Valorisation du bois
Sur les hauteurs du Domaine de Bergnes (11) a eu lieu début décembre, une après-midi d'échanges et de réflexions sur la valorisation du bois en milieu agricole et forestier. À cette occasion, les Chambres d'agriculture de l'Aude et de l'Ariège ont présenté les multiples possibilités qu'offre cette ressource, et également l'importance d'entretenir l'existant, afin de sécuriser nos paysages.
Cette déchiqueteuse permet de transformer tout type de bois et peut aussi s'adapter à tout type de terrain, grâce à la mise en place de chenilles.
© Crédit photo : AL
La déprise agricole laisse place à de nombreuses friches dans les départements de l'Aude et de l'Ariège, et certains ont bien cerné la valeur qui s'y réfugiait. Nelson Guichet, conseiller forestier à la Chambre d'agriculture de l'Ariège, constate une réelle demande et travaille auprès des agriculteurs pour établir des diagnostics de travaux forestiers : "C'est une ressource boisée issue de l'abandon des terres agricoles. La plupart du temps, les arbres ont pris le dessus et le milieu finit par se fermer. Certaines essences ont du mal à trouver preneur à cause de leur 'mauvaise qualité' comme le saule, le tremble ou le bouleau. Mais malgré tout, ce sont des productions tout à fait valorisables." Le Domaine de Bergnes a fait appel à Pierre Gondal, gérant de la société Actiforest, pour la transformation du bois brut en plaquette à l'aide d'une déchiqueteuse. Cette machine, alimentée par une grue, permet de broyer de multiples essences avec un débit de 300 à 500 m3 par jour. "Pour que le chantier soit le plus efficace et le moins onéreux, je conseille de préparer des andains réguliers avec des arbres bien alignés, de grandes longueurs et de préférence avec la coupe vers la machine", prévient-il. Cette transformation ouvre deux voies de valorisation : la litière animale pour les éleveurs et le bois de chauffe pour les chaufferies collectives de Montégut-Plantaurel et de Limoux, qui l'utilisent d'ores et déjà pour alimenter diverses structures locales comme le pôle culturel, les immeubles Alogéa, le centre hospitalier, ou encore le groupe scolaire Jean Moulin. Nelson Guichet rappelle que"cela permet de montrer aux agriculteurs que le bois qui, a priori n'a pas beaucoup de valeur, peut très bien être valorisé. Notre objectif est de démontrer que l'arbre et la forêt peuvent être des outils de l'exploitation agricole".
Des périodes bien précises doivent être respectées avant tous travaux : l'hiver reste la période la plus propice, car la végétation est en repos physiologique. De début août jusqu'à la chute des feuilles, les travaux sont envisageables, néanmoins pour la production de plaquettes. Il est conseillé de laisser sécher les feuilles trois semaines avant déchiquetage, sans quoi elles feront de la poussière, déconseillée en chaudière. Bien évidemment, lors de la période de montée de sève, de mars à juillet, tout travail de taille est strictement proscrit.
L'éclaircie, qui consiste à abaisser la densité des haies et des jeunes arbres, offre une bonne valorisation de l'arbre hors forêts. Elle trouve un intérêt important auprès des agriculteurs en sylvopastoralisme, car la ressource créée est utilisable directement sur place, pour pailler les arbres ou pour la litière du cheptel. "On mène un gros travail collectif avec 37 éleveurs en Ariège, qui nous permettent d'avoir des retours d'expérience et un vrai partage sur cette thématique. Nous avons pu constater qu'une éclaircie effectuée sur une haie adulte de 1 km de long permet d'obtenir en moyenne 60 à 80 m3 de bois. Il est nécessaire également de rappeler une règle concernant l'inquiétude de certains agriculteurs vis-à-vis d'une possible acidification du sol avec l'apport de résineux. Afin d'éviter ce problème, il faut que le taux d'humidité soit inférieur à 30 %, tant pour du résineux que pour du feuillus."
L'art de l'éclaircie n'est pas à prendre à la légère estime le conseiller forestier. "Il faut trouver le bon équilibre entre l'apport de lumière et d'ombre au sein de la parcelle. En règle générale, on retire 30 % du couvert en sylvopastoralisme, afin de laisser suffisamment de lumière pour permettre à l'herbe de pousser, mais aussi suffisamment d'arbres pour éviter l'installation d'espèces indésirables comme la fougère ou la ronce qui pourraient prendre le dessus. Dans des peuplements forestiers, on est plutôt à 15 ou 20 % maximum. Afin de réaliser un abattage soigné", ajoute Nelson Guichet, "il est très important de couper le plus près possible du sol. Pour les francs de pied, on coupe juste au-dessus du collet et pour les cépées, juste au-dessus de l'insertion des brins". Hormis la valorisation, Nelson Guichet et son équipe se penchent également sur l'implantation d'arbres en agroforesterie : "Au vu des conditions climatiques, il faut introduire des espèces rustiques comme le mûrier blanc, car il est extrêmement flexible, tant par sa digestibilité pour le cheptel, que pour sa résistance aux températures élevées. De plus, il peut être mené en trogne et pâturé directement par le troupeau, tout en s'adaptant à une multitude de sols." Enfin, il insiste également sur le fait que les peuplements non gérés augmentent le risque d'incendie. "Au sein d'une friche, il règne différentes strates plus ou moins développées. Les étages inférieurs, étant très inflammables et souvent ligneux, en présence de genêts ou d'acacias, représentent un risque pour la strate supérieure. Ici aussi, maintenir une parcelle suffisamment ouverte permet de limiter ce risque et facilite l'accessibilité pour les pompiers en cas d'incendie", précise-t-il.
Présent sur le site, Hugo Salgado, salarié de la coopérative de transition écologique en Haute Vallée de l'Aude, étudie et participe à différents chantiers d'animation sur les structures paysagères novatrices, en partenariat avec la Chambre d'agriculture de l'Aude et la maison paysanne audoise. "Le but est de soutenir des projets dans des changements de pratiques comme l'éclaircie par exemple, qui permet une ouverture et une fermeture optimales du paysage. D'ailleurs, le sylvopastoralisme est une bonne porte d'entrée pour cette pratique, car la ressource peut être valorisée directement sur place en de multiples formes", explique-t-il. C'est également l'avis de Jean-Claude Ormières, agriculteur à Granès et adhérent de la coopérative Cavale de Limoux :"Personnellement, je souhaite fournir du résineux en plaquettes pour la chaudière collective de Limoux et pourquoi pas, faire du bois d'œuvre pour la charpente. La présence du sanglier pose aussi quelques problèmes. Je pense que le fait de rouvrir l'espace leur permettra d'être moins présents". Jean-Luc Pull, chef d'équipe élevage au sein de la Chambre d'agriculture de l'Aude et organisateur de cette journée, conclut que "plus on arrive à mutualiser, mieux c'est". Pour l'heure, le diagnostic est établi par les conseillers forestiers des Chambres d'agriculture de l'Aude et de l'Ariège. Il est financé à 100 % par la Région, qui partage sa volonté de réflexion sur cette thématique cruciale, qui façonne et sécurise les paysages, pour les générations à venir.
Publiez facilement vos annonces légales dans toute la France.
Grâce à notre réseau de journaux partenaires.
Attestation immédiate, service 24h/24, 7 jours/7
Chaque semaine, retrouvez toute l'actualité de votre département, des infos techniques et pratiques pour vous accompagner au quotidien...
Découvrez toutes nos formulesInscrivez-vous GRATUITEMENT à nos newsletters pour ne rien rater de notre actualité !
S'abonner