Vaucluse 02/12/2022
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sessionde la chambre d'agriculture

"Entendez la voix" d'une agriculture en péril

Vendredi dernier, la préfète de Vaucluse, Violaine Demaret, participait à sa première session. Un rendez-vous marqué par la présentation d'un budget 2023 en déficit, et par l'interpellation d'alerte des JA et de la FDSEA de Vaucluse, à l'issue de la réunion.

La préfète de Vaucluse, Violaine Demaret, était attendue à la sortie de la session de la Chambre d'agriculture par un cortège d'agriculteurs, suite à l'appel de la FDSEA et de JA Vaucluse.

© Crédit photo : CZ

"Nous sommes nombreux à être inquiets et en colère. Nous avons fait un feu, non de joie mais de détresse. Entendez Madame la préfète la voix des jeunes agriculteurs, de leurs salariés, de leurs familles. Nous lançons un message d'alerte car demain, nous ne serons plus." À 17 h 30 vendredi dernier, c'est dans un silence tendu qu'Audrey Piazza, présidente des Jeunes agriculteurs de Vaucluse, aux côtés de Sophie Vache, présidente de la FDSEA, attendait Violaine Demaret, à la sortie de sa première session de la Chambre d'agriculture.

Alors que le feu de palettes crépitait encore sur le parking de la Chambre, la colère froide - mais contenue - des agriculteurs présents dans le hall était sensible, à l'image de leur prise de parole étranglée d'émotions. "Nous ne pouvons plus tailler, semer, embouteiller, transporter nos productions. Sans réelle inflexion, nous ne vous nourrirons plus. Nos exploitations sont exsangues, nos trésoreries inexistantes, alors que nous avons d'importants investissements à réaliser en début de parcours, et qu'il nous faut déjà lancer les prochaines campagnes. Cette souveraineté alimentaire est de la poudre aux yeux. Elle est belle dans les mots, mais nous, on crève la dalle. On vous demande à tous de remettre les pieds sur terre : nous demandons un vrai bouclier tarifaire énergétique, quelles que soient nos consommations. Nous demandons la mise en place d'aides directes de la MSA, sans attendre notre insolvabilité. Nous demandons l'application stricte de la loi Egalim. Nous demandons la mise en place d'un organisme de contrôle des organismes publics, semblable au fonctionnement de la police et la gendarmerie, pour que cesse le matraquage militant d'organismes" tels que l'OFB (Office français de la biodiversité), l'ONF, la Dreets (anciennement Inspection du travail, ndlr), poursuivait la présidente des JA, se faisant l'écho d'une autre manifestation qui se tenait le matin même, à Digne, à l'appel de la FRSEA et de la Fédération régionale ovine du Sud-Est. "Aujourd'hui, il y a le feu et urgence. Si rien ne bouge, on ne se laissera pas faire", concluait-elle.

"Être sûre que vous ne passez pas à côté des aides existantes"

Comme le rappelait un agriculteur avant que Violaine Demaret ne puisse répondre, "nous tenons ce discours depuis 30 ans et l'on craint que cela ne reste encore lettre morte. C'est de la folie, aujourd'hui on paie pour travailler. S'installer, c'est du suicide !". Poursuivant, Sophie Vache résumait la situation : "Vous avez bien compris que notre dignité n'a pas de prix. Il y a urgence aujourd'hui et beaucoup de lassitude de notre côté : on est sous l'eau, et il est vital que nous soyons rémunérés à la hauteur de notre travail. Les papiers et les contrôles, on n'en peut plus. Être tout le temps en train de se justifier et passer les trois quarts de notre temps à le faire, on n'en peut plus. Nous sommes exaspérés. On se tient, pour l'instant, et l'on vous dit gentiment que cela va mal." Sous-entendu, la machine est prête à exploser.

Posée, empathique et calme, Violaine Demaret ne s'est pas dérobée et est restée longtemps à échanger avec tous. "Je suis là pour écouter et faire remonter ce qui se passe dans le département, comme je l'ai fait suite à l'installation du comité mal-être en agriculture1. Ce n'est pas le lieu, ni le moment pour moi de débattre, il y a suffisamment de détresse. Je ne fais pas la loi, mais je suis pleinement consciente de l'impact du Covid, de l'inflation, de la guerre sur vos exploitations, et de ce que tout cela génère comme fortes incertitudes. L'État n'est ni sourd, ni aveugle. Ma préoccupation, c'est déjà d'être sûre que vous ne passiez pas à côté de ce qui existe, notamment sur les aides énergétiques."

Des propos qu'elle avait tenus quelques instants plus tôt, en clôture de sa première participation à la session de la Chambre, où elle avait notamment décliné trois sujets d'attention de ses services : l'énergie, l'eau et les dossiers phytosanitaires.

Des enjeux de santé publique documentés

La préfecture a en effet remis à la Chambre d'agriculture une synthèse listant toutes les aides activables sur le volet énergétique. Sur l'eau, la préfète a rappelé la tenue des États généraux de l'eau du Vaucluse, le 1er décembre (à lire dans notre prochaine édition, ndlr) et de "France 2030, un outil qui doit nous permettre d'avancer collectivement. Nous attendons vos projets pour vous mettre rapidement devant le pipeline financier".

Enfin, sur les phytosanitaires, elle a bien conscience des difficultés des filières en manque de matières actives, citant parmi d'autres cultures la cerise, le raisin ou la lavande. "Mais nous devons aussi tenir compte d'enjeux de santé publique documentés. La recherche, les travaux sont lancés. La question est de savoir comment l'on fait entre aujourd'hui et leurs arrivées dans les exploitations, pour ne pas perdre la richesse ces filières. Vous êtes entendus, le ministre de l'Agriculture est venu dans le département et est bien au fait des problématiques de terrain, n'en doutez pas." 

Céline Zambujo •

POUR ÊTRE précis-

Lancement d'un plan d'actions stratégique

En préambule de l'interpellation par les syndicats agricoles, la Chambre d'agriculture tenait session. Une session importante, car celle d'automne est traditionnellement réservée au vote du budget rectificatif 2022 et au budget initial 2023. Présenté par Emmanuel Olivari, son directeur, ce dernier prévoit un déficit de plus de 300 000 €, qui "explique la construction d'un plan d'actions dans les prochaines semaines, pour remettre la Chambre à l'équilibre d'ici trois ans".

Les raisons de ce déficit sont doubles : d'une part, l'augmentation du point d'indice et la hausse de l'énergie avec, en parallèle, des subventions de l'État (TATFNB notamment, qui n'a pas évolué depuis dix ans) en baisse de 100 000 €. "Nous allons regarder dès la semaine prochaine comment, action par action, nous pouvons améliorer ce que nous faisons. Et nous devrons sans doute prendre des décisions douloureuses, notamment sur des missions de service public autrefois gérées par l'État, que ce dernier nous a demandé d'assumer", expliquait Georgia Lambertin, présidente de la Chambre.

Céline Zambujo •

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