Vaucluse 02/05/2022
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Montfavet – Gadagne : s’engager pour changer la donne

Passée de présidente du canton d’Avignon à présidente du syndicat départemental des Jeunes agriculteurs de Vaucluse en trois ans d’engagement depuis son installation, Audrey Piazza a la bougeotte. Sur tous les fronts, au syndicat comme sur son exploitation, elle continue de prendre les devants pour l’avenir, le sien, autant que celui de l’agriculture en tant que telle…

"Tout ce qu’on est capable de faire pour aller un peu plus vers la souveraineté sur ce point, il faut le faire", note Audrey Piazza, la nouvelle présidente de JA Vaucluse (© ML)

Avant Audrey, l’agriculture ne faisait pas partie des choix de carrière privilégiés dans la famille Piazza. En grandissant, l’envie de travailler dehors s’est faite un peu plus prégnante chaque jour, jusqu’à prendre toute la place. La jeune femme passe finalement un baccalauréat agricole, puis se lance en travaillant dans chez un importateur – expéditeur de fruits et légumes. "Ce n’était pas comme aujourd’hui, mais ça a quand même représenté une première vraie expérience, surtout en arboriculture", admet-elle. Elle a ensuite voulu voler de ses propres ailes en s’associant à Pierre, son beau-père, lorsque le frère de ce dernier a décidé de prendre sa retraite. "Pour lui, c’était une reprise qui restait dans la famille, ça avait quelque chose de rassurant. De mon côté, si je n’avais pas eu cette opportunité, je n’aurais probablement jamais créé mon exploitation à partir de rien, trop de contraintes, surtout vu le prix du foncier actuellement", explique la jeune femme. L’aventure d’Audrey Piarra débute le 1er avril 2019, près de quatre mois après la naissance de son fils.

L’exploitation des Vergers de Bonpas – Domaine de la Croisette s’étend sur 40 hectares en polyculture à 100 % bio. Elle l’était déjà pour le maraîchage et l’arboriculture lorsqu’elle s’est associée à Pierre mais, pour la viticulture, c’est elle qui a décidé d’entamer conversion. Si son associé n’était pas des plus emballés, l’agricultrice ne s’est pas laissée abattre et a pris le combat à bras-le-corps. Les vendanges 2022 seront ses premières labellisées bio pour le domaine. Le raisin ira, comme à l’habitude, à la cave Demazet à Morières-les-Avignon. Le blanc restera à la coopérative quand le rouge sera vinifié à part, pour garder l’identité du domaine à travers une cuvée de côtes-du-rhône.

Pendant longtemps, la question de la cession ou de la reprise ne s’est pas posée. Avant l’arrivée d’Audrey, les investissements s’étaient donc considérablement ralentis, encore une chose qui a changé lors de l’installation de la jeune femme : "Le plus urgent était d’apporter l’eau, donc on a investi pour faire passer l’irrigation dans les vignes. Là on sort de chantiers qui ont duré tout l’hiver".

La proximité avec le client au cœur du travail d’agricultrice

En plus de cela, Audrey Piazza a entrepris un travail de restructuration du vignoble vieillissant : "Nous avons replanté un gros morceau cette année, puis nous allons poursuivre. Mais il faut un roulement, pour ne pas trop perdre en récolte, qui peut prendre jusqu’à trois ans selon les besoins de l’exploitation". Dans les vignes, les saisonniers finissent de s’activer à la taille pour passer au travail du sol. En arboriculture, c’est l’heure de la pose des filets. En maraîchage, les légumes reprennent. "Il n’y a pas de temps morts quand on fait de la polyculture. C’est vrai que c’est prenant, mais j’ai besoin que ça bouge beaucoup", raconte l’agricultrice. Elle aurait pu réduire la surface, ou le nombre de cultures différentes mais, en plus de son besoin d’occuper pleinement son temps, elle pense aussi aux avantages : " Pour les années difficiles, comme l’année dernière, on a vu que c’était vraiment une bonne chose de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier".

