Amande
Les amandiculteurs - qui subissent le gel dans leurs vergers depuis plusieurs campagnes - ne baissent pas les bras. Ils veulent continuer de s'appuyer sur le collectif et mettre en route des outils pour avancer.
L'amande de Provence est depuis plusieurs campagnes malmenée par le gel.
© Crédit photo : ED
Le projet de relance de la culture de l'amande en Provence a fait du chemin depuis 2015. Portés par les producteurs, les transformateurs, un tissu de partenaires techniques et soutenu par une politique agricole volontariste, les objectifs de la feuille de route sont quasiment atteints. Entouré de représentants de la production, de transformateurs et des partenaires clés du projet, André Pinatel - président du Syndicat des producteurs d'amande de Provence - faisait le point sur les réalisations et les ambitions de la filière, à l'occasion de l'assemblée générale du syndicat, le 8 novembre à Aix-en-Provence.
Ces dernières années, le syndicat - qui réunit désormais 25 amandiculteurs - a enchaîné réunions de travail entre producteurs et transformateurs, visites de vergers, rencontres avec les pépiniéristes ou encore voyages d'études. "Le groupe s'est consacré à communiquer autour de ses ambitions, dans l'objectif de solliciter des soutiens auprès de partenaires institutionnels et instances de l'État. Des aides spécifiques ont aussi pu être aussi débloquées, pour que les arboriculteurs bénéficient de soutiens aux plantations. Et le syndicat a aussi engagé différents travaux au plan technique, pour activer les leviers du développement de la filière."
Dans l'objectif d'écrire cette nouvelle page de l'amandier en Provence, le syndicat s'est appuyé sur l'expertise technique de la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône, du GRCeta de Basse-Durance, du Criiam Sud et du Groupe de recherche en agriculture biologique, pour permettre au verger provençal de retrouver de la performance. Dans le même temps, des projets de casseries se sont montés un peu partout en Provence, et d'autres sont en cours.
"Le premier objectif du projet de relance était d'initier la plantation de 1 000 hectares en 5 ans. Nous sommes presque dans les clous puisque, d'après le recensement de 2020, le verger comptait 719 hectares d'amandiers. Les plantations réalisées sur les deux dernières années devraient nous permettre d'atteindre ce premier cap", note André Pinatel qui concède toutefois que les objectifs de production sont en retard : la filière espérait 1 000 ton-nes d'amandons par hectare, mais elle a été confrontée à différents écueils, en particulier celui des aléas climatiques.
La rencontre a donc mis en lumière cet obstacle majeur auquel les producteurs sont confrontés depuis deux ans. Si Eurytoma est le principal ravageur de la culture de l'amandier, c'est bien le gel qui impacte le plus la production. "Les deux années de gel consécutifs que nous avons subi n'ont pas favorisé l'engouement pour les plantations, elles ont du moins freiné les intentions", regrette André Pinatel.
Pour les exploitations disposant de dispositifs de lutte antigel/grêle, les équipements déployés ont permis de lutter plus ou moins efficacement contre les phénomènes : les chaufferettes installées dans les vergers et les tours à vent sont très coûteuses, alors que la lutte sous frondaison, qui a montré son intérêt, a aussi ses limites. En effet, l'aspersion antigel sur frondaison - qui utilise une forte quantité d'eau - est la solution qui a été souvent la plus efficace. Mais elle est aussi très coûteuse, de l'ordre de 8 000 €/ha.
Même si jusqu'à aujourd'hui très peu d'équipements sont finançables par des appels à projets, différents systèmes peuvent être mis en œuvre par les producteurs, "à condition de disposer de bonnes données météo pour appréhender l'intensité du gel. D'où l'importance des bulletins. Car les méthodes de lutte à déployer et la stratégie d'actions ne sont pas les mêmes", insiste Fabien Dauphin, producteur à Cucuron.
Aussi les producteurs ont-ils à nouveau sollicité le Criiam Sud, pour "disposer de données fiables et le plus localisées possible. De leur côté, les producteurs ne peuvent pas faire l'économie d'une station météo sur leurs parcelles, pour déclencher au bon moment la bonne méthode", insistait le producteur fortement impacté par les épisodes de gel ces dernières années.
