83 27/01/2023
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Garéoult

Franck Tilotta : de la Chambre à la bergerie

Après 13 ans au sein de la Chambre d'agriculture du Var à conseiller les éleveurs, Franck Tilotta a choisi, en 2014, de passer de l'autre côté de la barrière, en rachetant un troupeau de brebis laitières de race Corse et en s'installant à Garéoult. Une nouvelle vie professionnelle, où l'expérience acquise dans la précédente lui aura été très utile, même si elle n'a pas évité les galères.

Bergerie Franck Tilotta

© Crédit photo : JD

"Un aboutissement et la réalisation d'un rêve d'enfant" : c'est ce qu'a concrétisé Franck Tilotta, huit ans auparavant, lorsqu'il s'est installé comme éleveur ovin, après mûre réflexion. "C'est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs," explique-t-il. "C'est, d'une part, l'envie de retourner sur le terrain, après 14 ans au service élevage de la Chambre d'agriculture du Var, où j'ai débuté comme technicien, avant de grimper les échelons et d'en prendre la direction. Je passais, au départ, 20 % de mon temps au bureau et 80 % auprès des éleveurs. Au fil des années, le rapport s'est inversé : je ne m'y retrouvais plus. J'atteignais, d'autre part, la limite d'âge pour prétendre à la DJA. Mon épouse m'encourageait dans mon projet et je disposais d'un terrain pour y implanter ma bergerie. Bref, c'était le bon moment pour me lancer," résume l'éleveur. D'autant qu'il avait d'un atout de taille par rapport à ses confrères, dans une situation comparable : la connaissance des erreurs à éviter, celle des bonnes questions à se poser en amont et des recettes pour passer le cap des premières années. Une plus-value qu'il relativise : "Avoir cette expérience m'a permis d'éviter certaines erreurs courantes, comme celle de débuter avec un endettement trop important. J'avais la chance de disposer d'un terrain familial, pour implanter ma bergerie, et d'un abri, pour stocker le fourrage. J'ai essayé de réduire les frais au maximum : ma fromagerie est installée dans un mobil-home que j'ai aménagé ; concernant la bergerie, le foin et le matériel agricole, j'ai opté pour des serres tunnels et un tracteur d'occasion. L'objectif était d'éviter de me retrouver étranglé par les remboursements d'emprunts, en cas de difficultés. J'ai vu trop de jeunes installés dans ce genre de situation, après un imprévu qui vous oblige à tout arrêter". Le bagage technique acquis durant les années où il a dirigé le Groupement de défense sanitaire du Var a aussi été précieux : "Nous ne disposons pas de beaucoup de vétérinaires ruraux dans le Var. En cas d'urgence, il faut être en mesure de se débrouiller seul, encore plus quand vous êtes en bio, ce qui est mon cas. J'ai du coup des frais de vétérinaires extrêmement faibles, pour mon troupeau," sourit Franck Tilotta.

Une installation millimétrée

Toute sa préparation préalable à son installation et l'expérience acquise dans ses études - il est ingénieur agricole -, puis à la Chambre d'agriculture du Var, n'ont toutefois pas empêché les galères, dont certaines difficilement prévisibles, à l'exemple de la mésaventure vécue avec ERDF. "J'avais parfaitement planifié mon installation, en déposant en amont une demande de raccordement au réseau électrique. Mais la procédure prenait du retard : j'ai finalement appris que mon dossier avait été"perdu"! J'ai réceptionné le cheptel en septembre 2014... Mais je n'ai été raccordé qu'en janvier 2015, soit six mois de retard. C'était la catastrophe à tous points de vue : les brebis de réforme que j'avais achetées n'avaient jamais été traites à la main et je ne disposais pas de système réfrigéré pour la transformation fromagère. J'ai pu vendre une partie du lait à un confrère, pour limiter la perte. Et la solidarité a pleinement joué : un voisin chevrier qui terminait sa saison m'a prêté son laboratoire ; un fromager de Vidauban m'achetait mes fromages. Cela m'a permis de réduire les pertes, heureusement."

Les trois premières années ont aussi été rudes sur le plan personnel, avec des semaines de 70 à 90 heures. "J'avais voulu réduire au maximum les charges d'exploitation, en ne prenant pas de salariés. C'était une erreur, dont je ne me suis rendu compte que rétrospectivement. J'étais persuadé que j'arriverais à tout gérer seul : les marchés le matin, emmener les brebis dans les collines alentour, les traire... J'ai corrigé le tir quand j'ai vu que ma vie de famille commen- çait à en pâtir," analyse avec le recul l'éleveur.

Brebis corse : une race hyper rustique

Si son parcours professionnel est atypique, ses choix d'élevage le sont tout autant : il a opté, dès le départ, pour des brebis laitières de race Corse. "Nous ne sommes pas très nombreux dans le département et dans la région Paca. La race est quasi confidentielle en dehors de la Corse," s'amuse Franck Tilotta. "C'est une décision très rationnelle, qui répond à plusieurs impératifs dont la topographie du territoire où je suis installé. La race Corse est hyper rustique, et elle est parfaitement adaptée à des zones de parcours très arides, qui ne conviendraient pas à des Lacaune, par exemple. Et puis, le faible nombre d'élevages laitiers ovins dans le Var représentait un atout en termes de débouchés commerciaux," note l'éleveur.

D'autant que "ces brebis possèdent un très bon rendement fromager, avec un lait naturellement très riche en matière grasse". Seul bémol, inhérent à la confidentialité de la race et du choix du bio1, Franck Tilotta a dû acquérir des béliers, achetés au centre de sélection de l'île, pour assurer le renouvellement du cheptel. "Les organismes corses en charge de la sélection ont une politique de diffusion sur le continent. Concrètement, ils mettent tout en œuvre pour aider les éleveurs qui ont opté pour cette race. Ce sont eux, par exemple, qui se chargent de l'envoi des animaux, par ferry", souligne l'éleveur, qui a lui-même intégré le centre de sélection. 

Julien Dukmedjian •

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