Vaucluse 09/12/2022
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états généraux de l'eau

Exemplarité confirmée dans la concertation

Jeudi 1er décembre, la Région Sud et l'État répondaient présents à l'appel du Département. En cette fin d'année, les acteurs du territoire se réunissaient nombreux à Avignon pour les états généraux de l'eau du Vaucluse, une après-midi préparatoire en vue des futures assises régionales.

Violaine Demaret, préfète de Vaucluse, Dominique Santoni, présidente du Département, et Bénédicte Martin, vice-présidente de la Région Sud en charge de l'agriculture sont résolument prêtes à faire avancer les choses sur l'eau.

© Crédit photo : ML

Première étape avant une phase plus longue de construction du schéma départemental de la ressource hydrique du département, les états généraux de l'eau du Vaucluse se tenaient jeudi 1er décembre, en Avignon.

"Au regard du contexte, nous avons fait le choix de réunir ici aujourd'hui l'ensemble des acteurs et utilisateurs de l'eau. C'est, je le crois, une opportunité unique de pouvoir aborder le sujet de l'eau en Vaucluse dans toutes ses dimensions : l'irrigation agricole bien sûr, mais aussi l'eau potable pour le grand public, ou encore l'eau ressource indispensable aux activités économiques et touristiques", introduit Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental.

Marquée par un véritable tournant cet été, l'année 2022 aura effectivement cumulé bon nombre de difficultés, entre déficit hydrique et chaleurs répétées, avec jusqu'à 75 nuits à plus de 25°C. Ainsi, le besoin d'avancer sur toutes les questions liées à la gestion de la précieuse ressource est-il caractérisé par une notion d'urgence de plus en plus marquée. "J'ai noté une tendance à croire que 2022 est une exception. Mais je pense plutôt qu'on approche de quelque chose qui va se normaliser. En 2050, Avignon devrait avoir le climat de Naples. En 2100, celui du nord de la Sicile ou de la Tunisie", pose la préfète du Vaucluse, Violaine Demaret.

"En lien avec l'État et la Région, ces états généraux vauclusiens seront une première étape et une contribution de notre département aux assises régionales de l'eau, que Renaud Muselier, président de la Région Sud, et l'État comptent réunir dans un second temps", énonce la présidente. La question va un peu au-delà des compétences du Département, Dominique Santoni le reconnaît. Mais à l'instar de Violaine Demaret et de Bénédicte Martin, vice-présidente de la Région Sud en charge de l'agriculture, toutes deux à ses côtés, elle estime que c'est par le travail collectif, mené sur les usages très distincts de l'eau, que l'avancement sera notable.

"Dans nos politiques publiques, nous sommes confrontés à des enjeux multiples qu'il nous revient de prioriser (...). En ce qui concerne l'accès à l'eau, c'est l'accès à la vie et à l'activité humaine dont il est question. Le reste n'est que littérature", affirme Bénédicte Martin. Il s'agissait, une fois de plus, de réunir le maximum de personnes pour mieux comprendre les usages de chacun. "Il faut partager les enjeux des uns et des autres pour éviter les conflits d'usages. Ce travail prendra moins de temps si on se comprend mieux", réaffirme la préfète.

Arrêter de "zapper" pour une véritable prise de conscience

En sortie de gestion de crise, de nouvelles préoccupations surpassent celles de l'été. Pourtant, la problématique se représentera à l'avenir. "La première urgence, c'est d'arrêter de zapper pour éviter de se retrouver dans la même situation l'année prochaine. Une prise de conscience est essentielle", alerte Violaine Demaret. Ensemble, les trois femmes soulignent l'importance des écogestes, que la crise soit en cours ou non.

Pour s'améliorer, la réparation des fuites sur le réseau est évidemment prioritaire, surtout lorsque l'on sait que près de "20 % des volumes d'eau potable injectés dans les canalisations n'arrivent jamais au robinet", rappelle Marie-Alix Caruso, du Syndicat des eaux Durance Ventoux. Le chiffre interpelle, bien qu'il date d'une étude menée à N-2.

Des enjeux au niveau de la performance du réseau donc, mais également dans les actions à mener pour économiser la ressource. Programmes menés par les Parcs naturels régionaux, concertation avec les secteurs économiques... De nombreuses choses sont déjà mises en place, mais le sujet mobilise toujours plus, notamment autour des sujets de collecte des pluies et réutilisation des eaux grises.

Étudier toutes les pistes

"Même si ce n'est pas l'alpha et l'oméga, la réutilisation est une piste à explorer", reconnaît Adrien Morenas, ancien député de Vaucluse, maintes fois engagé sur ce sujet au cours de son mandat. L'eau étant gérée par cinq ministères, ces derniers ont parfois du mal à s'accorder dans la gestion de la ressource hydrique. Le sujet préoccupe, "mais il y a une problématique en France et de façon très locale également", poursuit-il.

