Initialement producteur d’anémones et de renoncules, Thomas Pustel produit aussi du calla depuis cet été. © G. Lantes
C’est en grandissant dans les serres familiales que Thomas Pustel s’est pris de passion pour la fleur coupée. Très tôt il sait que, comme son père et son grand-père avant lui, il en fera son métier. Sorti du lycée agricole de Hyères avec un bac pro en poche, il entame un BTS quand il a l’opportunité de reprendre les 3 500 m² de serres d’une ancienne exploitation de roses, à La Crau. Entre les études et la vie active, son choix est vite fait. Sans regret.
“C’était une occasion à ne pas manquer. On ne trouve pas des serres entretenues et disponibles tous les jours. Et puis, on ne va pas se mentir : l’école ce n’était pas mon truc, j’y allais surtout pour les copains“, se souvient-il dans un sourire. Il n’a donc que 18 ans quand il s’installe, en mai 2013, avec un prêt bancaire et le soutien financier de ses grands-parents. Éligible à la Dotation jeune agriculteur, il préfère y renoncer pour ne pas retarder son installation.
La passion comme moteur
Pour commencer, Thomas Pustel doit démonter le système hors-sol précédemment installé pour les rosiers. Un sacré chantier. Car le jeune horticulteur veut cultiver des anémones et des renoncules, fleurettes incontournables de l’hiver. Dans cette perspective, il équipe une partie des serres dans lesquelles il débute une installation hors-sol en pot (peu commune dans la région), sur le modèle de celui développé en Hollande pour la production de gerbera, afin d’y faire de l’anémone. “C’est un peu la Rolls du hors-sol. C’est solide et ça limite les problèmes de maladie‘, présente-t-il. Il cultive aussi des anémones en pleine terre, comme ses renoncules, ce qui permet de désinfecter les sols quand le hors-sol en pot fait l’objet d’une solarisation, plus complexe à mener.
Petit à petit, au gré des départs en retraite de voisins, il récupère 2 000 m² de serres supplémentaires et un hectare et demi de plein champ, sur lesquels il installe des pivoines. Cette culture de printemps, fer de lance de la production de fleurs coupées du Var, permet de sécuriser le revenu de l’exploitation. La pivoine représente aujourd’hui 40 % du chiffre d’affaires. “Avant le Covid, heureusement qu’on avait la pivoine, car on a connu des années difficiles. Et quand on démarre, c’est compliqué. La pivoine a l’avantage d’être une culture peu contraignante qui se vend bien, et j’ai choisi des variétés qui sortent un peu de l’ordinaire, pour me démarquer. Après, je ne veux pas tout miser dessus. Ma saison doit se faire sur l’anémone et la renoncule“, souligne Thomas Pustel.
L’anémone, c’est la fleur de prédilection de l’horticulteur. “C’est un très beau produit. Mon père en a toujours fait et j’ai toujours adoré ça. C’est exigeant, mais c’est une valeur sûre. La renoncule, c’est plus fragile ; et puis il y a souvent des soucis sur les bulbes, on ne sait pas comment ils sont préparés. Tous les ans, il y a un problème. Rien que cette année, j’ai dû jeter un quart de ce que j’avais planté, avant même de commencer à récolter. Alors j’en fais de moins en moins. C’est dommage, car c’est une fleur que j’aime bien“, explique-t-il.
Se diversifier et aller de l’avant
Et pour suivre la bonne vieille ma-
xime qui préconise de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, le producteur est allé plus avant sur la voie de la diversification. Il essaie, au fil des années, plusieurs espèces : gypsophile, statice, tournesol, lisianthus... Avant de tomber amoureux du calla. “Mon grand-père m’avait toujours dit de faire de l’arum et finalement, je m’y suis mis cette année. J’ai fait les premiers cet été, et ça me plaît beaucoup. C’est une super jolie fleur, il y a plein de variétés, de couleurs, avec des précocités différentes qui me permettent de travailler sur le calendrier. Le choix est très important. Après, c’est compliqué à faire pousser. La gestion de l’arrosage se fait à la goutte d’eau près. C’est une plante à gros bulbe, c’est sensible et ça coûte cher. Donc il ne faut pas se manquer. Et puis la gestion de l’herbe se fait 100 % à la main, c’est du boulot. En revanche, c’est du bonheur à cueillir et à emballer“, détaille le jeune homme avec enthousiasme. Séduit par le produit et inspiré par les travaux du Scradh, il a enchaîné avec une production tardive. “Ça m’a tellement plu que, dès que j’ai eu fini de ramasser, en août, j’ai recontacté mon fournisseur pour en replanter en septembre. C’est un peu tard donc la crainte, c’est le froid. Je surveille la température du sol, car ça n’aime pas trop les écarts. Mais les premières fleurs sont belles et se vendent bien. Et puis je suis le seul en local à en faire. J’aimerais me spécialiser“, témoigne-t-il. Au total, cette année, il aura produit quelque neuf variétés différentes de calla, vendues sur le Marché aux fleurs de Hyères, comme le reste de sa production.
À l’avenir, le producteur voudrait s’essayer au feuillage, à condition de trouver les terres adaptées. Actuellement locataire de la totalité des surfaces qu’il cultive, il a aussi comme objectif de devenir propriétaire, afin de pérenniser son exploitation. Pour l’heure, il s’attelle au réaménagement de son atelier d’emballage et au montage d’un petit hangar, où abriter son matériel. En espérant que la campagne soit aussi bonne que celle de l’année dernière.
“Avec le Covid, les confinements, l’arrêt des importations, les gens ont redécouvert nos fleurs. Il faut souhaiter que ça dure, car on ne dit jamais assez que les fleurs d’importation ne sont pas produites selon les mêmes normes, avec une main-d’œuvre à bas coût et des produits phytosanitaires interdits chez nous depuis 30 ans“, défend Thomas Pustel. Soucieux de toujours mettre en place des pratiques durables, l’horticulteur est membre d’un GIEE1 ‘Fleurs coupées’, animé par le groupement de producteurs PhilaFlor, dont il est depuis administrateur, et au sein duquel il travaille sur la gestion de la fertiirrigation, les besoins en eau des plantes ou encore la vie des sols. “Les bonnes années comme l’an dernier, on nous parle d’année exceptionnelle. Alors c’est sûr, on ne maîtrise pas le climat, mais il y a surtout beaucoup de travail derrière nos fleurs. On bosse, on investit, on a des projets ! C‘est comme ça qu’on avance“, assure-t-il.
Gabrielle Lantes
(1) Groupement d’intérêt économique et environnemental.
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