63e Foire aux agnelles
À Saint-Christol, la 63e Foire aux agnelles a connu un franc succès dimanche dernier. La joie du public - sous le ciel bleu et le fort mistral - ne fait cependant pas oublier que l'avenir de la profession se complique de plus en plus.
La 63e foire aux agnelles et béliers Préalpes du Sud s'est déroulée dans une ambiance conviviale et ventée, dimanche 6 août à Saint-Christol-d'Albion.
© Crédit photo : PN
C'est le grand bleu sur le plateau d'Albion, en ce premier dimanche d'août. Le grand vent aussi car, depuis quelques jours, un mistral persistant rafraîchit l'air avec vigueur. Un temps finalement idéal pour la commune de Saint-Christol et la Fédération départementale ovine de Vaucluse (FDO 84), co-organisatrices de la Foire aux agnelles. Le public sera nombreux, pour cette 63e édition, afin de contempler les 111 bêtes présentes - dont un superbe bouc - pour rappeler que les caprins sont bien souvent les compagnons des ovins dans les troupeaux.
La Foire aux agnelles tient une place à part dans les fêtes de terroir du Vaucluse. À l'instar d'autres évènements organisés sur le plateau d'Albion - comme la Fête de la lavande de Sault, pour ne citer que celui-là - elle a su préserver un lien réel avec les producteurs et les filières agricoles. Elle est restée dans la tradition des comices, où l'on venait aussi bien pour rencontrer ses pairs que pour montrer la qualité de son cheptel, mais aussi s'équiper en chaussures et vêtements adaptés, outillages et autres accessoires.
Ainsi, dans la grande rue du village de Saint-Christol - occupée de bout en bout par 29 exposants et trois food trucks -, on trouve un stand de sonnailles, un autre d'outils de grosses chaussures adaptées à la marche dans les pâturages. Certes, les touristes - qui affluent de plus en plus à mesure que le soleil se lève - visitent aussi ces stands. Mais visiblement, ils leur préfèrent les nombreux produits du terroir présentés par les producteurs, pour la plupart venus en voisins : tel cet éleveur de porc plein air, ou ces chevriers primés au dernier Concours général agricole, venus de St-Christol même, ou encore ce jeune lavandiculteur saltésien, "car vu la catastrophe sur les récoltes, je fais tous les marchés et foires que je peux" ou encore ce couple de jeunes brasseurs de Villes-sur-Auzon.
Beaucoup de jeunes parmi les exposants, mais aussi parmi les éleveurs. À l'image des deux co-présidents de la FDO vauclusienne, Nicolas De Cecco, et Sébastien Constantin. Tous deux ont moins de 40 ans, tous deux sont fiers de leur métier. Mais les points communs s'arrêtent là : car Nicolas, installé dans la plaine à Monteux, est un néo-paysan tombé en amour pour l'élevage, qui transhume son troupeau de mérinos en Savoie. Tandis que Sébastien, fils d'éleveur à Aurel, sur le plateau, est un sédentaire qui garde ses 300 préalpes près de lui. Une sorte de carte de visite à eux deux de la filière ovine vauclusienne. Mais ils partagent la même crainte : une inquiétude grandissante pour l'avenir de leur profession, du fait de la prédation lupine. "Les courbes sont en train de se croiser", affirme, pessimiste, Sébastien Constantin. "Le nombre de têtes dans les élevages est en baisse constante, tandis que le nombre de prédations, lui, est en constante augmentation."
"Ce qui est le plus inquiétant", poursuit Nicolas De Cecco, "c'est qu'on voit de plus en plus le loup en plaine. En Savoie, là où je transhume mon troupeau, il y a beaucoup de loups depuis longtemps. Mais maintenant, les attaques se développent ici, dans le Vaucluse". Son co-président peut en témoigner : "Pas plus tard que la semaine dernière, à Aurel, j'ai eu trois bêtes tuées et deux blessées". Mais le sujet de l'inquiétude des deux jeunes éleveurs ne vient pas tant des attaques de loup que de ce qu'ils perçoivent comme une absence de prise en compte de la problématique par les autorités : "Le Vaucluse est le seul département de la zone Sud-Est où il n'y a eu, pour l'instant, aucun prélèvement", affirment-ils de concert. Et l'inquiétude se prolonge au vu des réactions de plus en plus défavorables des randonneurs, cyclistes et autres usagers des espaces naturels face aux chiens de protection. "Non seulement on doit laisser le loup tuer nos bêtes, mais en plus on se fait agresser par les gens qui se plaignent que nos chiens de protection fassent tout simplement leur travail", estime ce jeune éleveur venu des Hautes-Alpes voisines. Le Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée (Cerpam) est d'ailleurs présent sur la fête, représenté par Camille Favier, son animatrice. "Il y a 6 600 chiens de protection enregistrés en France. Et en tout et pour tout, il n'y a eu que 130 incidents signalés, bien souvent de simplement pincements, durant l'année 2021. Les chiens de protection sont dressés, ils ne font pas n'importe quoi. Évidemment, ils peuvent faire peur, car pour tenir tête au loup, il faut des gros chiens, donc impressionnants."
Le contexte est donc de plus en plus compliqué pour les éleveurs ovins, qui tiennent bon du fait de leur passion et de leur engagement. Et qui rappellent aussi le rôle des troupeaux, aussi bien dans la préservation de la biodiversité que dans la lutte contre les incendies. "Nos bêtes effectuent un débroussaillage naturel, qui fait toute la différence en cas d'incendie", rappelle Sébastien Constantin. Et si certains esprits"chafouins" ont une dent contre les éleveurs, la sympathie du public, notamment familial, est manifeste en cette journée de foire. Les parkings et les bords de route archipleins témoignaient de l'importance du public présent. Les démonstrations de chien de conduite de troupeau, ou de tonte, animées par un berger et un tondeur venus des Alpes-de-Haute-Provence voisines, captent l'attention du public. Et le'Repas du berger', proposé le midi, a accueilli près de 500 convives. Preuve, s'il en était besoin, que la place de l'élevage ovin est toujours prégnante dans le cœur des Français !
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