Comme l'ont appris les amandiculteurs, de nouveaux équipements devraient pourtant apparaître dans les appels à projets du Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAE) 2023, pour piloter la lutte antigel. D'un autre côté, la mobilisation est générale contre le fléau. La Chambre d'agriculture de Vaucluse organisera, par exemple, une journée de formation 'gel' le 6 décembre prochain.
Les amandiculteurs souhaitent aussi voir leur espèce sensible au gel être intégrée dans le projet 'Haltogel', qui cible en priorité le pommier et le poirier. Avec La Pugère comme chef de projet, 'Haltogel' impliquera un collège de partenaires autour de la Chambre régionale d'agriculture. Cette étude sur les stratégies le plus pertinentes en matière de lutte contre le gel prévoit notamment un inventaire des matériels, des outils d'aide à la décision, une évaluation des stratégies ainsi qu'un volet recherche. Ce projet Feader déposé auprès du Conseil régional comporte par ailleurs tout un travail sur la ressource en eau, en lien avec l'aspersion sur frondaison, ou encore sur les bactéries et le retard de floraison, avec l'Inrae.
Mais les amandiculteurs sont surtout préoccupés par les limites imposées par l'administration concernant la prise en compte des pertes occasionnées par le gel. "Le régime des calamités ne prend en compte que les pertes à partir de la 6e feuille alors que, pour le pêcher et abricotier, c'est à partir de la 3e feuille. France Amande et le syndicat sont toujours mobilisés sur ce dossier, afin que ce critère soit supprimé", assure André Pinatel.
Néanmoins, le syndicat - qui avait tiré la sonnette d'alarme après une nouvelle année de récolte en partie détruite par le gel - a été entendu, au moins sur les pertes. La commission nationale des calamités agricoles du 16 octobre a en effet validé le fait que les amandiculteurs du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône touchés pourront déposer une demande d'indemnisation auprès du fonds de garantie des calamités agricoles.
Le syndicat veut néanmoins insuffler une nouvelle dynamique au sein du groupe. Pour porter de nouveaux projets, avancer dans la recherche de méthodes antigel, apporter toujours plus de technicité et de solutions concrètes dans le verger, le syndicat veut fédérer davantage de producteurs ou de futurs producteurs. "Il est d'ailleurs encore possible d'adhérer en 2022 en s'adressant au syndicat par mail : syndicat.amandepaca@gmail.com", insiste André Pinatel. À l'issue de l'assemblée générale, ce dernier passait la main à Fabien Dauphin, l'un des premiers agriculteurs provençaux à décider de replanter des amandiers sur ses terres du Luberon, en 2012. Il valorise aujourd'hui sa production d'amandes sous la marque 'Le Chant des amandes'. Celui-ci a déjà exprimé le souhait de lancer un projet de Groupement d'intérêt économique et environnemental (GIEE). "L'idée est de regrouper des producteurs sur une thématique, afin de faire ensemble progresser nos pratiques", explique Fabien Dauphin. Ce dernier veut s'appuyer sur son expérience pour mener à bien ce projet. Il a en effet créé, avec quelques agriculteurs, un GIEE sur Apt pour le développement de l'agroécologie et les couverts végétaux en Luberon, il y a quelques années. Celui-ci a débouché sur une association qui fournit notamment des graines fermières de graminées et légumineuses pour l'enherbement en verger, et permet aux agriculteurs de réduire leurs coûts du kilo de semences. Une démarche très concrète et qui a permis aux agriculteurs du secteur de semer quelque 600 ha de couverts, souligne Fabien Dauphin.
Dans cette logique, le GIEE sur l'amande - qui ciblera plusieurs thématiques - doit permettre de fédérer des producteurs autour d'un projet et de créer un noyau dur qui favorisera une émulation au sein de la filière. Cette initiative, prévue pour l'année 2023, devra permettre de dégager un financement (10 000 €/an) et de l'animation technique.
Le nouveau président a profité à son tour pour faire passer le message consistant à "recruter un maximum d'agriculteurs à adhérer au syndicat, afin de proposer le GIEE au plus de producteurs possible".
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