France 24/02/2023
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76e congrès de la FNPFruits

Entre pessimisme et espoirs

La mise en route de la réforme de l'assurance récolte pose encore questions. Le plan de souveraineté censé accompagner la filière fruits aussi. Les arboriculteurs se projettent néanmoins vers l'avenir, avec un nouvel outil pour anticiper les risques climatiques.

Le nouveau dispositif assurantiel et le Plan de souveraineté alimentaire ont été deux thèmes centraux de la première journée du congrès de la FNPFruits cette année.

© Crédit photo : ED

C'est dans le département des Bouches-du-Rhône - qui concentre 20 % de la production nationale en pêche-nectarine pour ne citer que cette production fruitière - que le congrès national des producteurs de fruits se tenait cette année. Tous les ans, le rendez-vous est l'occasion de faire le point sur leur métier, sur la façon dont ils le vivent au quotidien et comment ils envisagent le futur.

Difficile donc pour les congressistes invités à Arles de ne pas évoquer "les nouvelles contraintes et les nouvelles charges qui pleuvent sur leur avenir". Elles concernent "l'emploi, l'utilisation des produits phytosanitaires et l'environnement. Pour maintenir et développer toutes nos productions - ainsi que le revenu des arboriculteurs -, notre combat syndical doit y répondre", lance Patrice Vulpian, doublement impliqué sur l'évènement, en tant que vice-président de la FNPFruits et secrétaire général de la FDSEA 13, qui co-organise le congrès cette année.

Un calcul à revoir

Ces derniers mois, la fédération s'est mobilisée sur plusieurs sujets clés qui n'ont pas manqué d'alimenter les débats sur Arles, aux premiers rangs desquels la réforme des outils de gestion des risques. Bruno Darnaud, en charge de ce dossier difficile, rappelle que "la FNPFruits soutenait cette réforme", et pour les arboriculteurs qui souhaitent s'assurer, qu'il est "encore temps de faire le point sur les offres proposées par les assureurs et d'établir des devis. Avant le 28 février", insiste-t-il.

Pour le président de l'AOP 'Pêches et abricots de France', le nouveau dispositif - qui introduit un partage du risque entre l'agriculteur, l'assureur et l'État et met fin au régime des calamités agricoles - nécessite néanmoins des améliorations techniques. "Nous nous sommes battus sur de nombreux aspects. Nous sommes maintenant dans la mise en route du dispositif. Mais deux points font encore défaut pour qu'un maximum d'arboriculteurs puissent être assurés. Beaucoup de nos collègues ont subi des aléas ces dernières années et, pour eux, la moyenne olympique est trop basse aujourd'hui pour s'assurer. Le second point est que nombre d'arboriculteurs se sont engagés dans la protection de leur verger, mais ces outils ne sont pas pris en compte par l'assurance", déplore l'arboriculteur drômois.

En 2022, moins de 5 % des arboriculteurs étaient détenteurs d'une assurance multirisque climatique. L'objectif de la réforme est de parvenir à faire remonter ce taux à 30 %. La marche à gravir est donc importante. Mais l'inquiétude des arboriculteurs concerne aussi les non-assurés. "Une majorité ne le sera pas, et nous attirons l'attention de l'État sur les modalités du déclenchement du Fonds de solidarité national en cas de sinistre cette année", ajoute Bruno Darnaud.

Un Plan avec de vrais moyens

Autre dossier sur lequel la FNPFruits travaille depuis quelques mois : le Plan de souveraineté fruits et légumes proposé par l'État. Quatre groupes planchent sur les priorités des filières autour des questions sur la protection des cultures, la compétitivité, la recherche et sur la consommation.

Chez les professionnels, on est cependant très sceptique quant aux moyens qui pourront être alloués, alors que certaines filières sont déjà démunies. La cerise notamment. "Nous sentons depuis des années un grand manque d'accompagnement de la part de l'État. Avec la suppression du diméthoate en 2016, nous sommes au pied du mur. Notre secteur s'est pourtant adapté aux changements, du côté de nos productions, de nos techniques. D'autres suppressions sont annoncées, et la filière cerise n'est pas la seule exposée au risque d'être dans l'incapacité de produire", déplore Aurélien Soubeyrand, producteur de cerises en Ardèche et administrateur à la fédération. Les producteurs de fruits sont prêts à relever les défis d'une souveraineté alimentaire, mais encore faut-il leur laisser "les moyens techniques et économiques de pouvoir maintenir les structures et de produire. Car nos voisins européens et plus éloignés, eux, sont prêts à combler les marchés que nous ne pourrons plus alimenter", prévient le producteur ardéchois.

L'avenir du métier passe en effet par une recherche engagée et financée. Mais, malheureusement, ce n'est plus la priorité de l'État, estime Jacques Rouchaussé, président du CTIFL et de Légumes de France. "Nous sommes sous la coupe du ministère de l'Agriculture. Quand nous investissons un euro, l'État devrait faire de même, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous sommes très fermes : nous voulons un réel plan et certainement pas du recyclage. Sur les serres, le verger, les innovations et la recherche, le ministre sait ce que nous voulons. Faute de moyens et de mesures à la hauteur, nous ne le co-signerons pas et saurons le dire très vite. L'autosuffisance alimentaire de la France atteint 62 % sur les légumes et 50 % sur les fruits. Dans cinq ans, nous ne serons plus qu'à 35 % d'autonomie sur notre territoire", assure le président du CTIFL. L'État est prévenu, au Salon international de l'agriculture, les filières des fruits et légumes ne se cacheront pas.

Nouvel outil pour formaliser les risques

Les arboriculteurs n'en oublient pour autant pas leurs inquiétudes de terrain, en lien avec le changement climatique. Aussi la fédération s'est-elle rapprochée l'an dernier d'Axa Climate, filiale de l'assureur Axa, dans l'objectif d'apporter de la visibilité aux producteurs. Un travail sur la création d'un outil de modélisation des risques liés au climat a démarré. Il doit aider les entreprises du secteur agricole à anticiper et s'adapter aux changements en cours. Scientifiques, climatologues, agronomes, mais aussi experts en 'data' mandatés par la FNPFruits ont planché pour "matérialiser l'intensité et les fréquences des aléas susceptibles de perturber les productions fruitières dans le temps", explique Vincent Marchal, directeur 'Transition agricole' chez Axa Climate.

Sur cette étude, les risques potentiels auxquels les exploitants agricoles devraient être confrontés d'ici 2030 et 2050 ont été passés au crible pour 16 cultures fruitières, identifiées sur 25 départements. Avec un tel outil, les professionnels espèrent pouvoir envisager leur avenir plus précisément. 

Emmanuel Delarue •

Travail collectif sur les enjeux phytosanitaires

Ces dernières années ont été un tournant important pour les agriculteurs, eu égard au renforcement des réglementations environnementales. Les contraintes s'accentuant, la réalisation d'un travail collectif est apparue indispensable, pour que les messages des filières continuent d'être audibles. En 2022, un groupe de travail réunissant neuf filières - dont Légumes de France et la FNPFruits - a été créé. De plus, sur la pêche-nectarine, la FNPFruits s'est rapprochée de l'Espagne, de l'Italie et du Portugal pour constituer un dossier commun, afin de cibler des enjeux prioritaires.

Emmanuel Delarue •

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