PACA, Occitanie 14/04/2023
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assurance multirisqueclimatique

2023, année d'apprentissage

Depuis le 1er janvier dernier, le nouvel outil d'assurance multirisque climatique est disponible et commence à se déployer sur le terrain. Point sur l'arc méditerranéen, avec les deux premiers assureurs agricoles : Groupama Méditerranée et Pacifica, filiale dommages du Crédit Agricole.

Coups de chaleur, grêle, sécheresse, incendies... L'année 2022 a été très sinistrée. Et cette année, la sécheresse inquiète dangereusement.

© Crédit photo : Sophie Debove

"Il faut le reconnaître : aujourd'hui (début avril, ndlr), nous n'avons pas le choc assu- rantiel attendu par le ministère ou la profession, même si l'on peut considérer, dans l'inconscient collectif, que les agriculteurs s'interrogent sur l'évolution de ce nouvel outil qu'est l'assurance multirisque climatique (MRC)", pose d'entrée le président de Groupama Méditerranée, Nicolas Assemat. La structure est l'une des 13 agréées par le ministère et autorisées à proposer des contrats MRC, aux côtés notamment de Pacifica, filiale dommages de Crédit Agricole Assurances.

Au niveau national, les résultats sont loin d'être négligeables pour Groupama, qui voit ses surfaces brutes assurées augmenter de plus de 550 000 hectares dans toutes les filières. De son côté, Pacifica annonce "six fois plus d'affaires nouvelles que l'an dernier" au niveau national, soit "une croissance moyenne de 32 % du nombre d'assurés, qui va de + 16 % pour la viticulture à + 68 % pour les prairies", indique Guillaume Oreckin, directeur général de Pacifica.

Un nouvel outil à apprécier

Ceci dit, pas de désappointement du côté de Groupama Méditerranée : "C'est quand même logique : il faut que les agriculteurs apprécient ce nouvel instrument technique et comprennent comment il fonctionne. Pour nous qui avons vécu de semaines en semaines l'an dernier son évolution, auprès du ministère et du syndicalisme, son architecture est plus claire que pour les viticulteurs, arboriculteurs et maraîchers notamment, qui l'ont découvert il y a à peine quelques semaines, puisqu'il n'a été officiellement lancé que le 1er janvier dernier", complète Nicolas Assemat.

Dans les faits donc, 2023 va être "une année de rodage, d'apprentissage et de découverte", le facteur impactant étant sans doute de voir comment vont se dérouler les différentes campagnes cette année, en particulier vis-à-vis des aléas climatiques, "même si ce n'est en rien comparable à 2021, où la vigne notamment avait débourré bien plus tôt".

Au niveau national, Groupama enregistrait mi-mars 2 700 contrats souscrits depuis le début de l'année, pour plus de 270 000 hectares de prairies et près de 220 millions d'euros (M€) de capitaux assurés. "Au niveau de Groupama Méditerranée, nous sommes beaucoup moins présents sur les prairies. En viticulture en revanche, nous avons conforté notre assise là où nous sommes largement implantés ; et réalisé des souscriptions complémentaires là où nous sommes moins présents", souligne Nicolas Assemat, en attente des chiffres consolidés. "Mais nous pouvons d'ores et déjà dire que l'on sent une appétence et un intérêt certain des agriculteurs, qui font le tour, et c'est normal, des assureurs pour obtenir des devis."

Du côté du Crédit Agricole Alpes Provence, on reprend son souffle. "Nous avons organisé tout l'automne des réunions publiques pour présenter le dispositif. Aujourd'hui, nos devis et contrats sont réalisés à moitié sur deux filières : l'arboriculture et la viticulture, avec un taux de transformation en contrat que l'on peut considérer comme comparable à ce qui se fait au niveau national, bien qu'inférieur à ce que nous espérions. Nous devons donc continuer à travailler. Sur le terrain, beaucoup adoptent une situation d'attente, en quête de compléments avant de se positionner plus clairement", détaille Jean-François Lopez, responsable des 'Activités spécialisées - expertises' au Crédit Agricole Alpes Provence (CAAP). "Dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, nous avions - avant la réforme - un taux de couverture d'environ 40 % en viticulture", relance Norbert Nouguier, responsable 'Équipe commerciale assurances des professionnels et agriculteurs' du CAAP. "Et nous sommes agréablement surpris du retour terrain en viticulture, car nous continuions à croître, avec une valorisation du portefeuille viti d'environ 20 %, dont un tiers de nouveaux clients." Le marché a fait mouvement et prouve donc que ce nouvel outil a trouvé ses utilisateurs.

