Med'Agri est un lieu de rencontres entre les agriculteurs et toutes les composantes économiques agricoles de la région. Mais, cette année, la caisse de résonance va retentir bien au-delà des frontières provençales, avec la tenue du 65e congrès de Légumes de France, dans le prolongement du salon, les 20 et 21 octobre. Toute la filière maraîchère sera dans le jardin de la France pour faire un état des lieux de la situation économique de la filière, une filière qui, comme tous les autres pans économiques, vacille sous les coups de butoir de l'inflation et de l'augmentation des coûts énergétiques, des engrais, des emballages...

Pourtant, pas question de se mettre la tête dans le sable. "Med'Agri est un carrefour de rencontres et, cette année, vu le nombre de conférences et d'ateliers proposés, il y a énormément de choses à partager et à apprendre", notre André Bernard, président de la Chambre régionale d'agriculture, qui pilote le salon des agricultures méditerranéen. "Une fois de plus, les exposants viennent avec du matériel innovant, qui répond en partie au défi de l'adaptation au changement climatique, aux économies d'intrants, à la baisse de la pénibilité du travail. Il est important que chaque visiteur, élus, politiques présents puissent toucher du doigt et échanger avec leur promoteur", poursuit-il.

Le salon est également l'occasion de recevoir des personnalités et autres experts, pour leur présenter toute la richesse de l'agriculture méditerranéenne et les innovations qu'elle porte. "C'est aussi une sensibilisation générale au plan France 2030, qui va consacrer 56 millions d'euros d'argent public pour l'ensemble de l'économie, et la région doit y prendre toute sa place. Nous sommes, dans la filière, convaincus du rôle que nous avons à jouer. Mais nous devons l'expliquer et mettre en avant les travaux des partenaires de l'agriculture, pour arriver à entraîner une dynamique agricole nécessaire dans ces temps moroses", assène le président.

S'organiser au plan régional et interrégional

Alors certes, les temps sont maussades, voire anxiogènes. "Mais oui, les agriculteurs doivent venir pour s'informer, passer un moment, échanger dans la convivialité. Car Med'Agri est une vitrine de notre agriculture et nous devons valoriser le mouvement dynamique qui nous porte. Il faut que les acteurs, les paysans, les opérationnels le fasse vivre. À nous, les organisateurs, de faire venir jusqu'au plus haut niveau de l'État (le président de la Région et le ministre de l'Agriculture sont annoncés, ndlr)", poursuit le président de la Chambre régionale.

Rendez-vous d'affaires par excellence, à Med'Agri - adossé à aux 'Rendez-vous Tech&Bio' -, les exposants présenteront leurs solutions et services, tandis que les partenaires de la recherche et développement dévoileront les derniers résultats consolidés des stations d'expérimentation. "Je sais que nous sommes tous très inquiets de ce qui se passe du point de vue économique, mais cela ne nous exonère pas de regarder devant, d'identifier les moyens financiers et fiscaux qui doivent nous permettre d'aller vers la nouveauté, celle-là même qui va nous permettre d'atténuer l'effet du changement climatique, d'améliorer l'efficience de nos pratiques", poursuit l'élu, conscient que d'importantes échéances arrivent : France 2030, les négociations avec la Région Sud avec le Plan de développement durable, les discussions avec l'Agence de l'eau.

"Med'Agri est un carrefour de rencontres et, cette année,  il y a énormément de choses à partager et à apprendre."

"Il faut s'organiser au plan régional et interrégional pour ramener des moyens financiers, dans le but que notre agriculture méditerranéenne se développe, via des partenariats, des montages financiers, des ouvertures législatives dans des subventions. Med'Agri, c'est tout cela : un carrefour de convivialité, une vitrine, un moyen d'agiter le drapeau pour que les regards se tournent vers nous."

Attirer de jeunes talents

Regarder devant, c'est aussi attirer de nouveaux talents et s'adresser aux jeunes en phase de recherche d'orientation. Une fois encore, vitrine de l'agriculture méditerranéenne et forte de la richesse de ses filières, Med'Agri est un instantané montrant que les métiers agricoles ne peuvent se résumer à des bras et des fourches, mais qu'il est aussi fort de ses cerveaux et de mains agiles. "Il faut résolument lever le voile sur la richesse des métiers agricoles, et de tous ceux en train d'émerger : nos métiers ne sont pas plus pénibles que d'autres et proposent une palette extrêmement large."

Pour eux, des temps dédiés sont proposés, à l'image du Forum à l'installation, organisé mardi matin par les Jeunes agriculteurs de Vaucluse, mais aussi deux conférences, sur l'installation et la transmission.

Bâtir une réflexion globale sur l'énergie

Après un lancement réussi en 2018, une édition digitalisée en 2020 pour cause de pandémie, cette 3^e édition de Med'Agri passe un nouveau cap, avec la tenue du 65^e congrès de Légumes de France, qui donne encore du corps au salon, autour de deux thématiques on ne peut plus d'actualité : l'énergie (jeudi 20 après-midi) et l'inflation et le pouvoir d'achat (matinée du vendredi 21). Car désormais, de nombreux sujets majeurs s'interconnectent. Ainsi, la réforme de la Pac va-t-elle venir profondément modifier les stratégies des exploitations, déjà impactées par le changement climatique, la question de l'eau et son corollaire de développement des réseaux d'irrigation, sans compter le développement des énergies renouvelables, avec la question prégnante du photovoltaïque et de l'agrivoltaïsme, intimement mêlée à celle du foncier, sans compter la construction d'une filière de méthanisation. "Selon moi, la méthanisation est une solution à la réforme de la Pac, qui va imposer la mise en place de couverts végétaux. Pour un coût identique, autant faucher et valoriser ces couverts que de les broyer. Ils vont capter le carbone, produire de l'énergie, améliorer la fertilité du sol via le digestat. 80 % des producteurs-méthaniseurs sont depuis cinq à six ans des céréaliers, qui intègrent dans leur rotation des cultures intermédiaires à vocation énergétique. Elles fournissent le pollen aux abeilles, un refuge au gibier, ne nécessitent pas de traitement ni de fertilisant, et peuvent souscrire au label bas intrant... Il ne faut plus perdre de temps et prendre à bras-le-corps cette réflexion globale et la faire partager. Car c'est une solution pour accompagner les agriculteurs, au même titre que l'agrivoltaïsme, qui permet aux exploitants de protéger leurs cultures, d'amener un peu de fraîcheur en temps caniculaire, de mieux gérer l'eau... Il est grand temps d'avancer sur ces questions !", conclut André Bernard.