Chambre d'agriculture
Qui a dit que les vignerons étaient incapables de s'adapter ? Jeudi 26 octobre, la Chambre d'agriculture de Vaucluse invitait les représentants des appellations viticoles du département pour défendre le vignoble du futur dans lequel tous s'investissent dans chacune de leurs missions.
Le 26 octobre dernier, tous les représentants de la filière viticole du département était rassemblée à la Chambre d'agriculture de Vaucluse.
© Crédit photo : ML
Alors que la France a repris cette année la première place de productrice de vins à l'Italie (avec respectivement 45 millions d'hectolitres et 43,9 Mhl), la conférence de presse de la Chambre d'agriculture sur la viticulture et son avenir tombe à pic. Jeudi 26 octobre, l'organisme réunissait effectivement les journalistes du territoire, afin de laisser les présidents des AOC et IGP vauclusiennes, ainsi que les présidents des fédérations des Vignerons coopérateurs et des Vignerons indépendants de la Vallée du Rhône, s'exprimer sur ce qui est mis en place dans les vignobles.
"Nous voulons montrer les perspectives qui font l'avenir de la viticulture", affirme d'emblée Georgia Lambertin, présidente de la Chambre. Alors que la filière représente 56 % des exploitations du Vaucluse et compte 3 appellations, 8 crus, 1 IGP et 51 152 hectares de la Surface agricole utilisée (SAU) départementale, impossible d'ignorer le poids du secteur viticole et ses efforts environnementaux. Impossible de faire sans la viticulture bio également. "Avec 818 viticulteurs engagés en bio, nous sommes le quatrième département de France, soit 28,6 % de la SAU. La moitié des agriculteurs bio sont viticulteurs", ajoute Sophie Vache, en sa qualité de vice-présidente de la Chambre. Les efforts avec la Haute valeur environnementale (HVE) se poursuivent également, "mais les consommateurs ne savent pas encore bien ce que ça signifie", note à son tour Joël Reynaud, président de l'IGP Vaucluse.
Et quand les vignerons peinent à trouver des solutions eux-mêmes, le domaine expérimental de la Chambre vient en relais pour proposer des pistes d'avenir. Sans compter les nombreux partenaires dont chacun s'entoure. "La filière viticole est fédératrice", rappelle Georgia Lambertin. Le panorama est posé.
Avancer. Expérimenter. Optimiser. Échanger. Des mots répétés plusieurs fois lors de cette rencontre. Il faut dire que la filière n'a pas attendu qu'on le lui demande pour chercher à s'adapter. "Dans les années 1970, la Chambre d'agriculture menait déjà un travail pour que le matériel végétal soit de qualité", note François Bérud, responsable du service 'viticulture' de la Chambre. Depuis 2008, de nouvelles variétés résistantes ont été testées à Piolenc, et deux ont été agréées. Cette année, 20 variétés étrangères sont étudiées pour leur rapport à la sécheresse et à la chaleur.
Les Variétés d'intérêt à fin d'adaptation (Vifa) sont également expérimentées en Côtes du Rhône et Luberon, entre autres, grâce à une ouverture de l'Inao. Des projets avec des vignerons étrangers tels que 'Green Vinum' permettent également de nouvelles avancées, "notamment avec la création d'un guide des bonnes pratiques en développement avec l'IFV", rappelle Joël Bouscarle, président de l'AOC Luberon, qui représentait également Denis Guthmuller, du Syndicat des vignerons des Côtes du Rhône. Tout pour prouver que, sur le terrain, les actions se multiplient.
Il est aussi question de vie des sols, de stockage carbone, de couverts végétaux à l'étude, avec un Groupement d'intérêt économique et environnemental (GIEE). Bref, beaucoup d'idées circulent, et de nouveaux projets se mettent en place. En Ventoux par exemple, se monte un projet de méthaniseur en partenariat avec GRDF pendant trois ans, en complément de l'expérimentation sur les couverts. "L'idée est de faire fonctionner le méthaniseur grâce à 60 à 70 % des couverts végétaux semés en inter-rangs dans nos vignes", annonce Frédéric Chaudière, président de l'AOC. Il sera ensuite question d'évaluer la réaction de la vigne, une fois le digestat retourné à ses pieds.
Bien entendu, reste la question de l'irrigation. Ces derniers mois, pas une seule intervention auprès des médias grand public ne s'est faite sans rappeler ce qui a été mis en place en termes d'usage de la précieuse ressource ces derniers temps. "Face au changement climatique, nous n'avons plus un seul agriculteur qui dit encore que le climat a déjà changé avant, que rien n'est anormal", assure Georgia Lambertin.
Alors oui, les agriculteurs ont pris les devants sur les sujets liés à l'eau, surtout dans le Vaucluse où la question a été prise à bras-le-corps depuis déjà une quarantaine d'années. "L'irrigation de la vigne fait consensus aujourd'hui. On l'a notamment vu avec l'autorisation d'irriguer jusqu'au 15 septembre cette année", affirme Michel Brès. Pour le viticulteur élu à la Chambre, il faut poursuivre la modernisation des réseaux et "aller plus loin, vers un pilotage au plus près des besoins de la plante".
Avec le projet Hauts de Provence Rhodanienne (HPR), l'espoir de pouvoir apporter l'eau où il n'y en a pas est tangible, tout en restant dans le multi-usage. Les dernières études sont par ailleurs en cours, et leurs résultats seront rendus au printemps. "On devrait savoir si oui ou non ça se fera", confie Michel Brès.
Combiné à cela, la nécessité de conserver du végétal sur la planète revient plus que jamais, "car n'oublions pas que 66 % de l'eau de pluie ne provient pas des nuages, mais de l'évapotranspiration des végétaux", rappelle simplement Pierre Saysset, directeur de la Fédération des vignerons indépendants de la Vallée du Rhône. Rien n'a jamais été laissé au hasard en agriculture. Alors, ensemble, ils assurent vouloir fédérer autour de perspectives qui promettront un avenir à la filière viticole.
IL a dit-
"Après un printemps très sec, avec un niveau de pluie très bas, nous sommes sauvés par les précipitations de mai et juin qui nous ont permis de passer l'été. Sauf en janvier, les températures ont été au-dessus des normales de 1,5 à 2°C. Ça a eu des conséquences sur le millésime. Nous avons effectivement eu de très grosses chaleurs en août, ce qui a permis une forte concentration des couleurs. Mais une très grosse récolte s'annonçait et, dans certains secteurs, 20 à 30 % ont été perdus en raison de ces températures très élevées en août. La qualité s'est en revanche améliorée. Les vendanges, très étalées, ont permis d'attendre les maturités optimales, même si la couleur est arrivée très tard pour les rouges. Les blancs et rosés seront également d'une belle qualité. En 2022, nous étions à 1 181 000 hectolitres ; en 2023, 1 026 000 hl, dont environ 350 000 hl issus des vendanges des vignerons indépendants. Le volume final reste à consolider, puisque certaines caves n'ont pas encore décuvé. Le rendement en jus est donc inconnu."
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