Variétés tolérantes
Le comité RQD a confié aux Chambres d'agriculture la mission de collecter et capitaliser auprès des exploitants du bassin Languedoc-Roussillon les données sur les cépages tolérants, de la plantation à la commercialisation des produits, en passant par l'itinéraire technique.
Réalisées en partenariat avec les Chambres d'agriculture, le comité RQD met à disposition sur son site internet : www.comiterqd-lr.fr, des fiches présentant les premières acquisitions sur le comportement des cépages tolérants.
© Crédit photo : DR
Floréal, fleurtaï ou encore vidoc. On entend de plus en plus ces noms de cépages dans le vignoble, et ils sont intégrés dans le plan collectif de restructuration n° 5, établi pour les campagnes 2022 à 2025. "Si la filière a souhaité promouvoir ces cépages au sein des plans collectifs, il ne s'agit pas de foncer tête baissée", rappelle le président du comité RQD, Guilhem Vigroux. Ainsi, le comité a confié aux Chambres d'agriculture la mission de collecter et capitaliser des références sur ces cépages auprès des exploitants. "Il est important de qualifier ces variétés de tolérantes et non de résistantes", rappelle Nathalie Fortin, chargée de mission en développement durable au sein de la Chambre d'agriculture de l'Hérault. "Même si ces variétés permettent des réductions de traitement de l'ordre de 80 à 95 % en fongicide, elles ne s'en substituent pas totalement." De 2020 à 2022, le réseau de plantation du bassin Languedoc-Roussillon a effectué plus de 200 observations sur des parcelles plutôt jeunes, âgées de deux à dix ans. Pour cela, deux paramètres ont été pris en compte.
Tout d'abord, le porte-greffe, dont il faudra veiller à la bonne gestion de la vigueur, en fonction du cépage choisi. "Le SO4 est trop présent. Nous recherchons des parcelles plus diversifiées", ajoute-t-elle. Autre paramètre, l'adaptation des systèmes de conduite et notamment de la taille. Ainsi, floréal et voltis présentent une fertilité faible des yeux de la base : il faudra donc éviter une taille trop courte (royat ou taille mécanisée).
Le protocole mis en place par les Chambres d'agriculture comporte deux visites de terrain complètes, au stade préfloraison et véraison-récolte, puis un échange avec le viticulteur pour recueillir son avis au vignoble, à la récolte, à la cave...
À noter que des interrogations perdurent comme autour du black-rot. Les observations réalisées de 2017 à 2021 montrent que ces cépages sont nettement plus tolérants que les cépages classiques comme le merlot ou le sauvignon.
Les Vignobles Foncalieu sont le premier acteur viticole à produire et commercialiser un vin issu de nouvelles variétés tolérantes françaises. Il propose une gamme NU. VO. TÉ, bio et sans soufre ajouté, issue des cépages artaban (rouge), artaban-vidoc (rosé) et floréal (blanc). Avec une surface de 5 000 hectares et une production de 400 000 hl/an, Gabriel Ruetsch, ingénieur agronome de l'union de coopératives est ravi d'avoir été un précurseur sur l'utilisation de ces variétés. Une forte conviction l'a amené à s'engager dans cette voie. "J'y crois, alors je vais essayer". En travaillant en étroite collaboration avec INRAE de Colmar, il a pu obtenir le cépage artaban, tout droit sorti du programme Resdur-1, qui a pris racine au sein du vignoble de Foncalieu en 2016. "Ce sont des variétés obtenues par pollinisation et donc par reproduction sexuée et non pas des OGM", tient-il à rappeler, afin d'écarter tout malentendu. "Ce long travail a fait naître le premier millésime en 2018 en 100 % artaban. Les essais ont continué avec, en 2020, un millésime artaban et vidoc produit en agriculture biologique, sans sulfite ajouté. Le succès de cette cuvée est au rendez-vous", tant et si bien que la surface de ces nouvelles variétés représente 70 ha en 2022 avec, par ordre d'importance, le souvignier gris, le vidoc, puis le floréal. "Même si l'intérêt productif et réglementaire des nouvelles variétés résistantes ne se discute plus, une très forte incertitude demeure sur leur commercialisation future", reconnaît, malgré son engouement, l'agronome. Reste maintenant à éduquer les palais et les connaissances de la jeune génération, pour qu'ils fassent évoluer leur approche sur ces variétés de demain.
"Il est nécessaire de vulgariser et structurer nos connaissances", estime Guilhem Vigroux, "afin d'avancer plus efficacement en se remettant sans cesse en question". C'est dans cette optique que le comité RQD a confié aux Chambres d'agriculture la mission de collecter auprès des viticulteurs les données essentielles sur ces cépages : de la plantation jusqu'à la commercialisation. "L'attente sur cette thématique est forte, car la pression cryptogamique augmente et menace la pérennité des exploitations viticoles." La création et la diffusion de fiches techniques et d'expérimentations grandeur nature permet de "donner à la jeune génération", des indicateurs pertinents pour qu'à leur tour, ces travaux évoluent et se multiplient. "S'il ne fallait retenir qu'un mot, ce serait l'humilité, car le savoir sur le vivant n'est jamais acquis et évolue sans cesse", conclut-il avec certitude.
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