Dans la baptisée 'Pépinière du Petit Luberon', Laurence Soumille préparait plants maraîchers et plantes aromatiques puis, doucement, elle a commencé à bifurquer vers les fleurs coupées. (M.Lallemand)
Après des études agricoles du baccalauréat au BTS - et avec un grand-père agriculteur sur la commune de Robion - , c'est dans l'évidence que Laurence Soumille se décide à travailler la terre. Mais, dans son domaine de prédilection, les semences, pas facile de trouver du travail. "Le milieu était assez fermé à l'époque, alors j'ai décidé de monter une pépinière sur des terres familiales", explique-t-elle.
À l'époque justement, nous sommes en 2004 et la jeune femme a 24 ans. Il y a 18 ans, la situation du foncier se tendait déjà, et elle mesure sa chance d'avoir pu bénéficier de terres pour monter sa propre exploitation. Dans la baptisée 'Pépinière du Petit Luberon', elle préparait plants maraîchers et plantes aromatiques puis, doucement, elle a commencé à bifurquer vers les fleurs coupées.
"Je ne me souviens plus exactement quand ça a commencé. Mais ma décision s'est basée sur deux points. Déjà, du côté administratif et législatif, ça s'est compliqué, notamment pour tout ce qui tourne autour de la protection de plants. Les gros producteurs ont leur propre service administratif, mais, pour les petits, c'est autre chose. De l'autre côté, il y a aussi la question du climat. Avant, on avait de vrais printemps", détaille l'horticultrice. Aujourd'hui, Laurence Soumille cultive des fleurs coupées, des aromatiques, des plantes comestibles, et des artichauts, le printemps venu.
Sa production, Laurence la destinait à l'origine à un public large. Épiceries, magasins de producteurs, marchés, restaurateurs, traiteurs... Elle a finalement décidé de se recentrer sur ces deux derniers. "Étant seule sur l'exploitation, je ne pouvais plus être partout", avoue la productrice. D'autant plus que la jeune femme travaille en parallèle, et à plein temps, au Groupe d'étude et de contrôle des variétés et des semences (Geves), où elle contrôle la distinction, l'homogénéité et la stabilité des variétés à l'étude.
Souhaitant également s'épargner les quelques rivalités parfois existantes entre producteurs d'une même culture dans les marchés et magasins de producteurs, elle travaille désormais surtout avec les restaurants et les particuliers, qui passent commande. "La dernière fois, j'ai eu un client qui revenait d'Ibiza et cherchait une plante spécifique pour reproduire un cocktail qu'il a consommé là-bas. Je compte aussi parmi les réguliers un chef à domicile, quelques établissements luberonnais et une épicerie, qui s'occupe de livrer ces derniers directement." Autrement dit, pas de quoi s'ennuyer. Il lui arrive parfois de recevoir 25 à 30 commandes la veille pour le lendemain. C'est alors la course pour tout préparer.
"Selon la demande, je prépare des mix de fleurs, ou des barquettes avec une seule variété. Tout est préparé à la commande et selon les possibilités offertes par les fleurs du moment", explique Laurence Soumille. Grâce à ces partenariats fiables, ses fleurs se retrouvent régulièrement dans les assiettes. Une fierté pour la trentenaire qui a su imposer aux restaurateurs sa vision des choses : "Aujourd'hui, ils savent que c'est à eux d'adapter leurs menus et non l'inverse. Je peux produire des choses spécifiques pour eux. Mais ils ont intégré l'idée qu'il fallait me prévenir à l'avance pour la prochaine saison".
Pour protéger ses plantes, Laurence ne traite pas, elle compte sur la régulation par la biodiversité : "Je n'ai même pas fait la demande du label bio, puisqu'en réalité je ne traite pas du tout. Ici, c'est naturel de chez naturel. Non seulement parce que je n'ai pas le temps et, qu'en plus, ce n'est tout de même pas très bon pour soi-même." Au 'Goût des fleurs', coccinelles à foison, pas de pucerons à l'horizon !
Par chance, son exploitation est assez peu touchée par les maladies. L'agricultrice avait tout de même fait des recherches et une formation alternative avec Agribio, afin de soigner les plantes par les plantes. Y apprenant la capacité répulsive du ricin, elle effectue d'ailleurs cette année une tentative contre l'un de ses plus coriaces ennemis : le campagnol. "Normalement, ce sont les graines de ricin que l'on utilise. Là, j'ai planté quelques pieds à proximité des plantes sujettes aux assauts du rongeur", explique-t-elle. Il faut dire que ce dernier lui a souvent causé du tort, particulièrement l'année dernière dans les serres : "C'est ce qui m'a amenée à faire du hors sol. Mes plantes sont en terre, mais surélevées, c'était la seule solution". Un poil plus gros, le sanglier lui donne aussi régulièrement du fil à retordre. Contre lui, la seule solution aura été de clôturer. Et encore, il est bien aventureux, le porc sauvage du Petit Luberon.
Finalement, les insectes ravageurs se font plutôt discrets dans l'exploitation. Alors Laurence en profite. Elle multiplie les variétés : bégonia, pensée, œillet d'Inde, verveine, capucine, tagète citronnée, plante à huître, estragon de Russie... Certaines plantes sont assez atypiques, d'autres sont ressemées annuellement, telles que le basilic, dont elle produit les plants elle-même grâce à la nappe chauffante qu'elle utilise pour faire les semis.
Le métier la passionne, mais elle n'étendra plus la surface de culture. Sur la terre encore disponible de ses quatre hectares, l'horticultrice envisage, en revanche, de planter quelques oliviers, et d'accueillir des moutons pour l'entretien. Avec le gîte dont elle s'occupe en plus de tout cela, il lui faudra probablement bientôt plus de 24 heures dans une journée. Mais sa jeune fille connaît déjà les noms des fleurs sur le bout des doigts. Une future assistante peut-être ?
Manon Lallemand
Méthanisation agricole
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