Avignon
La transmission du domaine Saint Pierre d'Escarvaillac était imprévue. Quand Christophe Requin reprend l'exploitation de son père, il a tout à découvrir de l'agriculture. Sept ans plus tard, sa compagne, Ilaria, et son ami, Andreas, l'ont rejoint pour donner à ce lieu historique un nouveau souffle.
Christophe, Ilaria et Andreas
© Crédit photo : ML
Quand on fouille dans les archives, on découvre le rachat de la bâtisse du domaine Saint Pierre d'Escarvaillac et son terrain au cours du XIIIe siècle, par la Chartreuse de Bonpas. "Elle existait avant celle-ci, et une rénovation du bâtiment a été faite au XVIIIe. Mais la destination du bâtiment a toujours été agricole. Nous avons retrouvé des baux de location entre les chartreux et des fermiers. Avec la Durançole [un petit bras de la Durance à côté du domaine, ndlr] et l'existence d'un moulin à l'époque, l'endroit était idéal pour produire", raconte Christophe Requin.
Le lieu passe ensuite de main en main, jusqu'à ce que sa famille s'y installe il y a plus de 100 ans. Le vin est de plus en plus développé, à côté des quelques poiriers qui constituent aujourd'hui une culture secondaire, avec moins d'un hectare. Ses grands-parents feront partie des premiers viticulteurs du territoire à recevoir l'appellation Côtes du Rhône. "Mon père était ingénieur. Il a repris sur le tard, à 55 ans, et ne s'est ensuite jamais trop posé la question de la transmission", se souvient Christophe, à l'origine professeur de français. Le soudain décès d'Henri Requin, en 2016, mobilise les méninges de ses deux enfants. Que faire du domaine ?
Christophe Requin et sa sœur s'interrogent longuement. Que faire d'un tel lieu, chargé à la fois de l'histoire locale et familiale ? "Elle n'était pas trop intéressée, donc on a repris ensemble. Mais finalement, c'est moi qui m'y suis mis", raconte le nouveau vigneron.
D'un profil littéraire, il n'a jamais connu la vie à la ferme, bien que côtoyant régulièrement le domaine lors de ses vacances et pour vendre le vin de son père sur les marchés.
Lorsqu'il le reprend donc totalement en 2017, il a tout à découvrir, même s'il connaît l'agriculture de loin. "J'ai appris au côté des personnes qui travaillaient déjà ici, ainsi qu'avec les conseils de l'œnologue", explique-t-il. Depuis, rien n'a été simple : sécheresse intense, gel de 2021 qui lui a fait perdre entre 70 et 80 % de sa récolte... "Finalement, j'ai dû apprendre beaucoup, sur le tas, et toujours dans l'urgence". Il aurait pu se décourager, mais il choisit de s'accrocher.
En 2020, alors que le confinement plonge la France dans une torpeur jusqu'ici inconnue, Ilaria, la compagne de Christophe, le rejoint dans les vignes. L'Italienne a de la famille dans le secteur agricole, mais sa voie est, elle aussi, celle de l'enseignement. "J'ai commencé à travailler dans les vignes à plein temps pendant le confinement", se remémore-t-elle, son sécateur à la main. Il y a peu, c'est Andreas, un ami, qui les a rejoints à son tour. Lui aussi a initialement un profil plutôt littéraire. Ensemble, ils ont ce qu'ils appellent "une vision humaniste du vin" et s'amusent avec les multiples possibilités qu'offre cette production.
Pour le moment, le vignoble est composé d'une grosse dizaine d'hectares de cépages rouges. Cinsault, syrah, grenache... Certains ceps ont entre 70 et 80 ans. Alors, évidemment, Christophe Requin a dû se plier au jeu de la restructuration. Quelques plantiers s'épanouissent tranquillement, une parcelle vient d'être arrachée, la question de la suite se pose : "Je vais probablement planter un peu de lavande et installer des cépages blancs est une possibilité. Mais ça requiert de l'équipement et un certain savoir-faire".
Dans la cave, le vigneron dispose effectivement d'une cuverie particulière, en pierre. "Il parait qu'elles font partie des plus vieilles du département. Difficile de dire si ça demande une façon de travailler particulière, puisque je n'ai toujours fait que comme ça", reconnaît-il. "Il y a un certain contraste que j'apprécie, entre la vieille pierre qui matérialise une forme d'immobilité et d'histoire, alors que le raisin est une matière vivante", ajoute-t-il avec poésie.
Une méthode qui donne un côté historique et traditionnel à l'exploitation, tout comme les vendanges, réalisées manuellement le matin pour bénéficier d'un brin de fraîcheur malgré l'été. Aujourd'hui, le domaine Saint Pierre d'Escarvaillac produit trois cuvées de côtes-du-rhône par an.
Charmé par la bâtisse depuis longtemps, Christophe participe à la rénovation de la grange des Cépèdes, dans l'idée d'accueillir du monde. La salle est régulièrement louée pour des mariages et elle accueille justement ce 31 mars l'assemblée générale de l'association 'Bienvenue à la ferme'. "C'est un complément nécessaire aujourd'hui. La viticulture, dans sa conjoncture actuelle, est loin d'être simple, notamment avec la crise du vrac et la sécheresse", note-t-il.
En 2008, il crée également une association, 'Peiro Vivo', dans le but d'accueillir sur le domaine des événements culturels tels que des expositions, bals populaires, concerts et résidences d'artistes. "Entre ça et l'accueil avec 'Bienvenue à la ferme', ça permet à ce lieu historique de rester le lieu de passage. Mais je me plais à penser que c'est ce qu'il a toujours été".
Avec le printemps viennent ainsi de nouveaux temps forts : bals, ateliers de jazz, stage de capoeira avec une association, médiation culturelle... Saison particulièrement vivante et engageante dans l'idée de se mobiliser de plus en plus dans la vente des vins du domaine, principalement aux cavistes et restaurateurs, mais aussi aux visiteurs de passage.
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