Bédoin
Laurent Trazic a repris l'exploitation familiale en 2002, pour devenir vigneron bio. Son domaine - installé à l'entrée de Bédoin - fait un travail constant et régulier, récompensé en 2021 par les Jeunes agriculteurs.
© Crédit photo : PN
À quelques centaines de mètres avant l'imposant site des Vignerons du Mont Ventoux, en arrivant à Bédoin, se situe le Domaine de La Massane. Quelques dizaines de mètres vous emmènent à l'écart de la route, jusqu'au caveau. C'est là que l'on trouve le vigneron, Laurent Trazic, tout du moins quand il n'est ni dans ses vignes, ni dans les salons ou en livraison.
"J'ai créé ce domaine en 2002, à Mormoiron, en commençant par un demi-hectare de viognier en tout et pour tout. Je me souviens de ma première récolte : nous avions 18 hectolitres de vin, j'avais 30 ans tout rond." Chez les Trazic, on est paysan depuis deux générations déjà. "L'exploitation produisait du raisin de table, de la cerise, de la pêche. On avait du raisin de cuve, mais il était apporté en cave coopérative. Moi, je voulais devenir vigneron, faire mon vin moi-même, en bio", poursuit-il.
Aujourd'hui, le vigneron exploite 16 hectares de vignes, 2 ha d'oliviers et quelques parcelles en rotation. "Nous avons assez vite trouvé notre clientèle, notamment grâce à nos blancs. J'ai construit une gamme sur trois cuvées : 'L'empreinte', en rouge et en blanc, 'Le stil', en rouge, et notre 100 % viognier. Nous avons aussi un rosé, un assemblage de grenache, cinsault et syrah en pressurage direct."
En 2008, le succès commençant à venir, Laurent et son épouse, Sonia, envisagent de construire une cave. Jusque-là, toute l'activité était organisée autour d'un hangar, situé à proximité du plan d'eau des Salettes, à Mormoiron. "Mon père avait décidé d'arrêter de faire le ferronnier. Il avait un beau site, à l'entrée de Bédoin. On a donc fait faire les travaux pour installer la cuverie, un caveau, et un bâtiment de stockage qui puisse aussi accueillir le local de mise en bouteilles."
Si ses rouges sont très appréciés, ses blancs le sont encore plus. À tel point qu'il a dû augmenter ses surfaces il y a quelques années : "Nous avons acheté à Bédoin, en 2019, deux parcelles de cerisiers, que nous avons arrachées et plantées en viognier et en vermentino. Elles sont entrées en production cette année. Nous avons aussi replanté une autre parcelle à Mormoiron, en grenache blanc." Des choix qui ne sont pas anodins, bien au contraire : la décision a été prise car le vigneron "est souvent en manque de raisins pour le blanc. Cette année encore, on a eu des demandes qu'on n'a pas pu satisfaire : du fait de la pénurie de blancs en Bourgogne et dans les Côtes du Rhône septentrionaux, les gens se sont rabattus sur les ventoux, les luberons, des jolis vins blancs avec un rapport qualité prix plus favorable". S'il observe, comme tous ses collègues, que la consommation de vins est en baisse chez les Français, il note cependant un regain d'intérêt pour le blanc auprès du public féminin.
La commercialisation s'est construite petit à petit. "Nous vendons 50 % sur le caveau, et dans quelques magasins de proximité. Le reste part à l'export, vers la Belgique, l'Allemagne et la Tchéquie, et à des particuliers, en France, par le biais d'une dizaine de salons auxquels nous participons."
Parti sur la base de trois cuvées, Laurent Trazic a commencé à enrichir sa gamme en 2013, avec la cuvée de rouge 'Indigène', un assemblage de vieilles vignes de grenache et de carignan. Quatre ans plus tard, vient 'L'insolent'. "En tant que vigneron, on a souvent l'envie d'essayer de nouvelles choses. Nous avons une gamme qui fonctionne bien, mais j'avais envie à la fois de faire un vin nature et, derrière, de faire un élevage en barrique." Cette cuvée, sans ajout de sulfite, est vinifiée en cuve, puis élevé une dizaine de mois en demi-muid.
Cette "envie d'essayer des choses" l'a aussi amené, il y a deux ans, à acheter une amphore d'élevage. "L'année dernière j'ai fait un essai sur viognier, pour faire un blanc à levure indigène, que j'ai ensuite mélangé au reste du vin vinifié en cuve. Le vin de l'amphore avait un profil aromatique plus vif. Cette année j'ai testé sur de la syrah. Mais, pour l'instant, ce ne sont que des tests. Il y a une micro-oxygénation naturelle avec l'amphore, qui donne plus de fraîcheur au vin. Le bois aussi amène une micro-oxygénation, je veux voir un peu la différence entre les deux."
Ce juste équilibre entre régularité et sens du renouvellement a été récompensé, en 2021, par le 'Trophée du Savoir-faire Vigneron vauclusien', attribué par les Jeunes agriculteurs du département. Un trophée attribué précisément pour la cuvée 'Le viognier', celle avec laquelle toute la belle aventure du Domaine La Massane a précisément commencé, en 2002.
Un juste retour des choses qui traduit une belle continuité pour cette aventure professionnelle et familiale qui a débuté il y a plus de deux décennies désormais.
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