Bouches-du-Rhône 03/08/2023
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moissons blé dur

Des résultats très hétérogènes

Tous les secteurs de production de la région ont connu des conditions climatiques défavorables, avec une sécheresse longue pénalisant sérieusement les rendements et, par endroits, la qualité.

Dans la région, la sécheresse de printemps a généré une forte hétérogénéité sur les rendements et la qualité.

© Crédit photo : ED

La collecte de blé dur a démarré un peu plus tôt que prévu cette année dans la région. Malgré les fortes pluies en mai, les conditions climatiques ont conduit les producteurs à moissonner tôt dans les bassins les plus précoces, début juin. "C'est une année climatique assez atypique, dans le sens où la sécheresse de printemps a été un élément perturbateur de la bonne tenue des cultures. Le blé dur en a particulièrement souffert, avec une mortalité importante de talles. La campagne est aussi atypique en raison de l'hétérogénéité des rendements au sein des bassins de production", note Nicolas de Sambucy, producteur en Camargue et président du Comité régional des céréales.

À l'automne dernier, les semis ont, par chance, pu se dérouler dans de très bonnes conditions. "On peut dire que l'on avait tout pour réussir. Et si l'on n'avait pas connu cette sécheresse sévère, qui a sévi de janvier à mars et même un peu sur avril, les cultures auraient été bien plus productives. Les pluies de mai et de juin sont survenues trop tard. Et, sur certains bassins, elles ont même fait baisser la qualité des grains, en générant de la fusariose et de l'échaudure par endroits", explique le producteur camarguais.

Azote prohibitif et manque d'eau

La filière n'a pas encore rassemblé toutes les données chiffrées de cette campagne, mais une hausse des emblavements devrait être observée en raison du marché plutôt favorable, avec un prix du blé dur qui a pu susciter des intentions de semis.

On sait déjà cependant que, d'une manière générale, le Poids spécifique (PS) est plutôt bon, autour de 78 et, côté sanitaire, les producteurs n'ont pas observé trop de mitadin. Les taux de protéine sont un peu faibles, entre 12,5 % et 13 % en moyenne. Des résultats dus à la sécheresse de printemps et au coût prohibitif de l'azote en début d'année. De plus, au vu de la difficulté de l'implanter, faute de précipitation, certains producteurs ont fait le choix de ne pas booster leurs cultures.

Dans le secteur aixois, on est aussi plutôt satisfait de cette campagne. "Les rendements sont, cette année, légèrement au-dessus de la moyenne mais néanmoins décevants, dans la mesure où visuellement les blés étaient beaucoup plus jolis que ce que l'on a ramassé. Mais ici aussi, les rendements sont en moyenne très hétérogènes, bons dans les terres à l'irrigation, qui permettent de produire quasiment 60 % de plus ; moins bons ailleurs. Le manque d'eau en début de la montaison a fait du mal. Les cultures ont rencontré des problèmes de remplissage de grains. En revanche, la qualité est top. Dommage que les pluies soient arrivées si tard", retient le céréalier Romain Blanchard.

Du côté du Vaucluse, les déceptions sont beaucoup plus fortes. Alex Cacelli - qui produit du blé dur sur Entraigues, Saint-Saturnin et le Thor - estime avoir bouclé "la plus mauvaise récolte de sa carrière". Pour lui, "les rendements sont très mauvais en raison d'une année trop séchante, sur un trop long pas de temps. Entre janvier et jusqu'au 15 mai, il n'a pas plu. À la montaison du blé, au stade de l'épiaison et durant le grossissement du grain, les cultures ont trop souffert. Le système racinaire s'est peu développé. La floraison étant passée, les pluies tardives de mai juin n'ont rien pu apporter", indique-t-il. Sur la qualité, il note aussi un défaut de PS. "On tourne à 74 %. Donc pour la plupart des producteurs du Vaucluse, les blés seront déclassés sur la qualité, ce qui signifie qu'ils seront payés beaucoup moins." Le président de la commission Sud-Est Arvalis ajoute aussi que, sur cette campagne, "entre le prix des engrais, du gasoil et des produits phytosanitaires, les producteurs ont dû faire avec les coûts de production, peut-être aussi les plus élevés de leur carrière".