Autre utilité : la vente directe. Pendant le Covid, elle crée son drive. À ce moment, elle réalisait les livraisons, puis elle a commencé à se structurer, notamment grâce au réseau 'Bienvenue à la ferme' et le 'Drive fermier' que propose la marque1. "Au début, il y avait des commandes dans tous les sens. J’en oubliais, je devais courir partout pour livrer… Maintenant c’est plus facile à gérer. J’ai quand même réussi à conserver 80 % de ma clientèle, et de nouvelles personnes nous découvrent encore grâce aux réseaux sociaux", explique-t-elle. Ce sont dorénavant les clients qui viennent à elle, sauf pour les cantines du village : "Je trouve ça super que la mairie nous fasse confiance pour proposer des fruits et légumes frais, de saison et bio aux enfants. Ça va dans le bon sens et c’est une relation à préserver".

Pour s’ancrer un peu plus dans la vie locale, l’agricultrice accueille également un marché à la ferme avec les producteurs voisins, les samedis matin, pour compléter son propre étal. Productions boulangères, œufs, produits issus de maraîchage sous serre, "il faut retourner vers le collectif", affirme la jeune femme. "L’importance est grande. On est tous agriculteurs, qu’importe le mode de culture", poursuit-elle. C’est d’ailleurs cette réflexion qui l’a poussée vers les Jeunes agriculteurs du Vaucluse.

S’engager, l’art d’être sur tous les fronts

Très vite après son installation, elle prend la présidence du canton d’Avignon en novembre 2019 et, dès 2020, elle devient vice-présidente de Bruno Bouche, avant de prendre sa suite le 1er avril 20222. "J’ai beaucoup d’espoir avec cette équipe : elle est jeune, dynamique et force de proposition. C’est parfois dur de mobiliser, mais quand on pousse et qu’on arrive à motiver, on parvient à montrer que oui, notre agriculture c’est bien la plus vertueuse du monde, avec une grande diversité dans le Vaucluse". À 32 ans, l’agricultrice s’active donc pour donner envie aux autres de préparer la suite. L’apprentissage est une solution parmi d’autres. "J’aime bien parler de mon métier, expliquer, me dire qu’en formant quelqu’un, cette personne prendra peut-être la suite d’une exploitation. Le renouvellement des générations est définitivement un des points clefs de notre mobilisation aux JA. Plus on forme, plus on communique, plus on donne envie, plus on augmente le nombre d’installation", s’exclame-t-elle. Entre les générations qui partent et celles en formation, elle discerne encore un manque, "comme s’il manquait une génération pour combler le trou".

Communiquer pour donner envie est un défi, communiquer pour faire comprendre aux consommateurs en est un autre. "Je crois qu’on est en train de voir qu’avec la guerre en Europe, la situation alimentaire est autre. Tout ce qu’on est capable de faire pour aller un peu plus vers la souveraineté sur ce point, il faut le faire. Mais il faut les leviers nécessaires : faire des céréales dans les friches, c’est autre chose, il faut du matériel" ! Mais un pas fait vers le consommateur reste un pas fait vers une meilleure compréhension du métier. C’est ce qu’elle constate en communiquant sur les réseaux sociaux. Au-delà de provoquer un effet 'rappel' pour les commandes de dernières minutes sur le drive, elle constate une augmentation de l’intérêt des clients : "Finalement, ils sont en demande et ils percutent bien, puisqu’ils me parlent de chose qu’ils ont vu passer sur les réseaux quand ils viennent récupérer leurs paniers. Au moins, on est transparents et les gens savent ce qu’on fait. Ça les rend curieux".

Depuis quelques mois, elle est également vice-présidente de l’association 'Leucémie Espoir 13/84', montée par sa mère quelque temps après la découverte de la maladie dans la famille. "On a nous-mêmes été un peu démunis. Alors on a voulu lever des fonds pour la recherche et surtout communiquer, faire connaître la maladie, montrer qu’il y a des choses qui peuvent aider", énumère la jeune femme. Autant pour l’association qu’avec les JA, c’est en la communication positive qu’elle croit dur comme fer. "À ce jour, je crois que je n’ai jamais refusé aucun engagement, avec ça tu sais pourquoi tu te lèves", affirme-t-elle, sourire aux lèvres. Nul doute que c’est pour permettre aux autres de s’épanouir également qu’elle continuera à s’engager autant que possible.

Manon Lallemand

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