Avec la création de Vignerons Coopérateurs Sud, la coopération viticole régionale ouvre un nouveau chapitre de son histoire. "C'est une nouvelle page à écrire ensemble", confirme Fabien Mistre, élu à la tête de la section viticole de La Coopération Agricole Sud le 4 mai dernier, pour un an, renouvelable sur une durée maximale de trois ans, dans le cadre d'une présidence tournante par département.

Un président de terrain

Le Varois devient ainsi le premier président de VC Sud. Et pour ce viticulteur de 44 ans, président de la cave des Vignerons de Correns depuis 18 ans, l'histoire commune en construction s'appuie déjà sur des bases solides. "Il y a de la cohésion entre les représentants des départements qui ont créé cette section. Au fur et à mesure des réunions de préparation de la fusion des fédérations des caves coopératives du Var et des Bouches-du-Rhône avec LCA Sud, élus et salariés ont appris à se connaître et partagent les valeurs fondamentales de solidarité et de proximité", apprécie-t-il.

Désormais, en tant que président des Vignerons Coopérateurs Sud, sa priorité est d'aller à la rencontre des caves et des vignerons de la région. "Avec Hélène Basset, directrice de VC Sud, on va dans tous les conseils d'administration qui le souhaitent pour présenter la structure et son fonctionnement. On est à disposition pour informer et échanger", s'engage-t-il. Pour le binôme, le lien au terrain est essentiel "pour être en prise avec les attentes des adhérents". "On a besoin de leur énergie et de leur ressenti pour les représenter et les défendre", insiste Fabien Mistre.

Des compétences et des services

Les antennes locales créées en lieu et place des fédérations départementales du Var et des Bouches-du-Rhône, seront aussi un relais entre le terrain et Vignerons Coopérateurs Sud. La mise en place des outils et des services est l'un des gros chantiers du moment. "Tout le monde prend ses marques, et on avance. Mais je sais déjà pouvoir compter sur les compétences et la réactivité des équipes", souligne Fabien Mistre. La section compte, pour l'heure, cinq salariés spécialisés dans la viticulture, issus des fédérations des caves coopératives du Var et des Bouches du Rhône, amenés à travailler de manière transversale avec les autres filières de la Coopération Agricole Sud sur des dossiers partagés.

"L'objectif, c'est de continuer à répondre au plus près des attentes des caves et d'innover dans les services rendus. Le juridique, le social, l'administratif, on sait faire. L'idée maintenant c'est d'affiner selon les besoins des territoires et d'être dans la prospective, pour identifier les outils qui aideront nos caves à prendre les bons tournants. Cette section n'est pas que la simple addition de fédérations départementales. Elle nous ouvre de nouveaux horizons sur des sujets communs essentiels, parmi lesquels l'économie, la communication, l'eau ou l'environnement", développe le vigneron.

Appel à cotisation et à union

Reste à consolider le budget de la section viticole. L'appel à cotisation est lancé. Celle-ci est fixée à 0,16 €/hl pour les IGP et les vins sans IG, 0,30 €/hl pour les AOP, auxquels s'ajoutent 2 € de frais à l'hectare pour tous. "On a travaillé sur une base prévisionnelle, mais ça peut évoluer selon le nombre d'adhérents. Plus nous serons nombreux, moins ça coûtera. C'est aussi une force du système coopératif", précise Fabien Mistre.

Si des caves des différents départements sont d'ores et déjà impliquées dans la vie de la section, le président des Vignerons Coopérateurs Sud, espère encore rallier la Fédération des caves coopératives du Vaucluse qui n'a, pour l'heure, pas souhaité intégrer la section. Et Fabien Mistre croit dans les vertus du dialogue. "On se parle et on doit se rencontrer prochainement. Politiquement, ce serait vraiment dommage de ne pas pouvoir construire l'avenir de VC Sud ensemble, car on a besoin les uns des autres pour être forts ", plaide-t-il.

Distillation : accompagner les caves

D'autant que les principaux départements viticoles de la région ont des chantiers syndicaux en commun, à commencer par celui de la distillation. "Une grosse partie de la demande concerne le Vaucluse, qui rencontre un problème de marché, mais il y a aussi des difficultés dans les Bouches-du-Rhône et le Var, où l'on est plus sur des problématiques produits", indique Hélène Basset à ce chapitre. "Les demandes doivent être faites avant le 5 juillet, alors qu'on ne connaîtra les taux de réfaction que fin juillet.  Il va aussi falloir organiser la récupération des volumes avant les vendanges pour une partie, après pour une autre. C'est complexe et VC Sud a un rôle important à jouer pour accompagner les caves, en termes d'information, de définition de stratégie, ou d'organisation", poursuit la directrice des Vignerons Coopérateurs Sud.

"C'est à mon sens un outil dont il ne faut pas se priver. Certaines caves sont en grande difficulté, d'autres ont rencontré des accidents de parcours, ou ont quelques fonds de cuve de 2020 ou 2021 qui n'ont pas trouvé preneur. Sans mettre trop de volumes en distillerie, l'intérêt est de faire suffisamment de place sur les marchés. Et Vignerons Coopérateurs Sud a pris la décision d'aider toutes les caves, adhérentes ou pas. On n'abandonnera personne", complète Fabien Mistre. "On commence dans le dur avec ce dossier et on saura répondre présent", ajoute-t-il, déterminé.

Accompagner les caves coopératives pour faire face aux nombreux défis et aux multiples évolutions que connaît la filière viticole régionale est justement la raison d'être de Vignerons Coopérateurs Sud. "Aujourd'hui, les conditions sont réunies pour faire du bon boulot au sein de la section et également au sein de La Coopération Agricole Sud. La viticulture est la première filière de la coopération régionale, il était plus que temps de travailler tous ensemble", conclut Fabien Mistre. Et le congrès des Vignerons Coopérateurs de France programmé dans le Var, en juin 2024, viendra marquer l'achèvement de cette étape importante.