Des points d'amélioration

Alors que l'élaboration du principe de ce nouvel outil a été menée tambour battant l'an dernier1, cette année de mise en route permet d'identifier les points d'amélioration. "Pour rendre le système plus vertueux, il faudra sans doute améliorer deux points majeurs", soulève le président de Groupama Méditerranée.

Le premier porte sur la création d'un pool de réassureurs, "pour partager et équilibrer la prime technique sur l'ensemble des acteurs assurantiels". Celui-ci doit mettre en commun des données qui permettront à chaque exploitation de trouver une offre attractive. Ce groupement devrait être finalisé avant le mois de juillet, pour une mise en œuvre en 2024.

Le second point d'amélioration concerne la notion d'interlocuteur agréé, choisi par l'agriculteur non assuré pour qu'il évalue le taux de perte sur son exploitation. "Le 19 décembre dernier, l'État a fait savoir qu'il prenait la responsabilité de l'expertise pour les agriculteurs ne prenant pas de MRC. Or, on ne sait pas encore à combien cela va se chiffrer ; et on a besoin d'avoir des précisions sur le réseau d'experts qui interviendra pour qualifier ces sinistres climatiques : qui sont-ils ? Et avec quelles compétences. Aujourd'hui, ce choix politique et syndical, que l'on ne remet pas en cause, reste à préciser car, demain, dans tous les cas, il va falloir déterminer un interlocuteur agréé."

En complément, d'autres points d'amélioration seront également faits, à la marge et "variables, à déterminer en fonction des besoins des différents contrats et des différentes filières". Aujourd'hui, une base est établie pour les prairies, la viticulture, l'arboriculture et le maraîchage. Mais elle reste à détailler pour d'autres filières spécialisées, telles que les Plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM), l'horticulture, les pépinières, l'apiculture, l'ostréiculture, la pisciculture et l'héliciculture. "Il faut que nous parvenions à trouver un équilibre technique pour ensuite créer des options les plus protectrices, je pense notamment à l'arboriculture, afin d'avoir une notion de solidarité et d'universalité dans l'aide", résume Nicolas Assemat.

Enfin, concernant la décriée moyenne olympique, mise en avant en particulier par la FNPFruits lors de son congrès, en Arles, le 17 février dernier, le président de Groupama Méditerranée l'assure : "Aujourd'hui, cette moyenne olympique est régie par les Accords de Marrakech et l'OMC. Nous sommes assez à l'aise sur le sujet : si demain, la règle doit évoluer, nous nous adapterons. L'important est de trouver un équilibre économique derrière la notion de 'climat'".

Des barèmes pas en phase avec la réalité du terrain

Même constat sur les points d'amélioration, du côté du Crédit Agricole : "En arboriculture par exemple, nous n'avons pas du tout la même prime, avec des cotisations beaucoup plus importantes, qui peuvent freiner l'adhésion", explique Norbert Nouguier.

Enfin, contrairement au niveau national avec l'engouement pour l'outil 'prairie', localement, la MRC ne fait pas recette chez les producteurs de foin de Crau : "Le tarif niveau garantie ne correspond pas au chiffre d'affaires des éleveurs, car le barème voté au niveau national en Comité national de gestion des risques en agriculture n'est pas conforme à notre réalité. Sauf à créer une nouvelle catégorie 'foin de Crau'", on ne voit pas trop actuellement ce qui inciterait les producteurs à rejoindre le mouvement. De la même manière en arboriculture, notamment en bio, les producteurs attendent une évolution de l'architecture des contrats, avec un barème là aussi surévalué par rapport à la réalité de terrain. À titre d'exemple, il est de 1,30 €/kg pour la pomme bio, alors qu'actuellement, elle se vend aux alentours de 0,40 €/kg. "Nous avons fait remonter ces points de tension au niveau national avec nos collègues de Groupama Méditerranée, pour éviter de sur-assurer les clients pour qu'ils puissent prétendre aux subventions", détaille Jean-François Lopez.

Que ce soit Groupama Méditerranée ou Pacifica via le Crédit Agricole, tous en conviennent : l'année 2023 est une première année de mise en place d'une réforme qui a connu, lors de sa construction, plusieurs messages contradictoires qui ont pu mettre le doute, la réforme manquant de prévision, ce qui a entraîné une position d'attente. Aujourd'hui, les choses semblent plus stabilisées et la saison 2024, qui sera lancée par les assureurs au début de l'automne prochain - sera sans doute "plus efficace et sereine", anticipe Norbert Nouguier. De son côté Groupama a bon espoir d'augmenter de 30 % le nombre d'agriculteurs assurés dans toutes les filières.

Céline Zambujo •

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