À la tribune, Bernard Mille, Maurice Chabert, Gérard Daudet, Bénédicte Martin, Christiane Lambert, Jean-Claude Bouchet et Charlie Gautier.
À quelques jours de la présentation du projet de loi sur l’agriculture, les représentants de la filière ‘fruit’ étaient toujours aussi partagés entre la frustration et la déception que les ateliers des États Généraux de l’Alimentation ont généré dans leurs rangs. Le congrès de la FNPF a tenu malgré tout à mettre en lumière les attentes les plus fortes de la profession. Pas sûr que le futur plan y réponde, mais la contractualisation et le partage de la valeur ajoutée étaient bien évidemment sur la table. À la question : ‘qu’avez-vous retenu des EGA ?’ Olivier Charles, PDG d’Aptunion, Virginie Durin de Familles de France, Aurélien Clavel, vice-président des Jeunes Agriculteurs, et Christian Berthe, président de l’Union nationale du commerce de gros des fruits et légumes étaient invités à s’exprimer, aux côtés de Luc Barbier. Tous étaient assez peu optimistes sur ce que l’exercice permettra réellement de modifier entre l’amont, l’aval et les consommateurs. Un des points positifs des ateliers est qu’ils ont au moins remis l’agriculture au cœur de l’environnement alimentaire. C’est dire si dans certains esprits, les mots ‘agriculture’ et ‘alimentation’ pouvaient être éloignés.
Aurélien Clavel attend de « ces outils qu’ils redonnent du pouvoir de négociation à l’échelon du producteur et que la contractualisation se mette en place jusqu’au metteur en marché final ». Il souhaite aussi que la contractualisation comporte « la mise en place d’indicateurs de prix qui prennent en compte les coûts de production ».
Le contrat, oui mais pas seulement
Christian Berthe regrette lui de n’avoir « pas vu poindre dans ces États Généraux de solution nouvelle pour créer de la valeur dans un marché aussi volatil que celui des fruits et légumes ». Pour lui, la contractualisation peut s’avérer un outil utile dans le secteur des fruits et légumes frais, à la condition qu’il s’appuie sur « le volontariat et l’attractivité ».
Olivier Charles croit assez peu à une réglementation possible sur les prix. « Cela nécessiterait de connaître d’abord les coûts de production avec précision. Il faudrait ensuite que cette législation puisse s’appliquer à l’échelle européenne ». Le PDG d’Aptunion mise à l’inverse beaucoup sur « l’outil contrat », dans la mesure où il comporte trois composantes indispensables à la création de valeur. Pour donner de la visibilité tant à l’agriculteur qu’à l’industriel, « il doit porter sur une durée parce que c’est justement cette visibilité qui pourra permettre à l’agriculteur d’investir, d’être plus compétitif et de créer de la valeur », précise-t-il. Même chose pour l’industriel.
Dans un contrat il faut que l’acheteur sache s’engager sur des quantités, « c’est peut-être risqué, mais c’est aussi cet engagement qui accordera de la valeur au contrat ». Enfin sur la composante prix, Olivier Charles reconnaît « qu’un industriel ne pourra jamais acheter à un prix supérieur au cours du marché, sous peine de ne plus être compétitif. Cela ne doit pas l’empêcher par contre de s’engager sur un prix sur plusieurs années qui peut être indexé sur l’inflation ».
Convaincre aussi le consommateur
Pour le PDG d’Aptunion, « le contrat est utile, mais ne saurait être suffisant ». Alors que manque-t-il ? « Je crois beaucoup à l’information communiquée au consommateur et à la pédagogie sur le produit et l’État a un réel rôle à jouer dans ce domaine », lance Olivier Charles.
Le vice-président des JA Aurélien Clavel voit aussi la nécessité de « rapprocher l’acte d’achat de la production », d’autant que « le consommateur est aujourd’hui très mal informé », souligne la vice-présidente de Familles de France. Quant à l’acceptation du consommateur de payer plus cher un fruit qui serait vendu différemment, avec davantage d’informations par exemple, l’intéressée répond. « Le consommateur est prêt, à condition que la marge supplémentaire bénéficie au producteur. » Le producteur bénéficie indiscutablement d’un capital sympathie sous exploité aujourd’hui. Le problème est que malmené par des informations souvent trompeuses sur l’origine du produit le consommateur n’a pas toujours accès à cette connaissance. D’où la nécessité « d’arrêter de détruire cette valeur avant même de chercher à la valoriser », résumait justement Christian Berthe.
Emmanuel Delarue
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