, et faire face à l'interdiction prochaine de l'enfouissement de ces déchets agricoles, Adivalor a lancé un programme de création de quatre unités de recyclage d'emballages et plastiques agricoles en France, auquel a répondu la société Plasticlean, spécialement créée par le groupe Calvet, pour le traitement des plastiques agricoles usagés de la filière maraîchère. Il aura fallu trois ans, entre les études du projet et des visites d'unités de recyclage des déchets agricoles en France et en Europe, pour que Plasticlean finalise son procédé industriel. "C'est un véritable défi technologique, car aucune unité de la sorte, en France, comme en Europe, n'est en capacité de recycler les films de paillage maraîchers et de les réintroduire dans l'économie circulaire ainsi que nous allons le faire", indique Jacques Benaize, directeur administratif et financier de Plasticlean.

10 000 tonnes traitées par an

C'est à Vendargues, dans l'Hérault, que Plasticlean a décidé d'installer son unité de recyclage de films de paillage maraîchers sur un terrain de 8 000 m², dont entre autres 1 000 m² réservés pour le bâtiment industriel et 5 000 m² pour le stockage des déchets. À Vendargues, et pas ailleurs, car le site est proche du siège social du groupe Calvet, soit à Aimargues, dans le Gard, mais aussi parce qu'il est situé à la croisée des deux principales zones maraîchères du Sud de la France, et donc des principaux flux de collecte de films agricoles usagés (entre le Languedoc, la Provence et la Vallée du Rhône).

Cette unité de recyclage, d'un investissement de 4,3 millions d'euros - issus de fonds privés et subventions de la Banque publique d'investissement et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie : dossier en cours auprès de cette dernière, ndlr - devrait entrer en production en juin prochain. Elle sera en capacité de traiter 10 000 tonnes (t) de films de paillage maraîchers par an, collectées par Adivalor. "C'est le contrat que nous avons signé avec cet éco-organisme, mais qui n'exclut pas la possibilité d'aller au-delà", précise le directeur administratif et juridique. Soit un volume qui représente la moitié des films agricoles maraîchers usagés à traiter en France. La capacité journalière de traitement devrait tourner, quant à elle, entre 45 et 60 t, un volume qui variera, bien sûr, en fonction de la saisonnalité des activités maraîchères. Ce qui n'empêchera pas l'unité de traitement, quand elle aura atteint son rythme de croisière, de fonctionner également sept jours sur sept, avec une douzaine de personnes.

Un procédé industriel unique en son genre

Il faudra cependant encore attendre un peu (brevet en cours de validation, ndlr) pour connaître concrètement dans le détail le fonctionnement de l'unité de recyclage. Ce que l'on sait aujourd'hui, c'est que le procédé industriel mis en place va permettre d'assurer un nettoyage intensif des films les plus souillés, en vue de leur recyclage. Pour ce faire, la ligne qui sera installée au sein de l'unité de recyclage comprendra une étape de broyage des films plastiques maraîchers usagés, de lavage et de séchage, puis de conditionnement. C'est ainsi que seront produits des plastiques recyclés à base de polyéthylène basse densité (PEBD), qui se présenteront sous forme de flocons, conditionnés en balles houssées.

"Ces matières recyclées pourront être soit directement compressées, soit extrudées par des plasturgistes. Compte tenu de leur extrême pureté, elles pourront être incorporées lors de la production de films plastiques neufs", détaille Jacques Benaize. De quoi réduire l'utilisation de matière vierge, ainsi que l'impact sur l'environnement. Ce projet pilote, qui est une première, devrait être dupliqué en France et dans d'autres pays européens.

Adivalor a collecté 93 000 ton- nes de déchets agricoles en 2022, soit 4 000 t de plus qu'en 2021. Ces déchets sont recyclés à près de 90 % aujourd'hui, hors films de paillage. Si les résultats affichés sont bons, la filière vise encore mieux. Elle a donc pour ambition de collecter 100 % de déchets agricoles, et de parvenir à recycler 100 % de ce qui est collecté. 

Son autre projet est la relocalisation du recyclage en France, géré jusque-là à l'échelle de l'Union européenne. L'objectif affiché est d'atteindre un recyclage de 80 % des déchets agricoles de l'Hexagone d'ici à 2025. Pour l'atteindre, quatre sites ont été retenus pour assurer le recyclage.

Le premier, en service depuis septembre 2022, dans l'Orne, assure le recyclage des filets à balles rondes. Le second, dans l'Hérault (Plasticlean), traitera, lui, les films de paillage maraîchers usagés. Le début de production est prévu normalement à partir de juin 2023. Le troisième, localisé, dans l'Eure, et qui devrait être mis en service à la fin de cette année, recyclera les big-bags agricoles usagés. Enfin, le quatrième, qui verra le jour en Ile-et-Vilaine, courant 2024, traitera les films d'élevage usagés.