Hérault
Ce 27 janvier, Jacques Gravegeal préside l'assemblée générale du Syndicat des producteurs de vins de Pays d'Oc. Retour sur le parcours de ce personnage incontournable du bassin viticole Languedoc-Roussillon.
Jacques Gravegeal
© Crédit photo : FG
Impossible de le rater. Avec ses 1,93 mètre, sa voix de ténor, sa faconde méridionale et son énergie à faire pâlir n'importe qui en dépit de ses 75 printemps, tout le monde se tait quand le "grand" Jacques prend la parole. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, le mundillo viticole du Languedoc-Roussillon n'a pas d'autre choix que de l'écouter et de reconnaître que Jacques Gravegeal a beaucoup œuvré pour la filière viticole du Languedoc- Roussillon et la notoriété de ses vins au-delà des limites régionales.
Élevé dans un milieu modeste, "mais un milieu de travailleurs, et un père créateur de vignes", Jacques Gravegeal est devenu vigneron par "envie de poursuivre ce que ma famille avait installé sur le plan viticole. Mon père n'a eu de cesse d'agrandir son exploitation, afin que mon frère et moi puissions nous installer". Alors, la moindre des choses était d'en faire autant, après la mort accidentelle de leur père en 1972, quand les deux frères se sont retrouvés à la tête du domaine familial. À l'instar de ce dernier, ils ont continué à agrandir l'exploitation viticole, en achetant ou prenant des vignes en fermage, puis en replantant la majeure partie d'entre elles, grâce notamment au plan du ministre de l'Agriculture d'alors, Jacques Chirac, instaurant des aides à la restructuration et reconversion du vignoble en pleine crise viticole.
Alors que la colère des vignerons embrase le Midi avec la mévente des vins de table (90 % des volumes produits en Languedoc-Roussillon, ndlr) et que des hectolitres de vin sont distillés par millions au plus fort de la crise, plutôt que de subir la situation, Jacques et son frère font le choix de planter des cépages qualitatifs, en introduisant du merlot, du cabernet, de la syrah, du sauvignon, du chardonnay, du viognier... "On avait compris que le temps du consommateur qui boit ce que l'on produisait était fini, et qu'il fallait produire ce que ces derniers voulaient. C'est en procédant de la sorte qu'on a pu aller chercher du revenu que la quantité produite dans notre région ne permettait pas d'atteindre", commente-t-il.
Sa réflexion sur le sujet s'étoffe lors d'un voyage en Californie, dont le modèle viticole repose sur la vente de vins à partir des cépages, majoritairement français. "Ils avaient nos cépages et les vendaient, alors que nous, nous n'y arrivions pas et que notre région périclitait. Il était hors de question que le Languedoc-Roussillon, qui est la patrie de la vigne en France, disparaisse", s'agace-t-il encore. Convaincu du bienfait de la démarche californienne, il décide de porter la bonne parole chez lui. "De toute façon, je n'avais rien à perdre", ajoute-t-il.
Avec le directeur du Syndicat des Coteaux du Languedoc, Jean Clavel, ils réfléchissent à la manière de mettre en place des vins de pays de qualité par cépage, en dépit de l'hostilité du milieu coopératif. Grâce à ses responsabilités successives au sein des organismes professionnels agricoles (président des JA, puis de la FDSEA 34 et de la Chambre d'agriculture 34), lui permettant d'avoir ses entrées dans les ministères, l'appui du ministre de l'Agriculture d'alors, François Guillaume, ainsi que celui du négociant Robert Skalli, ils arrivent à leurs fins.
Le 15 octobre 1987, un décret porte enfin les Vins de Pays d'Oc sur les fonts baptismaux. "Il nous a fallu du temps pour faire sauter les freins des administrations, qui étaient plutôt hostiles. La bagarre a été rude, mais c'était la solution pour relancer l'économie viticole de cette région. Alors, il était hors de question de lâcher. Mais il faut reconnaître que sans l'appui de Robert Skalli, il n'y aurait pas eu de vins de Pays d'Oc. Celui-ci a cru en moi, alors que je n'avais même pas 40 ans à l'époque", souligne-t-il. La nouvelle étape franchie sera l'obtention de l'IGP Vins de Pays d'Oc le 1er août 2009, un autre combat long de plus de 20 ans.
La suite de l'histoire, tout le monde la connaît. Les vins IGP Pays d'Oc pèsent aujourd'hui 6 Mhl sur les 13 Mhl produits en Languedoc-Roussillon, et 48 % de leurs volumes sont exportés dans 170 pays. Fin du combat ? Non, bien sûr. "L'histoire est loin d'être achevée. Il nous faut œuvrer pour accroître notre notoriété. Ce que je veux, c'est que lorsque les consommateurs achètent un cépage, ils disent tel ou tel cépage de Pays d'Oc. Quand cela sera le cas, on aura gagné", dit-il. Son autre défi ? Installer les IGP, dont bien sûr Pays d'Oc, au même niveau que les AOC dans les instances professionnelles viticoles. "Je ne conteste pas le fait que les IGP et les AOC soient différentes, mais je souhaite que l'on reconnaisse que nous sommes complémentaires. Nous ne voulons ni les gouverner ni être majoritaires, même si représentons 62 % des volumes, mais la moindre des choses est que nous soyons respectés."
Quand posera-t-il les armes ? Si Jacques Gravegeal a préparé sa succession du domaine, en ayant installé son fils, et est tout heureux à l'idée que son petit-fils ait envie de les rejoindre, c'est une autre paire de manches pour sa succession à la présidence du Syndicat des Vins de Pays d'Oc. "L'IGP a 14 ans, elle n'a donc pas encore atteint sa majorité. C'est pour cela qu'il faut que je reste", plaisante-t-il. Avant d'ajouter : "Je partirai quand je voudrai." La messe est dite. Les prétendants sont priés d'attendre.
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