Vaucluse 12/08/2016
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Cave Sylla : Bon pied bon œil malgré ses 90 ans !

La cave de Sylla, à Apt, est sortie de terre le 21 mars 1925. Pour fêter son 90e millésime, les coopérateurs d’aujourd’hui ont invité ceux d’hier ainsi que leurs amis et les touristes de passage samedi 6 août. Objectif : faire la fête et saluer le parcours des 98 agriculteurs qui avaient fait le pari de la mutualisation et de l’union il y a 91 ans… mais aussi se projeter vers l’avenir avec de nouveaux projets « ambitieux ».

Joël Bouscarle, le président de la cave de Sylla, a salué les quelques 800 personnes venues pour fêter le 90e millésime de la cave, à Apt, samedi 6 août. (© Jean-Luc Uyttendaele)

Une ambiance d’un soir d’été, ponctuée de rires, au son de quelques cigales, de notes de musique, de bruit de verre qui s’entrechoquent et de toast à gogo. La soirée d’anniversaire de la cave de Sylla, à Apt, samedi 6 août, restera gravée dans les mémoires des vignerons et des quelque 800 participants, « au bas mot, car à un moment on a arrêté de compter », lance le président de la cave, Joël Bouscarle. Un beau succès donc que cette soirée destinée à saluer l’engagement de pionniers, dont trois étaient encore présents ce soir-là : Lucien Estelle, André Piton et Henri Meritan. « Nous avions décidé d’inviter d’anciens coopérateurs. Trois, nés en 1921, 1925 et 1926 sont venus. Ce fut l’occasion de leur rendre hommage lors de la fête de son 90e millésime. »

Au menu de la soirée : une dégustation de vins de la coopérative dans une ambiance musicale, le discours du président puis un dîner déambulatoire et bon enfant auprès de quatre Food trucks, animé par l’orchestre ‘Les bandits manchots’ avant de terminer la soirée dans une ambiance DJ. « Nous sommes ici pour nous souvenir et nous projeter vers l’avenir », déclarait Joël Bouscarle dans son discours d’accueil.

Sortie de terre le 21 mars 1925.

Sylla est une entreprise coopérative qui regroupe aujourd’hui 113 vignerons « qui ont choisi de mettre leurs moyens en commun pour vinifier ensemble leur production. Cette production s’élève à plus de 7 millions de bouteilles, produites sur quelques 1000 hectares de vigne, réparties sur 14 communes du Pays d’Apt. Cette belle entreprise est dirigée par 14 administrateurs et animée par 20 collaborateurs », rappelait Joël Bouscarle dans son discours, avant de remonter le temps jusqu’au 21 mars 1925, date à laquelle 98 agriculteurs, « lassés par les vicissitudes des acheteurs de raisin, décident alors de vinifier eux-mêmes leur production ». Ils font le choix de l’union et de la mutualisation des coûts. « Nos prédécesseurs s’installent ici, du fait de la proximité de la voie ferrée. Eh oui, la logistique était déjà essentielle ! 1925, c’est loin… et si proche à la fois. »

En 91 ans, la cave aura connu de nombreux bouleversements, mais avec toujours cette volonté de se projeter vers l’avenir. C’est d’ailleurs dans cette optique que les récents travaux d’aménagements paysagers, qui s’achèveront avant les vendanges 2016, ont été lancés. Des aménagements « esthétiques et pratiques » sur la façade et les parkings, « pour canaliser la circulation et redonner un coup de jeune à notre structure et surtout, un vrai coup de beau et de propre à l’extérieur, pour mettre le contenant en conformité avec le contenu et le travail que nous faisons à l’intérieur ». Ainsi, la cave a travaillé sur son code couleur, revendiquant les couleurs blanc et lie de vin comme étendard. Elle a également repensé ses packaging et étiquettes « qui sortiront au fur et à mesure des cuvées du millésime 2015 », avec, comme fer de lance la une cuvée spéciale ‘90e millésime’ déclinée en 75 cl et magnum, en rouge ou rosé.

Poursuivant, Joël Bouscarle a également insisté sur ce qui ne se voyait pas forcément, en particulier le contrôle vignoble en amont « et le classement parcellaire qui permet de vinifier par qualité de raisin ».

Deux outils pour reconquérir le vignoble.

Mais surtout il est revenu sur LE chantier d’avenir : le foncier agricole et la reconquête de vignes perdues ou en désuétude. Deux outils seront utilisés par et pour les coopérateurs. D’une part, la démarche de vignoble participatif « pour ne pas laisser partir des terres viticoles’ et reconquérir des friches ». Lancée en juillet, cette démarche compte début août une trentaine de souscripteurs. Le principe ? Une part de 1000 € permet à des néophytes de devenir vignerons actionnaires du vignoble de Sylla. En retour, ils reçoivent une caisse de 6 bouteilles du haut-de-gamme de la cave par tranche de 1000 € une fois par an, et participent à la vie des coopérateurs, au vignoble et à la cave. « Nous donnons rendez-vous à nos souscripteurs avant le début des vendanges », annonçait d’ailleurs Joël Bouscarle.

Second outil : la SAS ‘Vignobles Sylla’, lancée le 3 mai dernier. La structure a pour vocation de récupérer les terres des vignerons coopérateurs sans repreneur et de les proposer en location. Cet outil collectif de gestion du vignoble a ouvert son capital en juillet. « Notre idée est de trouver des terres pour les louer à nos coopérateurs, et planter de nouveaux vignobles avec ces ressources, y compris celles du financement participatif. Les premiers retours sont prometteurs. Nous avons déjà planté 2 ha sur les 50 que nous souhaiterions atteindre d’ici 2020. Cela nous permet de regrouper autour de nous des personnes sensibles au vin et à la vigne, qui ne sont pas forcément vigneronnes mais qui veulent aller plus loin dans leur connaissance du vignoble. Cela nous permet également de récupérer du foncier que les propriétaires veulent voir intégrer dans un projet collectif. » Les statuts de la SAS sont en ligne sur le site de la cave (www.sylla.fr). « Le projet ambitieux est ambitieux mais nous voulons maintenir de l’attractivité touristique sur notre territoire, créer de l’emploi, en dynamisant l’insertion professionnelle notamment, et en pérennisant l’outil de production de nos 113 vignerons coopérateurs », concluait-il.

Céline Zambujo

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