concours des vins d'orange
À l'issue de deux journées marathon de dégustation, la 71e édition du concours des vins d'Orange a rassemblé quelque 520 dégustateurs répartis en 120 jurys. Après d'âpres sélections, ils ont décerné 492 médailles, dont 259 médailles d'or, 204 d'argent et 29 médailles en bronze.
La 71e édition du concours des vins orange a attiré les foules, les 3 et 4 février derniers.
© Crédit photo : FP
"Depuis le Covid - où nous avons réalisé le concours par petits groupes sur 14 jours -, nous organisons désormais le concours sur deux journées. Le vendredi, en effet, il y a beaucoup de professionnels qui peuvent se libérer, c'est extrêmement intéressant et positif. C'est donc une disposition que l'on va maintenir", affirme avec satisfaction la directrice du concours des vins d'Orange, Anne Mouralis, alors que le calme règne dans la salle. Car il ne faut pas chômer ! "Nous avons cette année 1 916 échantillons, plus que l'an dernier. Nous avons réuni 45 jurys pour 180 dégustateurs le vendredi, et 75 jurys, dont une table pour les eaux-de-vie. Et ce samedi 340 dégustateurs." À ses côtés, son président a le sourire : "Nous avons recueilli un nombre d'échantillons correspondant à une belle année, c'est signe d'un beau millésime avec un fort potentiel", lance Michel Bernard. Il faut dire qu'avec la directrice, un conseil de quinze personnes, vingt commissaires et une secrétaire à mi-temps, le concours des vins à Orange tourne comme une horloge suisse.
Dès l'entrée dans le vaste espace Daudet, les gilets rouges des commissaires - qui papillonnent de table en table - donnent le tournis. Parmi eux, trois jeunes élèves du lycée viticole, en classe de 1re 'Vigne et vin', s'occupent activement de répondre à tous les besoins matériels, pour faciliter le travail des dégustateurs. Tout comme leur doyen, Michel Bouyer, ancien exploitant de côtes-du-rhône, et conseiller municipal siégeant à la commission agricole, présent depuis plus de 30 ans au concours : "J'ai connu le créateur, Monsieur Alessandrini. Mais, à l'époque, nous étions une cinquantaine seulement. Le concours se tenait dans les grottes du Théâtre antique, on dégustait debout autour de tonneaux. Cela a bien changé !"
Parmi les jurys, des "vieux", routiers archi confirmés, et des débutants, comme Pierre Marquestaut, chef d'entreprise : "C'est la première fois que je viens. J'ai été invité par des amis vignerons, je suis très heureux d'avoir fait cette expérience très enrichissante. Hier, j'ai dégusté des vacqueyras et des côtes-du-rhône et aujourd'hui des plan-de-dieu. Peu habitué aux rosés, cela m'a été très difficile de les sélectionner. Heureusement, les rouges ont des repères gustatifs plus marqués pour moi". Au fil des tables, on trouve aussi des amateurs avertis comme Hervé Beaufils, présent sur le concours depuis une vingtaine d'années : "Nous avions une série de côtes-du-rhône et de vacqueyras 2022. Ce sont des vins très variés, typés, sans aucun Ovni", lâche-t-il.
Quatre tables plus loin, c'est une sommelière Gaëlle Devas qui vient de reprendre le chemin des études au lycée viticole. Conquise par la diversité de sa sélection : "Les rouges plan-de-dieu sont vraiment typiques de l'appellation, très pleins, très charnus avec une bonne structure tannique. Chez les luberon rosés, nous avons découvert des vins délicats, sur le fruit, très frais."
À la même table de jury, Isaure Dollé, avocate en droit de la vigne et du vin, nourrit aussi une passion pour la dégustation. "J'ai déjà participé à des sélections pour le Guide Hachette en rosé, il y a deux jours la présélection pour le Concours général agricole, à Châteauneuf, et l'an dernier le CGA à Paris. J'adore les concours, on y fait aussi de belles rencontres". La juriste ne tarit pas d'éloges sur la qualité des vins vauclusiens : "Avec le plan-de-dieu 2022, nous avons un super niveau, très bon millésime, franchement extraordinaire".
Dans l'autre rangée de jurys, où les baies vitrées font entrer la belle lumière du matin, Sandrine Berty, œnologue à Beaumes-de-Venise, est, elle aussi, enthousiaste : "J'ai beaucoup apprécié les IGP Méditerranée en blanc, avec des vins bien faits, mais dont un seul sortait vraiment du lot. Très satisfaite des rouges, notamment un massif d'Uchaux, bien fait, très complexe, puissant, qui a obtenu une médaille d'or (le jury n'a pas pu résister et a même bu toute la bouteille ! ndlr) et des Puyméras et St-Pantaléon, très fruités, avec beaucoup d'élégance."
Non loin de la scène, mais loin de la lumière du jour, Sophie Lurie, professeur d'œnologie au lycée viticole d'Orange, venue avec une trentaine de BTS viti-œno répartis dans les jurys, analyse en spécialiste : "Les côtes-du-rhône régionaux typés, souples et gouleyants ont reçu trois médailles. Sur les rasteau 2022, nous avons été assez partagés sur la série. Avec des vins jeunes qui ont juste quelques mois de cuve, nous avons décelé des échantillons un peu dans le végétal, un peu en deçà de la typicité rasteau. Mais la fin de la série a porté sur des vins structurés, gourmands, charpentés, nous avons eu notre petite satisfaction, mais avec un creux dans la série."
Au beau milieu du cénacle où les effluves du millésime 2022 se dispersent, le vice-président de l'appellation Gigondas, Franck Alexandre, président du Crédit Agricole Alpes-Provence, est ravi : "Ce concours, le plus historique du Vaucluse, reflète bien la qualité et l'expression des Côtes du Rhône. Les rouges 2022 génériques sont très beaux, avec une belle finesse, très structurés avec un bel équilibre. La belle sélection des gigondas m'a véritablement surpris, par sa qualité et sa densité pour une année 2022 compliquée en termes météorologiques."
Depuis cinq ans, un jury spécial est consacré aux marcs et fines des Côtes du Rhône et de Provence. Derrière le paravent qui les isole du reste des jurys, le président, Julien Ducruet, explique : "Nous n'avons pas eu à éliminer de produits présentant un défaut comme l'acidité volatile ou un défaut technique de distillation, ou présentant des odeurs désagréables voire des problèmes fermentaires. Nous avons, en revanche, décerné deux médailles d'argent. L'une sur une eau-de-vie blanche, l'autre sur un marc. Mais pas de médaille d'or. Nous n'étions pas loin, mais nous n'avons pas obtenu de consensus."
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