C'est au siège de la caisse régionale, à Aix-en-Provence, là où se prennent les décisions stratégiques en matière d'économie pour le territoire, que Franck Alexandre, président du conseil d'administration du Crédit Agricole Alpes Provence (CAAP), et son directeur, Serge Magdeleine, recevaient la presse régionale, le 2 mars.

Avant de présenter aux journalistes les principaux résultats de la caisse régionale, mis en perspective avec le contexte économique actuel, Franck Alexandre a ouvert la rencontre en rappelant les principes fondamentaux de la banque coopérative et mutualiste, et de quelle manière celle-ci accompagne les entreprises dans cette période inflationniste. "Le conseil d'administration s'efforce d'être présent sur l'ensemble du territoire, par ses agences mais aussi sur le digital, afin d'avoir la meilleure vision de l'économie et d'être au plus près des entrepreneurs et des acteurs économiques. Mais les résultats générés par la banque ont aussi un sens", soulignait le président.

Au travers de la mission sociétale à laquelle la caisse régionale est attachée, chaque année, trois millions d'euros (M€) sont distribués pour soutenir les projets utiles au territoire, des projets non lucratifs, envers les associations et les jeunes. "Nous travaillons non pas à servir du capital très rapidement, mais sur de vrais projets de long terme. Et quand les territoires vont bien, la caisse régionale se porte bien", soulignait le président. Pour ce qui est de ses résultats financiers, la caisse régionale a réussi à maintenir une solide performance financière tout au long de l'année, en affichant un produit net bancaire de 462,50 M€, soit une hausse de 4,3 %. Mais c'est sur les raisons de cette réussite et l'utilité de l'activité de la banque que Serge Magdeleine, son directeur, a préféré s'attarder.

20 millions d'euros injectés chaque jour

Instabilités et tensions géopolitiques ont marqué l'année 2022. La conséquence majeure de la guerre en Ukraine a d'abord été l'inflation, devenue structurelle et qui devrait continuer d'être soutenue dans les prochains mois. Or, l'inflation désolvabilise des ménages et tend à freiner l'investissement. Pourtant, avec un encours de crédit de 19 milliards d'euros (Mds €) et un encours d'épargne de 24,5 Mds €, l'activité de la banque s'est élevée à 44 Mds € en 2022. Collecter, sécuriser l'argent des clients, le transformer en crédit moyen-long terme pour les entreprises, les collectivités et les ménages reste le premier métier du banquier. "Avec un montant de crédits accordés de 20 millions d'euros en moyenne par jour, l'activité de la banque territoriale a été extrêmement dynamique", commente Serge Magdeleine. Sur son autre métier, en matière de protection des ménages et des entreprises, la banque assurance a aussi réalisé une belle progression, avec +4 % en 2022.

La caisse régionale affiche au final un résultat en très forte progression, dépassant les 100 M€ de résultat net après impôts (+23 %). Il s'explique par l'attractivité du territoire, par les liquidités déversées chez les agents économiques à l'aune du "quoi qu'il en coûte", mais aussi par l'activité des collaborateurs très impliqués sur le déploiement du digital, permettant des gains de productivité significatifs et une baisse des charges.

Atténuer, adapter et rendre la transition juste

Pour la suite, "nous allons continuer à prêter, même si les taux d'usure sont complexes, et les coûts de la ressource plus chers. Nous allons continuer à protéger et à assurer contre les risques d'aujourd'hui et de demain, mais donner aussi une inflexion en participant à la transition d'une économie fossile vers une économie dite régénérative", annonçait le directeur général. Concrètement, la caisse régionale s'est fixé trois objectifs cette année : atténuer, adapter et rendre la transition juste.

Il s'agira d'abord d'atténuer, en aidant les clients à réduire leurs émissions de gaz à effets de serre, via la sortie progressive des énergies fossiles. Il faut aussi 'adapter', en faisant évoluer les infrastructures, les pratiques, les modèles économiques et sociétaux, pour renforcer la résilience face aux risques climatiques qui vont arriver. Il est aussi nécessaire de rendre la transition juste pour le Crédit Agricole, car cette dernière coûte cher mais ne doit pas accentuer les inégalités.

Avec l'augmentation des coûts de l'énergie, les enjeux climatiques, réglementaires et économiques sont devenus très importants. Ils amènent la caisse régionale à dépasser son rôle traditionnel de banquier qui finance et assure l'économie : la banque veut aussi devenir le partenaire qui conseille et investit sur les transitions du territoire, dans l'intérêt direct de ses clients, du territoire comme de l'environnement. Elle montre déjà l'exemple en matière d'efforts engagés pour maîtriser son empreinte carbone (-7 % depuis deux ans) et continuera dans l'avenir, puisque l'objectif est de la réduire de 50 % d'ici 2030. Mais la CAAP veut aller plus loin pour soutenir ses clients dans la transition environnementale, en proposant des outils pour réduire et maîtriser leurs dépenses énergétiques.