"Pour une bonne vendange, tout est question de réglages adaptés des machines", explique Gilbert Grenier, professeur et ingénieur agronome qui enseigne à Sciences Agro à Bordeaux. Pour le spécialiste, l'obtention d'une vendange de qualité, c'est-à-dire "propre et peu éclatée", n'est pas uniquement liée au choix de la machine utilisée, mais au suivi de quelques principes, comme "trouver un juste équilibre avec les vibrations de la machine, mais aussi ajuster le réglage de sa tête et de ses amplitudes".

Une préparation qui dure toute l'année

Si les vendanges n'ont lieu qu'une fois par an, le passage de la machine à vendanger se prépare toute l'année. Le plus important pour le professeur en sciences agronomiques reste "d'adapter la tête au passage de la récolte", car en facilitant l'alignement de celle-ci sur le rang, "on évite d'abîmer le palissage ou les ceps", poursuit-il. L'autre point clé, c'est le réglage des secoueurs qui doivent s'adapter à la zone fructifère. "Il faut trouver un équilibre entre les secoueurs, mais aussi l'amplitude de ces derniers", pour ne pas faire tomber inutilement des éléments indésirables dans la vendange, et pour éviter de perdre des grappes. L'amplitude, de son côté, permet d'augmenter l'énergie apportée pour le décrochement des baies. Mais sauf conditions et terrain difficiles, inutile de toucher à ce réglage "qui peut engendrer des casses ou des décrochements d'éléments indésirables", souligne Gilbert Grenier.

La vitesse d'avancement doit être le fruit d'un parfait équilibre : ni trop vite, pour ne pas faire tomber les raisins au sol, ni trop lentement, pour éviter que les baies ne se décrochent devant la machine.

Combinée au réglage de la vitesse, la fréquence va permettre de déterminer le nombre d'impulsions transmises sur la vigne. Mais là encore, prudence. "Il faut le choisir le plus bas possible, quitte à augmenter les réglages par une valeur faible et à renforcer progressivement ces derniers (pas plus de 10 coups par minute), afin d'obtenir le meilleur décrochage possible", avance l'ingénieur agronome.

Le pincement, un réglage important

Le pincement est un autre réglage auquel il faut faire attention. Il permet de maintenir la végétation sans trop tirer dessus et sans trop la battre. "S'il est trop écarté, on ne maintient pas bien la végétation, et le secouage risque de taper dans cette dernière. Les dégâts peuvent être importants, surtout si la vigne n'est pas bien entretenue, avec le risque de perdre des fruits. Si on serre trop, le palissage risque d'en pâtir, avec des secouages trop agressifs."

Quant au nettoyage, pour se débarrasser des feuilles, un grand nombre de machines sont aujourd'hui à la pointe, soit via un système d'aspiration, soit avec une ventilation.

Ces dernières peuvent être également équipées d'un trieur en option, "afin de pouvoir nettoyer la vendange de petits débris". Bien que relativement efficaces, ces systèmes peuvent causer une perte en jus, "extraits par les aspirateurs", précise Gilbert Grenier. Pour les trieurs relativement pratiques pour éliminer les débris, bestioles et autres petits éléments qui passeraient entre les mailles du filet, l'inconvénient est que si le réglage de secouage est mal adapté, le risque d'éliminer du raisin est présent, bien que "si le risque existe, il reste très limité en termes de pourcentage", souligne-t-il.

Interdépendant, chaque réglage a son importance, et ces conseils restent généraux, précise le spécialiste, tout en insistant sur le fait que le réglage des secoueurs et celui du pincement restent la base indispensable pour réussir ses vendanges. "Si ces réglages ne sont pas adaptés, on peut gâcher une récolte", conclut-il. Au vigneron, ensuite, d'effectuer et d'adapter la machine à ses parcelles.