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pépinière viticole

"Faire face malgré tout !"

La Fédération française de la pépinière viticole vient de tenir son congrès annuel à Chamonix. Le dérèglement climatique est l'enjeu vers lequel converge tous les défis qu'elle doit relever. L'occasion de revenir avec son président, David Amblevert, sur la situation du secteur.

235 millions de plants ont été mis en œuvre en 2022, soit 227 millions de traditionnels et 8 millions de pots.

© Crédit photo : DR

Comment se porte le secteur des producteurs de plants viticoles en France aujourd'hui ?

David Amblevert : "Malheureusement, nos entreprises sont tributaires du contexte géopolitique actuel. Nous devons faire face à une hausse démesurée de nos coûts de production. Le prix de nos intrants s'envole, et nous avons aussi du mal à nous approvisionner. Pour notre secteur, les hausses sur les postes les plus importants se traduisent par une augmentation de 40 % sur nos cires, de 30 % sur nos paillages plastiques, ou encore de 40 % sur les emballages et cerclages. Les inquiétudes des pépiniéristes concernent aussi le prix de l'énergie. C'est durant les mois d'hiver que nos chambres froides auront besoin de fonctionner, mais l'on voit déjà arriver des hausses de 300 % avec des menaces de coupures ! Ce contexte inflationniste va naturellement engendrer une revalorisation sur le prix des plants. Toutefois, l'augmentation du prix ne doit pas être assimilée à une augmentation des marges. Surtout pas. Mais à notre volonté de continuer à greffer au printemps prochain. Autre poste clé en difficulté sur les exploitations de pépinières : celui de la main-d'œuvre. Nous cherchons à valoriser au mieux nos collaborateurs mais nous en manquons gravement, surtout des saisonniers. Récolter des porte-greffes sera de plus en plus compliqué. Et, d'un autre côté, nous connaissons des problèmes de renouvellement de génération dans la pépinière viticole. Malgré tout, nous devons faire face, renforcer notre bloc professionnel qui est déjà uni, pour que 2023 s'ouvre sous de meilleurs auspices. Ce sera en effet le 20e anniversaire de la FFPV qui se traduira par une année de communications et de rencontres professionnelles chargée."

Les intempéries à répétition du printemps dernier et la sécheresse de l'été ont aussi malmené les pépiniéristes. Quel bilan faites-vous de cette campagne ? 

D. A. : "Les conséquences climatologiques des gelées de printemps et des périodes de sécheresse ont été très fortes et vont engendrer des taux de récoltes sur nos vignes mères en baisse. On estime par exemple à 30 % de moins de récoltes de vignes mères à porte-greffe, si elles ne sont pas irriguées. La grêle nous a fait aussi beaucoup de mal : elle est responsable, cette année, de la perte ou de la destruction de 15 à 20 millions de plants sur lesquels nous n'avons aucune couverture assurantielle. Le dérèglement climatique était la thématique centrale de notre congrès à Chamonix. La pépinière en France ne représente que 800 hectares, mais nous avons une forte concentration densité par hectare (environ 300 000 pieds/ha, ndlr) et, de ce fait, une forte valeur ajoutée à l'hectare. C'est pourquoi nous demandons, au niveau fiscal, le déplafonnement de la déduction pour épargne de précaution. Nous souhaitons également que l'État puisse, dans le prochain Plan de relance, rendre éligibles des équipements de prévention et de protection de nos cultures. On se doit de travailler aussi avec la R&D, en étant accompagnés par l'État, parce que protéger physiquement et techniquement une pépinière, on ne sait pas faire. Il y a évidemment le volet assurantiel. Nous attendons le soutien des viticulteurs et des responsables viticoles sur ce point, et demandons à être rattachés à la viticulture dans le nouveau dispositif d'assurance, ce qui nous permettra, demain, de nous rapprocher des compagnies d'assurances. Car, aujourd'hui, nous sommes sur le bas-côté de la route."

La réglementation sanitaire en matière de lutte contre la flavescence a évolué l'année dernière en ce qui vous concerne. Comment les pépiniéristes se sont-ils adaptés ?

D. A. : "La réglementation a évolué, mais le nouvel arrêté n'est toujours pas paru. De plus, il est prévu - dans le cadre de l'évolution du zonage européen - des zones à enrayement de flavescence dorée, et non plus à éradication. Ce qui conduira vraisemblablement à une évolution des cahiers des charges, pour faire circuler les plants de vigne d'une zone à l'autre. Les conditions de circulation du matériel végétal vont être redéfinies et pourront engendrer des recours renforcés aux traitements à l'eau chaude. Les pépiniéristes doivent aujourd'hui appliquer aux entrées et sorties de bois de leur établissement un traitement de 50°C pendant 45 minutes, avec la possibilité de descendre à 48°C. FranceAgriMer souhaite minimiser cette température à 0,5°C degré en dessous de 50°C, soit à 49,5°C. Pour nous, cela signifierait que, pour ne jamais descendre sous une température de 49,5°C, il faudrait appliquer une consigne à 51°C au lieu de 50°C, sachant que le seuil de mortalité de la vigne est à 52°C. Nous ne voulons pas faire prendre ce risque majeur au matériel végétal, un risque qui serait de plus, au nom des restrictions énergétiques, une aberration. Nous attendons les résultats de la mission du CGAER, mais resterons très fermes sur cette position : il en va de la survie du végétal."

