C'est en 1995 que Christophe Chaumard, une fois ses études terminées, devient aide familial dans l'exploitation menée par son père, Yves. Vingt hectares sont consacrés à la vigne de cuve, tandis que les raisins sont apportés à la cave Canteperdrix. "La vigne, c'était déjà l'activité de mon grand-père", se souvient Christophe.

Deux ans plus tard, il prend officiellement le relais de son père. Mais il sent le vent tourner et la crise vinicole de 2002 confirme ses inquiétudes. "Depuis très longtemps, je m'intéressais à l'olive et à l'huile d'olive. Avec ma femme, Sophie, nous sommes descendus aux Baux-de-Provence, pour découvrir un beau moulin moderne. Ça a confirmé notre envie d'élargir la production de l'exploitation à l'olivier, tout en restant viticulteur."

En 2006, Christophe créé donc le moulin 'Le trésor des oliviers'. Il choisit d'investir dans des machines de fabrication italienne, modernes et avec une capacité de production importante. "Mon idée, c'était à la fois de faire de l'huile pour des clients, particuliers ou professionnels, mais aussi de faire ma propre huile." Car, en plus de son moulin, Christophe a planté six hectares d'oliviers. Dès la deuxième campagne, en 2007, Christophe et Sophie savent que le pari est gagnable : ils comptent 400 apporteurs, et produisent 6 000 litres d'huile.

Commerce virtuel et présentiel

Reste qu'il faut commercialiser cette huile : un volet du ressort de Sophie, qui commence par créer un site internet de e-commerce, www.capsurlessaveurs.fr, en 2007. Et, dès l'année suivante, c'est une petite boutique qui s'installe, juste à côté du moulin. On y trouve l'huile d'olive du 'Trésor des oliviers', les vins de Canteperdrix faits avec les vignes de Christophe, mais aussi divers produits dérivés de l'huile d'olive et de l'olivier : savon, objets en bois, etc. ...

Le succès est au rendez-vous et le travail porte ses fruits car, en juin 2009, l'olive d'olive fruité mûr du 'Trésor des oliviers' obtient la médaille d'or au Concours national des huiles d'olive, qui se tient chacun à Draguignan, dans le Var.

Une vendangeuse à olive

Mais Christophe Chaumard ne s'endort pas pour autant sur ses lauriers. Il modifie peu à peu ses vergers d'oliviers en les palissant et, avec l'aide de son père, transforme une machine à vendanger... en machine à récolter les olives ! "Ce ramassage machine me permet, quand le temps de la récolte est arrivé, de travailler efficacement, et de triturer dans la journée les olives que j'aurais récoltées le matin même. Et tout ça, tout en trouvant le temps de réceptionner mes apporteurs, en leur garantissant à eux aussi des délais courts."

Le moulin, lui aussi, évolue. En 2008, il s'équipe d'une chaudière pouvant utiliser les noyaux comme combustible, permettant ainsi de chauffer l'air et l'eau du moulin. Il améliore en permanence l'ensemble de la chaîne de production, met en place une récupération des margines - qui servent pour l'irrigation des oliviers - et des boues, utilisées dans le plan d'épandage.

Une activité multipliée par trois en 16 ans

"Aujourd'hui, nous avons quatre bacs de malaxage fermés, pour éviter l'oxydation, qui peuvent contenir chacun jusqu'à 600 kilos de pâte d'olive. Toute personne qui apporte 300 kilos d'olive peut ainsi être sûre d'avoir 'son' huile, fabriquée exclusivement avec les fruits de ses oliviers. Et la fluidité de notre chaîne de production me permet de donner aux apporteurs professionnels au maximum un rendez-vous dans les 48 heures."

Car, au fur et à mesure des années, la production et l'activité du moulin 'Trésor des oliviers' ont largement pris leur envol. Aujourd'hui, ce sont 1 200 apporteurs qui viennent chaque année. "La moitié d'entre eux sont des particuliers, l'autre moitié des professionnels, qui apprécient notre souplesse de travail", explique Christophe Chaumard.

De viticulteur à vigneron

Mais le succès de cette activité de moulinier et d'oléiculteur n'a pas pour autant coupé Christophe de l'activité historique de l'exploitation familiale. Et il a même choisi de devenir vigneron, et donc de vinifier lui-même son vin. "Nous avons une cave installée à Beaumes-de-Venise, où nous vinifions les vins du domaine que nous avons créé, le 'Domaine du pied faucon', du nom du petit chemin sur lequel se trouve l'exploitation. Nous commercialisons trois rouges, dont un beaumes-de-venise, et un rosé."

Et encore aujourd'hui, Christophe anticipe toujours l'avenir. "Nous avons planté deux hectares d'amandiers, afin de pouvoir proposer de l'amande sèche à la boutique, mais aussi pour élargir notre gamme de produits." Car l'olive connaît aussi, comme la vigne, ses années difficiles, telles que 2022. "Nous allons faire une demi-récolte, tout au plus, cette année. Et l'attaque de mouche du mois d'octobre fait que beaucoup d'olives ont été piquées. Mais si la quantité n'est pas là, la qualité des huiles qui sortent du moulin reste la même." Et, cerise sur le gâteau, le'Trésor des oliviers' cherche à embaucher, à l'année, pour assurer la réception et aider à la taille et à l'entretien des oliviers. Qu'on se le dise ! 

7 hectares d'oliviers, (soit environ 7 500 arbres palissés)

2 ha d'amandier

16 ha de vignes

Les bonnes années, la production varie entre 30 000 et 40 000 litres d'huile d'olive