"Il aura atteint son objectif des 87, lui qui souhaitait dépasser cet âge que nos parents n'avaient pas atteint", se souvient Pierre, son frère cadet, avec qui il s'était installé en 1965 à La Coupe d'Or, après avoir été exproprié du chemin des Amandiers, à Saint-Chamand.

Après une dizaine d'années à exploiter, il décide de se consacrer à la défense de l'agriculture. "Il avait le virus de l'engagement et du syndicalisme. Une fois que l'exploitation a été bien assise, il a choisi sa voie", raconte Pierre Rigaud. Entré au CDJA de Vaucluse, il en devient président en 1966, puis secrétaire général de la FDSEA 84 en 1969, et président en 1974.

Ramener de la sérénité dans les moments tendus

Pour Jean-Louis Tennevet - directeur de la FDSEA et de la Chambre d'agriculture de Vaucluse à l'époque où Maurice Rigaud tenait la présidence de l'une, puis de l'autre - il était un homme "très fédérateur et qui savait rassembler toutes les énergies autour de lui dans un sens positif".

Il a en mémoire les nombreuses manifestations sur Avignon et les autoroutes, quand l'agriculture vauclusienne souffrait fortement de la concurrence espagnole. "Il avait la faculté de ramener un peu de sérénité dans toutes ces manifestations. Au début des années 80, nous avions conduit et vidé les camions espagnols rue de la République. C'était une démonstration aussi terrible que magnifique, qui a permis de porter haut et fort le message d'un point de vue politique."

Pour l'avoir connu à cette même période, alors qu'il était quant à lui engagé chez les Jeunes agriculteurs de Vaucluse, André Bernard, actuel président de la Chambre régionale d'agriculture (CRA) Provence-Alpes-Côte-d'Azur se rappelle quant à lui de "moments chauds, dans lesquels il s'illustrait par son tempérament rapide et réactif".

Un mentor proactif

Tant au niveau départemental, régional que national, Maurice Rigaud a œuvré au bénéfice de l'agriculture française. On peut notamment citer ses mandats en tant que secrétaire général de Chambre d'agriculture France (ex APCA), au comité de bassin Rhône-Méditerranée-Corse, sans oublier à la direction de l'Office national interprofessionnel des fruits, des légumes et de l'horticulture (Oniflhor). Un parcours très complet qui a fait de lui un élément essentiel et "à qui l'agriculture départementale et régionale doit beaucoup" d'après André Bernard.

"Nous n'avons pas toujours été d'accord sur tout, mais lors de mon élection en 2013, il m'a poussé à assumer mes responsabilités au niveau national. Aujourd'hui, l'agriculture n'est que le reflet des agriculteurs qui la composent et qui luttent pour elle", évoque le président de la CRA. S'il est là où il en est à ce jour, il estime que c'est grâce à l'impulsion d'un homme vigoureux, en figure de mentor.

"Je garderai le souvenir d'un homme engagé pour la cause agricole", souligne de son côté Sophie Vache, présidente de la FDSEA. "Il a été de bons conseils lors de mon arrivée à la tête de la FDSEA, en me conseillant de privilégier la discussion, avant d'engager une action. Car il était persuadé, jusqu'à la fin, que les échanges et les compromis permettaient très souvent de trouver une sortie vers le haut ! Une chose précieuse de nos jours."

Georgia Lambertin, présidente de la Chambre départementale, a quant à elle connu Maurice Rigaud en tant que jeune adhérente à la FDSEA. "C'était un homme chaleureux, estimé de ses collègues. Je l'avais rencontré encore l'année dernière. Il me prodiguait de bons conseils pour la présidence de la Chambre d'agriculture de Vaucluse. Le département avait besoin de leader tel que lui pour défendre et promouvoir l'agriculture régionale dans des périodes difficiles. Il me manque déjà... Aujourd'hui, j'ai une pensée émue pour sa famille".

Ses obsèques ont lieu ce vendredi 24 mars à 10 heures, en l'église du Sacré-Cœur à Avignon.