Un projet pilote de réutilisation de 50 000 m3 d'eaux usées par an est par exemple à l'étude entre Suez et le Canal de Carpentras. Dans la salle, un élu interpelle Arnaud Varenterghem, responsable pôles techniques 'Eau et assainissement Paca' chez Suez : "Pourquoi chez nous ça reste de l'expérimentation, alors que ça se fait ailleurs dans le monde" ? La barrière, au-delà d'être réglementaire car la question est très encadrée, est également financière : "Pour avancer, il faut remettre les choses en perspective. Au lieu de dire 'combien on donne', il faudra accepter de se demander combien ça coûte", insiste Adrien Morenas.

Le blocage est également parfois mental. "Bon nombre de gens sont encore réticents à arroser avec des eaux filtrées et traitées en provenance de stations d'épuration", déplore le responsable de Suez. Des analyses bactériologiques et virologiques sont pourtant réalisées régulièrement, attestant de la réussite des techniques de traitement qui, avec un peu de financement, pourraient d'après lui encore être optimisée.

"Pour avancer, il faut remettre les choses en perspective. Au lieu de dire 'combien on donne', il faudra accepter de se demander combien ça coûte"

Il en va de même avec la potentielle création de bassines pour retenir l'excédent d'eau, en hiver notamment. La mise en place d'une retenue d'environ 150 000 m3 par l'ASA de Violès-Sablet, en complément de la modernisation sous-pression de son réseau, en serait un exemple. "C'est un projet qui fera faire de considérables économies d'eau. Mais il faudra également se poser la question des énergies, puisqu'il y aura besoin de pompes pour faire du sous-pression. Sur la retenue, des panneaux photovoltaïques flottants devraient pouvoir être déposés", annonce Olivier Gauer, directeur adjoint de la Chambre d'agriculture de Vaucluse. Reste à voir si le projet, très suivi, aura effectivement une suite.

Rendre durables les activités économiques liées à l'eau

Tout au long de l'après-midi, les réflexions vont bon train. Pourtant, quand vient la troisième séquence concernant la durabilité des activités économiques qui dépendent de la ressource hydrique, les participants sont déjà bien moins nombreux qu'au début des échanges.

Tour à tour, les intervenants abor- dent l'avancement du projet des Hauts de Provence rhodanienne (HPR), du fonctionnement des nappes phréatiques, ou encore de l'importance de l'accompagnement agronomique. La compréhension semble être, une fois encore, la clef de voûte de tous les travaux à venir. Malgré les difficultés rencontrées en 2022, les infrastructures en place ont montré leur valeur et continuent à donner de l'espoir, d'après Pascale Sautel, directrice 'Concessions' chez EDF Hydro Méditerranée. Parallèlement, les agriculteurs mènent quant à eux de nombreux projets de modernisations.

Éric Lions, président de la Chambre d'agriculture des Hautes-Alpes, venait par exemple témoigner de ce qui se passe pour l'ASA de Châteauroux-les-Alpes : "Notre projet est un véritable projet de territoire autour de la modernisation agricole et de la production hydroélectrique". La modernisation des réseaux pour les passer sous-pression vient effectivement s'accompagner de la création d'une micro-centrale aux intérêts multiples pour le territoire, tels que la production d'énergie renouvelable pouvant répondre aux besoins de plus de 1 600 foyers, ou encore la garantie d'un débit réservé.

"Je suis agriculteur et l'environnement c'est mon bureau", plaide-t-il, certain d'œuvrer pour l'intérêt général. "Au début, les habitants étaient réticents, car cela impliquait l'augmentation des redevances. Et finalement, avec beaucoup de communication et d'échanges, c'est un projet qui a été validé par 83 % de la population", confirme Éric Lions.

Ne pas rester lettre morte

"Cette année, notre malchance nous a fait toucher du doigt qu'on pouvait ouvrir le robinet et ne pas avoir d'eau. Il ne faut pas que l'on se dise qu'il s'agissait seulement d'une année particulière. Nous sommes aujourd'hui au pied du mur, et cette prise de conscience doit nous servir de nouvelle page blanche sur laquelle écrire tous ensemble", conclut Christian Mounier, vice-président du Conseil départemental en charge de l'agriculture, l'eau et l'alimentation.

Ainsi, ce premier rendez-vous aura-t-il donné la tendance pour l'élaboration d'un plan départemental. Plusieurs groupes thématiques devraient travailler sur le sujet, dès le printemps ou l'été 2023. Parmi les pistes privilégiées, l'alimentation des nappes, la réutilisation des eaux usées, la question des retenues d'eau ou encore la prise en compte des obligations des collectivités, notamment en matière de désimperméabilisation des sols. 

Manon Lallemand •

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