Pour répondre aux défis du changement climatique et environnemental, l'offre variétale sur les cépages doit s'étoffer. Où en est-on sur les cépages résistants ?

D. A. : "Concernant la multiplication des variétés résistantes dites Resdur de l'IFV-Inrae, quatre cépages ont été créés et agréés il y a cinq ans. Leur multiplication s'assure correctement, de façon soutenue, et nous parvenons à satisfaire la demande. Huit nouveaux cépages ont été agréés au mois de décembre 2021, mais dont, pour l'instant, nous ne pouvons assurer leur multiplication, faute de disponibilité de matériel initial par l'IFV pour les plants multiplicateurs. Les vignes mères doivent se mettre en place chez les pépiniéristes avant que nous puissions avoir les greffons pour les multiplier. Nous restons à l'écoute de l'IFV, pour trouver les voies d'amélioration. Et nous serons à l'heure pour multiplier les nouvelles variétés, dès lors que nous aurons les plants de base à implanter chez nous. Concernant les porte-greffes, on s'aperçoit que la demande dans les familles de porte-greffes évolue. Les viticulteurs nous demandent de plus en plus de matériels vigoureux et résistants à la sécheresse. Pour pallier les phénomènes climatiques marqués, en particulier par des conditions de stress hydriques démesurés cette année, la viticulture est clairement en recherche de vigueur. La pépinière renouvelle annuellement un certain pourcentage de ses vignes mères, de porte-greffes, de greffons, en l'adaptant à des nouveaux clones. Nous avons les porte-greffes pour répondre à cette demande. En revanche, nous ne savons pas quelle sera la demande l'année prochaine."

Vous avez adopté un plan de compétitivité l'année dernière : 'CAP 2030'. Quels sont les dossiers prioritaires sur lesquels vous avez commencé à travailler ? 

D. A. : "Notre programme 'CAP 2030' succédait à 'Pepi 20/20' où l'on a fortement investi sur l'amélioration de nos matériels, de nos équipements de production pour diminuer la pénibilité. Il nous faut à présent répondre à des enjeux environnementaux. Les lignes précédentes sont toutes maintenues, mais l'ambition de 'Cap 2030' est d'aller vers une pépinière performante et durable. Notre commission technique y travaille. Sur la gestion de nos déchets et leur valorisation notamment. Nous voulons avancer aussi sur des démarches de recherche d'une meilleure utilisation de la ressource en eau, avec des outils de précisions, plus performants, etc. Autre enjeu important auquel il nous faut répondre, celui de la certification des entreprises. Nous avons pourtant des craintes concernant le nouveau référentiel Haute valeur environnementale (HVE) : dans les critères retenus, au 1er janvier prochain, il va contraindre bon nombre de certifications d'entreprises pépinières vertueuses dans leurs démarches. Comptabiliser dans les Indices de fréquence de traitement (IFT) les insecticides obligatoires que nous utilisons pour lutter contre la flavescence dorée est incom- préhensible."

Comment mesurer vous le développement de la marque Vitipep's créée il y a quatre ans ? 

D. A. :"Son développement est une vraie satisfaction. Il y a eu une prise de conscience généralisée des pépiniéristes qui se sont vraiment impliqués. Vitipep's s'enrichit aujourd'hui au travers de formations et d'offres auprès des professionnels. C'est une marque qui prouve toutes les démarches de professionnalisation que nous avons entreprises depuis quelques temps à la FFPV, à savoir la traçabilité renforcée, la qualité sanitaire irréprochable de nos bois et plants, et le service que l'on peut apporter à la viticulture. À l'heure du désengagement progressif de FranceAgriMer sur sa mission de certification, Vitipep's a un sens tout particulier et continue plus que jamais de valoriser la production française." 

Propos recueillis par Emmanuel Delarue •

Les CHIFFRES clés-

La pépinière viticole en 2022

235 millions de plants ont été mis en œuvre en 2022, soit 227 millions de traditionnels et 8 millions de pots.

230 millions de plants ont été greffés pour 22 800 lots

Le secteur enregistre aussi sur l'année 794 professionnels contre 824 en 2021

Emmanuel Delarue •

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