hameau de Sault
Aux Loges, hameau de Sault, les Archange travaillent la terre depuis plusieurs générations. Jonathan y est lavandiculteur, mais pas que. Et s'il a subi - comme les autres - les terribles conséquences de l'invasion de noctuelles, il résiste... grâce à une roulotte et à de bonnes décisions !
Jonathan Archange huiles essentielles Sault
© Crédit photo : PN
C'est un trentenaire un peu fatigué qui nous reçoit, au hameau des Loges, à l'entrée de Sault. "Je suis à nouveau papa depuis une semaine alors, en ce moment c'est vraiment la course !" Mais ce n'est pas pour faire peur à Jonathan Archange, issu d'une famille installée sur ces terres depuis plusieurs générations.
"Mes grands-parents étaient fromagers ambulants : ils avaient un peu de terres où ils faisaient de la lavande. Ils n'ont pas voulu que mon père 'fasse' le paysan, alors il a été menuisier pendant vingt ans. Mais, petit à petit, il a repris l'exploitation familiale, en se souvenant toutefois de ce que disaient ses parents, à savoir qu'il ne fallait pas faire que de la lavande. Il a commencé à faire du petit épeautre, et ses produits dérivés, puis des lentilles et des pois chiches, alors que personne ici n'en faisait. Moi, je poursuis simplement dans la lancée."
Mais, comme son père, il a débuté dans un autre domaine d'activité : le design. Après une solide formation à Aix-en-Provence, il travaille dans un bureau d'études. Alors qu'il est en voyage en Australie avec son épouse, il reçoit un coup de fil de son père, Jean-François, qui lui propose de travailler avec lui. Un changement de cap, mais qui a du sens pour lui.
De retour d'Australie, Jonathan et son épouse s'installent donc aux Loges. "Assez rapidement, j'ai eu envie de m'installer indépendamment. En août 2017, j'ai donc créé mon exploitation, avec l'idée de développer le volet céréales notamment." Mais pas seulement : car Jonathan a bien retenu les conseils que son grand-père donnait à son père, et que celui-ci lui donne toujours : di-ver-si-fier !
"J'ai donc aussi décidé de valoriser la châtaigneraie familiale de deux hectares, achetée par mon arrière-grand-père. Elle était à l'abandon, nous nous la sommes partagée avec mon oncle. Je fais faire la crème de marrons dans une coopérative ardéchoise, qui élabore toute une gamme de produits avec ce fruit. Ils travaillent en bio exclusivement, et ne mélangent pas les châtaignes des différents producteurs."
Petit à petit, il augmente sa surface utile, atteignant aujourd'hui une cinquantaine d'hectares, partagés entre lavande, lavandin et céréales. Il mène toutes ses cultures en bio : "C'était une évidence, mon grand-père comme mon père travaillaient comme ça. C'est sûr, dans nos lavandes il y a de l'herbe, mais ça fait partie du paysage, même si c'est vrai qu'on perd un peu sur l'entrée en production. Et puis, il faut préserver le patrimoine naturel : ici, on a la chance d'avoir l'eau par des sources qu'il faut donc protéger contre les infiltrations de produits chimiques".
Malgré tout, chaque année, il voit la part de la lavande et du lavandin baisser dans son chiffre d'affaires. "On va clairement dans le mur, et je dirai même cette année qu'on est arrivé au mur, avec l'épisode de la noctuelle. La lavande, ici, fait vivre toute une économie locale, avec de la restauration, de l'hébergement, du tourisme sportif, des randonneurs... S'il n'y a plus de lavande, tous les villages alentour vont terriblement souffrir."
Il s'engage donc, il y a trois ans, dans un projet ambitieux : la construction d'un hangar, à la sortie du hameau. "Une partie de ce bâtiment sera dédiée au stockage. Deux autres parties seront consacrées au triage et au façonnage de la céréale." Enfin, la dernière partie sera partagée entre la boutique et le laboratoire de conditionnement des produits : ensachage, étiquetage, colisage et expédition.
"Ce bâtiment, en grande partie, je le construis moi-même, le matin, le soir. Je me fais aider aussi de temps en temps par des collègues, mais encore faut-il qu'ils soient disponibles. On a sept mois de retard sur le planning, du fait de livraisons de matériaux qui ont été décalées." Toutefois, la viabilité de ce projet est assurée par la pose de panneaux solaires par Enedis : "Je leur vendrai l'électricité que ces panneaux produiront. Et ça me permettra de payer le crédit que j'ai pris pour construire ce bâtiment", explique Jonathan.
Depuis déjà quelques années, c'est en effet l'activité de vente directe des produits fabriqués à partir des cultures de l'exploitation qui maintient l'exploitation à flot. Huiles essentielles de lavande et de lavandin, mais aussi crème de marrons, farine d'épeautre et de châtaigne, pâtes à base de petit épeautre, pois chiche et lentille... le tout en petits conditionnements, mais aussi en pot de 5 kg pour les restaurateurs. Car il a été intronisé par les Disciples d'Escoffier en juin 2022, à l'occasion de 'Terroir en fête', pour la qualité de ses produits.
C'est donc sur les fêtes de terroir, les événements organisés par le Parc naturel régional du Mont-Ventoux, ou à'Ventoux Provence Expo', à Carpentras, qu'il est possible de rencontrer Jonathan cet automne, dans le joli stand roulotte acheté au début de l'été, convaincu qu'il doit développer sa commercialisation pour que l'histoire de la famille Archange, aux Loges, ne s'arrête pas là !
Mazan
Sarrians
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