Les trufficulteurs se lancent dans un processus d’IGP ‘Truffe de Provence’, accompagné par la Région Sud Paca et la Chambre régionale d’agriculture (photo : Cécile Poulain).
La récolte des truffes d’été a été de bonne qualité en juin et juillet, avec une production de plus en plus faible en août. Elle s’est relativement bien écoulée, avec des prix de vente au détail autour de 150 à 250 € le kilo, pour un volume comparable à 2019“, estime Véronique Michelet, présidente du Syndicat des trufficulteurs de Vaucluse.
Pourtant, sur la saison 2019-2020, le bilan est “médiocre en raison de la sécheresse de 2019. Désormais, l’irrigation est devenue une nécessité absolue“, constate Michel Santinelli, président des trufficulteurs de la région Paca. Il appelle au recrutement de nouveaux trufficulteurs au sein des syndicats départementaux et de la fédération régionale. Car, sur les 3 000 trufficulteurs estimés dans les six départements, la fédération en regroupe 600. Or, si la truffe est reconnue comme un produit agricole, c’est grâce, d’une part, au travail mené par la profession qui se structure, débloque des aides européennes, et permet de qualifier les vols de truffes.. d’autre part, grâce aux actions menées chaque année : expérimentations agronomiques avec l’Inrae, avancées sur l’irrigation, décryptage du génome, recherches sur la sexualité de la truffe... Et tout cela porte ses fruits : “Aujourd’hui, par exemple, il est possible de connaître la disponibilité en eau dans le sol pour le champignon, au moyen d’une sonde. C’est une grande avancée“, précise Michel Santinelli.
Le plan de relance
La Région Sud Paca a reconnu le travail mené par les trufficulteurs et, pour encourager à la structuration de la filière, elle a adopté un plan de relance. L’enveloppe allouée est de 390 000 €, soit 130 000 € par an, sur trois années, dont 100 000 € affectés à la plantation. Cette subvention annuelle équivaut à la plantation de 55 à 60 hectares. Tous les trufficulteurs des six départements sont concernés. Déjà plus de 21 hectares sont engagés.
Le plan se décline selon cinq axes. Le premier consiste à consolider et animer la filière. Le second est un soutien à la plantation, le troisième est le conseil aux trufficulteurs : analyses, densité de plantation, mise en place des truffières... Le 4e axe est un soutien à l’expérimentation. “Ce levier est important, car c’est celui de la maîtrise des itinéraires techniques pour obtenir une production suffisante et stable“, souligne Bénédicte Martin, présidente de la commission ‘Agriculture’ au Conseil régional. Enfin, le dernier axe est celui du soutien aux foires locales de détail, garantissant origine et qualité de la production.
“Ce plan est une marque de confiance et une reconnaissance de notre action professionnelle, avec le soutien affirmé de la charte de notre fédération, afin qu’elle soit appliquée le plus largement possible“, souligne Michel Santinelli.
Des foires agréées
Autre cheval de bataille de la fédération pour reconquérir le marché : assainir les marchés au détail, en augmentant la part de ceux agréés sous charte, et bénéficiant de contrôles. “De plus en plus de foires sont agréées, mais cela dépend de la volonté du maire de la commune de voter un arrêté municipal pour décider que la charte s’applique“, explique Michel Santinelli.
Pour l’instant, un marché sur trois est sous charte. C’est insuffisant. “Il faut que chaque consommateur soit sûr d’acheter de la truffe de Provence lorsqu’il est en Provence !“, assène Michel Tournayre, président de la Fédération française des trufficulteurs. Sur un marché agréé, la fédération met à disposition un contrôle des truffes. Pour cela, elle a formé 21 contrôleurs, qui viennent en complément du service de la répression des fraudes.
Planter plus
“Malgré le Covid, nous nous sommes réunis en téléconférence avec quatre pépiniéristes de la région, afin de mettre en place un soutien administratif aux trufficulteurs pour faciliter la plantation. Souhaitons un bon retour de la profession !“, lance le président Santinelli qui détaille : “Pour encourager à la plantation, une enveloppe de 2 000 € par hectare est allouée, et 30 % de la valeur des plants est remboursée“.
Ces aides devraient donc stimuler la production de truffes, d’autant plus que la fédération a initié une IGP ‘Truffe de Provence’. “C’est un processus long, mais nécessaire pour valoriser notre production“, souligne Michel Santinelli. La Drôme provençale s’y associe. À noter que ce signe de qualité défendra l’ensemble des métiers autour de la truffe.
Alors qu’elle est produite dans 22 pays, avec l’Espagne dominante sur le marché aujourd’hui, Michel Santinelli appelle à la professionnalisation de la culture : “Appliquons, comme les Espagnols, les conseils des chercheurs pour l’irrigation, le travail du sol, l’ensemencement..“. André Pinatel, de la Chambre régionale d’agriculture Paca qui soutient ce projet, encourage pour sa part la filière “à se battre, pour faire reconnaître la qualité de nos territoires uniques, où la gastronomie et le tourisme sont importants“. La structuration de la filière truffe doit donc passer un cap, à l’image de l’huile d’olive ou de l’amande, en se différenciant.
Cécile Poulain
Apiculture
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