Cette campagne 2020-2021 de la truffe s’annonce compliquée, car paradoxale, avec une offre importante et qualitative, mais des marchés pour l’instant bouchés (© P. Nicolas)
Ce vendredi 4 décembre, une pluie fine et tenace tombe sur Carpentras. Dès 8 heures, des petits groupes se forment sur la place Aristide Briand, devant le grand portail de la bibliothèque-musée Inguimbertine. Celle-ci accueillera, à partir de 9 h, le premier marché aux truffes professionnel de la saison 2020-2021, dans sa cour d’honneur. Une tradition qui remonte à plusieurs années, quand la bibliothèque-musée était encore l’ancien Hôtel-Dieu.
Ce marché professionnel – s’il n’est pas aussi important en volume et en nombre de participants que celui de Richerenches, qui aura lieu le lendemain – est néanmoins le plus observé : sa mercuriale, fixée par les observations du Réseau national des marchés, détermine en effet le cours de la truffe. Publiée sur le site de la mairie de Carpentras, cette mercuriale est consultée non seulement par les acteurs français, mais aussi étrangers. « Nous avons énormément de consultations en provenance d’Amérique du Sud, par exemple », expliquent d’une même voix Bernard Bossan, élu en charge des marchés, et Benoît Curinier, directeur de la communication de la Ville de Carpentras.
L’enjeu est donc important, d’autant que cette campagne 2020-2021 s’annonce compliquée, car paradoxale. L’offre est importante et qualitative, comme l’affirme André Desserre, « siffleur » officiel du marché : « Cette saison s’annonce très bien, avec des quantités importantes mais surtout, une truffe déjà mature, alors que d’ordinaire il faut attendre janvier pour voir arriver la meilleure production. C’est une bonne chose pour les trufficulteurs, après l’année catastrophique que nous avons connue en 2019 ».
Faibles perspectives d’achat
Mais ceux-ci ne semblent pas vraiment partager ce point de vue : car avec la fermeture des restaurants, qui ne rouvriront – peut-être – qu’au 20 janvier, les perspectives d’achat sont faibles, ce qui promet un prix peu attractif. Combiné à une production conséquente – près de 60 producteurs sont présents ce matin-là – cela promet un prix à la baisse. Alors, certains essayent « d’influencer la tendance », en présentant la récolte 2020 comme « encore plus catastrophique que celle de l’année dernière ». Devant des sacs pleins à craquer de Tuber melanosporum belles et charnues…
Les acheteurs, eux, ne s’y trompent pas. Ils sont nombreux. Parmi eux, le très médiatique Serge Goukhassian passe d’un vendeur à l’autre, tente de humer les parfums « mais avec ce fichu masque, c’est une horreur ! ». Les transactions vont bon train, et ce tout premier marché de l’année s’éternise, là où il pouvait durer parfois à peine un quart d’heure, les pires années. Et sur le site internet de la Ville de Carpentras, les chiffres de la mercuriale s’affichent, impitoyables : 260 € en moyenne pour le prix de gros, 500 € en moyenne pour le prix au détail. Une bonne année pour les gourmets et leur portefeuille, nettement moins bonne pour les trufficulteurs.
Pierre Nicolas, CLP
Apiculture
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