Mauvais résultats sur les semis de janvier

Dans le nord du département, Sébastien Mazoyer - qui produit autour de Mondragon, Mornas, Piolenc ou Uchaux - confirme des résultats très décevants voire "catastrophiques cette année sur blé dur". Il a semé beaucoup moins que d'habitude, 40 hectares contre une centaine habituellement. "Par endroits, les rendements des premiers blés semés fin octobre-début novembre avoisinent les 70 quintaux par hectare, avec de la qualité. En revanche, les pluies de début novembre ont rendu impossible le travail dans les terres." En parallèle de son exploitation, Sébastien dirige une entreprise de travaux agricoles. Sur la centaine d'hectares semée pour des clients, plus d'un tiers des surfaces a été noyé. "Tout novembre et tout décembre, on n'a pas pu travailler. On a recommencé à semer du blé dur début janvier, mais les récoltes de ces blés ont été très mauvaises. Les rendements atteignent difficilement les 25 quintaux par hectare." Des résultats qu'il impute à la sécheresse de printemps, puisque du premier janvier au 15 mai, le céréalier a relevé un cumul très faible de 53 mm de précipitations.

Pas d'inquiétude sur les débouchés

"Le prix était là, mais pas les rendements. De ce fait, produire du blé dur a coûté cher cette année au vu des résultats", retient-il. Pour l'année prochaine, s'il parvient à semer jusqu'à fin novembre, il sèmera du blé. "En janvier, on ne sèmera plus de blé. Un pari qui pourrait être aussi une erreur en cas de bonnes pluies en mars et en avril", analyse Sébastien Mazoyer.

Sur le marché du blé dur néanmoins, "il ne devrait pas y avoir de difficultés pour travailler en filière et continuer d'approvisionner les acheteurs français, notamment Panzani", souligne Nicolas de Sambucy. Le principal client de la production régionale de blé dur affiche, depuis quelques campagnes, une origine française sur ses pâtes. Un signal fort de la part de l'industriel sur sa volonté de mettre en avant l'origine locale, qui correspond aussi au développement des nouvelles attentes en lien avec l'environnement, les modes de production et les provenances. S'il n'y a donc pas d'inquiétude sur la demande et les débouchés, avec l'abandon de l'accord russo-ukrainien sur les céréales, les producteurs provençaux de blé dur ont bon espoir que les cours restent cohérents avec ceux de l'an dernier. 

Emmanuel Delarue •

À retenir-

Un plan de résilience dans les tuyaux

La filière travaille actuellement avec la Coopération Agricole Sud sur un plan de résilience de la filière des grandes cultures en région Sud. Tous les acteurs de la filière, organismes stockeurs comme négociants, sont impliqués. Cette collaboration devrait se traduire par une réponse à un appel à projet de la Région Sud. "En une dizaine d'années, nous avons perdu 50 % de nos surfaces céréalières dans la région. Les surfaces en blé dur sont descendues à 25 000 hectares et il y a aujourd'hui un réel enjeu de fragilité de cette filière. On milite donc pour une réelle prise de conscience des pouvoirs publics sur la nécessité de préserver des grandes cultures en région Sud", indique Nicolas de Sambucy.

Le rendement moyen sur blé dur devrait être sous le seuil des trois tonnes par hectare cette année. Par rapport aux prévisions, les rendements devraient être inférieurs de 20 %.

Emmanuel Delarue •

L'héliotis, un fléau cette année sur pois chiches

La production régionale de pois chiches a également cette année été décevante sur les rendements. "L'héliotis a fortement impacté les cultures. C'est la première année que j'en vois autant. J'ai réalisé de deux à trois traitements sur certaines parcelles, mais cela n'a pas protégé les cultures pour autant. Dans certaines parcelles, on n'est même pas rentré avec la moissonneuse", rapporte Sébastien Mazoyer.

Emmanuel Delarue •

À retenir

Le rendement moyen sur blé dur devrait être sous le seuil des 3 tonnes par hectare cette année. Par rapport aux prévisions, les rendements devraient être inférieurs de 20 %.

Emmanuel Delarue •

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