Courthézon
Entretenant l'exploitation de ses parents depuis la vingtaine, Jean Daveri n'a pourtant pas fait de l'agriculture son métier. Alors représentant de commerce, il s'est passionné pour chaque oliveraie qu'il a traversée. Sa femme Caroline en rêvait, alors il l'a fait : il a planté des oliviers. Tellement qu'aujourd'hui le couple peut se targuer de disposer d'un véritable conservatoire oléicole.
Jean et Caroline, qui a par ailleurs été intronisée chez les Disciples d'Escoffier en juin, lors de la manifestation 'Terroirs en fête', qui se tenait au parc de l'Arbousière à Châteauneuf-de-Gadagne
© Crédit photo : ML
Au départ, l'exploitation de Jean Daveri appartenait à son grand-père, Jean-Joseph Biscarrat, qui cède son exploitation à ses deux filles, Huguette et Henriette, sa mère. Lorsque son père décède brutalement, la question de la survie de l'exploitation se pose.
Mais elle n'est plus viable et, alors dans la vingtaine, Jean se pose des questions. "Ma mère voulait la conserver malgré tout, et moi j'étais d'accord pour l'entretenir, avec l'aval de mon épouse bien sûr, sinon on ne serait probablement plus ensemble tous les deux depuis longtemps", raconte-t-il en lançant à cette dernière, Caroline, un regard amusé.
Alors en vigne, l'exploitation doit-elle absolument rester viticole ? À Pécoulette, sur la commune de Courthézon, "nous sommes sur le terroir des Côtes du Rhône villages. Mais en étant double actif, je n'avais pas la possibilité de planter, et ça coûtait cher", poursuit-il. Jean est effectivement représentant de commerce. Mais dans le machinisme agricole, ce qui lui permet de parcourir le territoire.
Alors qu'il découvre de plus en plus d'oliveraies, son intérêt pour ces arbres et leurs fruits augmente, jusqu'à rencontrer le moulinier de Ramade, à Nyons, puisque sa femme l'encourage à se lancer : "Étant Champenoise, c'était un rêve de pouvoir avoir quelques arbres", se souvient-elle.
Le fameux moulinier lui rappelle l'importance de créer un bouquet variétal. Ça tombe bien : justement, la technique de Jean consiste à repérer des arbres dans des parcelles abandonnées, affligé par l'idée de voir ces derniers dépérir : "J'allais vers ceux qui m'appelaient, puis j'ai planté leurs souquets [rejet d'une souche d'olivier, ndlr]. De cette manière, j'ai pu avoir de véritables clones". "Un olivier ne meurt jamais sans héritier", complète sa femme.
Aujourd'hui, l'exploitation compte près de 1 300 arbres, plantés en 6 mètres sur 6, pour une superficie d'environ 5 hectares. Les oliviers les plus vieux ont donc entre 35 et 40 ans, les derniers plantés, une dizaine d'années. "Nous avons un verger adolescent, les arbres vont continuer de grandir et de produire", explique Caroline Daveri.
Un verger aux nombreuses variétés : aglandau, petit broutignan, picholine, négrette, salonenque, grossane, frantoio... Certaines sont mêmes inconnues pour le couple qui ne s'en formalise pas : "Dans une parcelle, nous avons 10 à 12 arbres de variétés différentes. Nous ne récoltons donc pas tout en même temps, selon les variétés ou le niveau de maturité". Dans le terroir de l'AOP huile d'olive de Provence, ils ont préféré faire une huile d'olive vierge extra qui leur ressemble, pour une clientèle intéressée et très fidèle.
Depuis le départ, le couple Daveri envoie ses olives au Moulin de Pierredon, à Estezargues (30). Lorsque Jean s'est lancé, il y avait assez peu d'oliveraies dans le Sud Vaucluse, il a donc cherché quelqu'un qui faisait de l'huile avec des olives vertes et n'a plus jamais changé de prestataire.
C'est donc Gilles Granier qui s'occupe de la trituration et de l'extraction d'une huile d'olive à la couleur trouble, qui n'entre dans aucune des catégorisations classiques - subtile, intense, à l'ancienne - et se caractérise par une note florale et amandée. "C'est en partie lié à une récolte qui débute lorsque les olives sont encore très vertes. Grâce à ça, notre huile est équilibrée", atteste Jean.
Depuis trois ans, elle est d'ailleurs systématiquement analysée pour avoir une idée du chargement en polyphénol. Les olives du domaine étant très sèches, la première analyse a même relevé 358 milligrammes de la molécule par litre !
La récolte s'effectue pendant deux mois - entre le 10 octobre et jusqu'au 22 décembre en général - à la main, avec un peigne électrique. Jean Daveri est à cette période accompagné d'Élise, leur fille : à 38 ans, elle est en cours de reconversion pour pouvoir rejoindre ses parents sur le Domaine de Pécoulette.
"Elle était dans la restauration et après un parcours difficile, elle a envie de travailler pour elle. Elle s'est prise de passion pour les arbres de son père, aime les travailler, les voir se transformer... La perspective de nous rejoindre lui permet de se réapproprier son avenir", confie Caroline.
Pour le couple, la retraite leur permet de se consacrer à plein temps à leurs arbres. En investissant les réseaux sociaux et les festivités locales, ils se sont créés un nom qui conforte Élise dans sa volonté de poursuivre l'aventure. "Les oliviers, c'est son père. Mais le moulin sera son aventure à elle", ajoute sa maman.
Car l'idée est effectivement de pouvoir maîtriser la production de A à Z, et d'installer un hangar qui puisse servir de moulin et de cave pour les quelques hectares de vignes qui appartiennent toujours à l'exploitation. Avec un fonctionnement optimisé, grâce à des panneaux solaires sur le toit évidemment !
Pleine de projets, Élise teste également la possibilité de réaliser des sirops apéritifs à destination des personnes ne buvant pas d'alcool, à base de tagète de Lemmon, anis ou encore basilic. "C'est une façon de maintenir une activité lors d'une période plus creuse pour les oliviers", confie sa mère. Des plants de badiane sont actuellement en cours de multiplication chez un ami pépiniériste...
En attendant, le couple continue sa production, tout en recevant avec grand plaisir les visiteurs.
Châteauneuf-du-Pape
courthézon
L'Isle-sur-la-Sorgue
Publiez facilement vos annonces légales dans toute la France.
Grâce à notre réseau de journaux partenaires.
Attestation immédiate, service 24h/24, 7 jours/7
Chaque semaine, retrouvez toute l'actualité de votre département, des infos techniques et pratiques pour vous accompagner au quotidien...
Découvrez toutes nos formulesInscrivez-vous GRATUITEMENT à nos newsletters pour ne rien rater de notre actualité !
S'abonner